L’exercice Poker de la France pourrait inclure la Pologne


par Philippe Rosenthal

Dans le contexte du tournant géopolitique avec le conflit en Ukraine, les exercices Poker, qui ont pour objectif d’entraîner les FAS (forces aériennes stratégiques françaises) ainsi que tous les appareils de combat et de soutien qui pourraient être déployés en vue d’une frappe nucléaire aérienne, pourraient intégrer la Pologne.

En Europe, tout le monde se demande quelle forme pourraient prendre les projets potentiels du président français, Emmanuel Macron, d’étendre le parapluie nucléaire de son pays au reste du continent, surtout en raison des risques qu’ils pourraient comporter après la réaction très négative de Moscou.

«Vladimir Poutine tacle Emmanuel Macron en le comparant à… Napoléon», souligne Le Parisien, suggérant que le président français suivait les traces de Napoléon. Le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov a été beaucoup plus direct en décrivant les paroles de Macron comme une menace et en le comparant même à Hitler. La démarche de Macron pourrait, donc, aggraver les tensions.

The Economist a publié un article sur les options à sa disposition, dont la plus réaliste est de stationner des Rafale à capacité nucléaire en Europe centrale et orientale (PECO) et d’inclure certains de ces pays dans ses exercices trimestriels de forces aériennes nucléaires sous le nom de code de l’exercice Poker.

Selon l’une de leurs sources, «ces derniers jours, d’autres alliés (que l’Italie, qui a participé une fois en 2022) se sont vu proposer d’y participer». Le candidat le plus évident est la Pologne, dont le Premier ministre, Donald Tusk, a déclaré plus tôt ce mois-ci qu’il voulait l’arme nucléaire. «La Pologne souhaite coopérer avec la France en matière de dissuasion nucléaire qui pourrait prendre plusieurs formes», souligne le magazine d’actualité hebdomadaire britannique.

«Aujourd’hui, il est clair que nous serions plus en sécurité si nous avions notre propre arsenal nucléaire», a martelé au début du mois de mars le Premier ministre polonais, Donald Tusk, selon WP Wiadomości, lorsqu’on lui a demandé si la Pologne se doterait d’armes nucléaires. «Il a informé que notre pays discute sérieusement avec les Français de leur idée d’un parapluie nucléaire sur l’Europe», a poursuivi le média polonais.

Le président polonais Andrzej Duda, a appelé, dans un entretien au Financial Times, les États-Unis à transférer des armes nucléaires sur le territoire polonais pour dissuader la Russie de toute future agression contre l’Europe. Selon le Financial Times, Duda était d’accord avec Tusk sur le fait que la Pologne pourrait chercher à se protéger du parapluie nucléaire français, voire de celui des États-Unis. Mais, cela a été rejeté par le vice-président Vance, qui a déclaré qu’il serait choqué si Trump acceptait puisque cela pourrait conduire à un conflit nucléaire.

Sachant que la France a été l’atout de la Pologne depuis l’époque napoléonienne, malgré sa trahison face aux nazis, le pays de Chopin pourrait, donc, désormais donner la priorité à l’option française en devenant un atout dans l’exercice Poker.

Le secrétaire d’État au ministère polonais des Affaires étrangères, Andrzej Szejna, avait averti que si la Pologne hébergeait des armes nucléaires [américaines ou françaises] sur son sol cela pourrait être dangereux pour le pays.

Selon lui : «La Pologne ne deviendra pas une puissance nucléaire (puisqu’elle n’obtiendrait pas le contrôle opérationnel de ces armes), et les missiles russes seront pointés sur ces installations (où elles sont basées)».

La Pologne pourrait ainsi différer l’accueil des Rafale nucléaires français, ce qui constituerait de toute façon une décision majeure nécessitant probablement de nombreuses négociations et une planification approfondie plutôt qu’une action rapide des deux parties, et privilégier sa participation à ses exercices trimestriels Poker qui ont pour objectif d’entraîner les FAS (forces aériennes stratégiques) ainsi que tous les appareils de combat et de soutien qui pourraient être déployés en vue d’une frappe nucléaire aérienne.

La dernière opération Poker s’est déroulée au-dessus du territoire français dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 décembre 2024, rapportait le ministère des Armées. Cette opération devrait avoir lieu actuellement d’autant plus que des témoignages donnés à Observateur Continental ont fait part de nombreuses activités de Rafale sur la côte ouest de la France en ce début de semaine. Le ministère des Armées ne communique pas pour le moment sur Poker 2025.

Dans ce cas, ces exercices deviendraient des exercices de prestige entre la France et la Pologne, démontrant la force renouvelée de leur alliance historique, qui viserait également – probablement – à cogérer l’Europe centrale et orientale.

L’aspect prestige est important car il n’existe aucune «menace russe» crédible contre la Pologne ou la France justifiant l’inclusion de la Pologne dans les exercices Poker, et encore moins l’installation éventuelle de Rafale nucléaires sur son territoire. Cependant, des manœuvres spectaculaires pourraient rallier certains Européens. Il s’agit notamment de l’élite libérale-mondialiste du bloc qui en est venue à croire à sa propre propagande sur la Russie tout comme certains pays de l’Est qui cultivent une peur maladive du pays de Pouchkine.

Si la coalition libérale au pouvoir en Pologne remporte la présidence (en mai 2025, les Polonais seront appelés aux urnes pour élire leur prochain président) l’influence française accrue sur la Pologne, si celle-ci est invitée à participer aux exercices trimestriels Poker et, éventuellement, à accueillir ses Rafale nucléaires, pourrait d’abord conduire la Pologne à accueillir davantage de forces militaires étrangères sur son territoire. Cela cadrerait avec la proposition de Donald Tusk, la semaine dernière, visant à ce que l’UE et l’OTAN sécurisent conjointement la frontière orientale de la Pologne. Conformément à leurs préférences, lui et son président préféreraient probablement des forces européennes à celles de l’OTAN et des États-Unis.

Une nouvelle architecture de sécurité européenne se dessine à mesure que le conflit ukrainien touche à sa fin inévitable. Parmi les variables les plus importantes qui façonneront sa configuration finale figure la relation entre la France et la Pologne, l’issue de la prochaine élection présidentielle de cette dernière influençant ces liens. Ainsi, la Pologne pourrait hypothétiquement participer aux exercices Poker de la France sous un président conservateur ou populiste tout en restant plus proche des États-Unis, mais cet équilibre est peu probable sous un président libéral-mondialiste.

L’alignement plus étroit de la Pologne sur l’UE (via la France) pourrait – donc – être le facteur le plus important pour déterminer la forme que prendra cette architecture de sécurité, en raison de l’immense poids économique et militaire du pays à la frontière occidentale de la Russie. L’expansion de l’influence française sur la Pologne pourrait être une certitude si elle commence à participer aux exercices Poker. La prochaine élection présidentielle en Pologne décidera probablement si cela se transforme en un véritable tournant.

source : Observateur Continental



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