« À Paris, piétonnisons les rues pour sauver des vies »


En Île-de-France, la pollution atmosphérique est responsable de près de 1 décès sur 10. Ce n’est pas une fatalité : des milliers de cas d’AVC, d’asthme, de cancers ou d’hypertension artérielle pourraient être évités en agissant à la source pour réduire les émissions de polluants. Le 23 mars, la Ville de Paris organise une votation citoyenne sur la piétonnisation de 500 nouvelles rues. Avant le vote, nous tenons à rappeler les bienfaits des rues piétonnes pour la santé.

À Paris, les pollutions sonores et atmosphériques sont les deux premiers risques sanitaires environnementaux pour les habitants. Il s’agit d’un enjeu de santé publique majeur, d’autant que tous les publics ne sont pas à égalité. Ainsi, l’association Santé Environnement France soulignait dès 2011 que les enfants étaient particulièrement vulnérables à la pollution routière du fait de leur proximité avec les pots d’échappement tandis qu’une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) en 2024 montrait que les populations précaires restent les plus exposées.

« L’air que nous respirons ne devrait plus mettre notre santé en danger »

La piétonnisation est partie intégrante de la solution : la création de rues aux écoles a ainsi permis une diminution des émissions de dioxyde d’azote jusqu’à 30 % — un gain substantiel, alors que ces polluants sont particulièrement toxiques. De même, des études à Berlin ou à Londres ont mis en évidence des bénéfices majeurs de la réduction du trafic sur l’exposition des habitants au bruit.

Favoriser l’activité physique

Des politiques urbaines ambitieuses en termes de santé ne sauraient non plus ignorer l’enjeu de promouvoir l’activité physique. Ainsi, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) estime que la sédentarité est à l’origine de 38 000 décès par an. Pour la Fondation pour la recherche contre le cancer, le manque d’activité physique serait par exemple responsable de 18 à 20 % des cancers du côlon, 21 % des cancers du sein et 26 % de ceux de l’endomètre.

À cet égard, le rééquilibrage de l’espace public paraît essentiel pour favoriser les mobilités actives : à Madrid, la piétonnisation a par exemple poussé 46 % des habitants à marcher davantage. Par ailleurs, l’amélioration de la qualité de l’air permettrait de protéger les personnes ayant une activité sportive, davantage touchés par la pollution de l’air. Alors que les sportifs respirent jusqu’à dix fois plus d’air qu’une personne sédentaire, la totalité des terrains de sport en plein air de Paris sont exposés à des niveaux de pollution supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’air que nous respirons ne devrait plus mettre notre santé en danger. La pollution tue, le bruit urbain use nos organismes et la sédentarité nuit à notre bien-être. En repensant nos rues pour qu’elles soient plus respirables, plus sûres et plus agréables à vivre, nous faisons un choix essentiel : celui de faire de Paris une ville à vivre et de protéger la santé des Parisiennes et des Parisiens aujourd’hui et pour les générations à venir.


Les signataires de cette tribune : l’association Respire (Tony Renucci, directeur général), l’Association Santé Environnement France, Asef (Thomas Bourdrel, radiologue), Clean Cities Campaign (Clément Drognat Landré, coordinateur Clean Cities France) et l’Alliance des collectivités pour la qualité de l’air (Cécile Cénatiempo, présidente).

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