Greenpeace USA assommée par une amende de 665 millions de dollars


Des milliers de personnes, dont des autochtones de la réserve sioux de Standing Rock, marchaient, le 10 mars 2017, contre l’oléoduc Dakota access.

20 mars 2025 à 09h45

Mis à jour le 20 mars 2025 à 11h02

Durée de lecture : 3 minutes

Atlanta (États-Unis), correspondance

Greenpeace dénonçait une « procédure-bâillon » destinée à la faire taire et qui pouvait entraîner la faillite de sa branche étasunienne. L’ONG environnementale a été condamnée mercredi 19 mars, à Mandan, dans le Dakota du Nord, à payer plus de 665 millions de dollars (613 millions d’euros) de dommages et intérêts à Energy Transfer.

« La réalité, c’est qu’on ne peut pas mettre en faillite un mouvement », affirme Sushma Raman, directrice de Greenpeace USA. L’ONG a annoncé qu’elle ferait appel.

Le groupe énergétique l’accusait de diffamation et d’avoir orchestré les manifestations contre la construction de son pipeline Dakota Access — mis en service en 2017, il court sur 1 800 km. Des dizaines de milliers de manifestants avaient déferlé dans le Dakota du Nord en 2016 et 2017 pour soutenir les peuples des Premières Nations sioux de Standing Rock. Ils s’opposaient à la construction de l’oléoduc, dont un tronçon se trouvait à moins de 2 km de la réserve, arguant que celui-ci traverse des sites sacrés et menace la qualité de l’eau.

« On ne peut pas mettre en faillite un mouvement »

Des actions de désobéissance civile avaient eu lieu, ainsi que des affrontements violents avec des forces de sécurité publiques et privées. Des centaines de personnes avaient été arrêtées. Greenpeace s’était joint aux manifestations, comme d’autres groupes écologistes, et avait organisé des formations à la non-violence. Energy Transfer, lui, l’accusait d’avoir propagé des propos calomnieux et d’avoir été la figure de proue des mobilisations, ce qui nie l’ONG.

Trois entités de Greenpeace ont été jugées dans ce procès — Greenpeace International, Greenpeace USA, et Greenpeace Fund (une organisation qui offre de l’aide financière). Les trois ont été reconnues coupables de presque l’intégralité des chefs d’inculpation. Energy Transfer a qualifié la décision de « victoire » pour les « Américains qui comprennent la différence entre le droit à la liberté d’expression et une enfreinte à la loi », dans une déclaration faite à l’Associated Press.

Cette décision « devrait tous nous inquiéter »

L’ONG et d’autres organisations de défense des libertés individuelles s’inquiètent des implications de cette décision. « Cela va avoir des conséquences importantes pour l’avenir des manifestations pacifiques, que ce soit pour l’environnement et le climat ou d’autres questions liées à la démocratie, explique la directrice par intérim de Greenpeace USA, Sushma Raman. Cela devrait tous nous inquiéter. »

L’organisation environnementale dénonce une « procédure-bâillon », une stratégie juridique utilisée pour intimider individus, associations ou manifestants. « Cela va créer un précédent qui pourrait limiter la liberté d’expression pour les groupes climatiques et les autres ONG », s’inquiète la directrice du Center for Environment, Community & Equity, Dana R. Fisher, dans un post sur le réseau social Bluesky.

Le procès s’est déroulé dans un tribunal local, qui dépend des lois de l’État du Dakota du Nord. Trente-cinq États ont des lois contre les procédures-bâillons, mais pas le Dakota du Nord, précise l’organisme de défense de la liberté de la presse Reporters Committee for Freedom of the Press. Sushma Raman dénonce l’utilisation de telles procédures dites de strategic lawsuit against public participation (plaintes en justice stratégiques contre la participation du public) comme d’un « outil élaboré pour faire taire les critiques »

Le procès avait mal démarré pour l’ONG. Greenpeace avait demandé à qu’il se tienne ailleurs, dans une localité qui n’a pas été touchée par les manifestations. La justice avait débouté cette demande. Des tracts, dénonçant les manifestations anti-oléoduc, avaient même été envoyés chez certains habitants.

legende



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *