Qui l’aurait imaginé : le Canada, ce bon élève occidental, ami des États-Unis et disciple zélé du WEF, se retrouve coincé entre le marteau des tarifs douaniers made in USA et l’enclume des représailles chinoises. Face aux taxes canadiennes sur ses véhicules électriques, Pékin a appliqué un taux de 100% de droits de douane sur l’huile de canola et ses dérivés. La même mesure cible aussi les oléagineux et les pois. La réponse forte de la Chine suscite l’inquiétude des agriculteurs canadiens, qui craignent un “effet dévastateur”.
Si les relations entre Ottawa et Pékin sont déjà tendues depuis de nombreuses années, alimentées par la crise Huawei, l’arrestation de sa directrice financière Meng Wanzhou et l’incarcération de deux Canadiens en Chine, la riposte chinoise intervient au pire moment pour le Canada.
Le Canada en crise avec ses deux principaux acheteurs
En août dernier, ce pays infligeait une surtaxe de 100% aux véhicules électriques chinois. Le cabinet de Justin Trudeau, désormais ex-Premier ministre, emboîtait le pas à l’administration Biden, qui avait appliqué le même mois des augmentations significatives des tarifs douaniers, sur les véhicules électriques, sur les panneaux solaires, les semi-conducteurs ainsi que sur l’acier et l’aluminium. Le Canada appliquait aussi la même surtaxe de 25% sur les mêmes matériaux. Le ministère chinois du Commerce avait alors dénoncé des taxes qui “portaient atteinte aux entreprises chinoises”.
La réplique chinoise était inévitable. En réponse à Ottawa, Pékin a annoncé 100% de droits de douanes supplémentaires sur l’huile de canola et ses dérivés. La mesure cible de surcroît les tourteaux d’oléagineux et les pois importés du Canada, qui doit aussi faire face à des droits ciblant une cinquantaine de produits de la mer, le porc et la viande porcine.
Autant d’industries qui exportent massivement vers la Chine, d’autant plus que le Canada est l’un des principaux producteurs de canola, plante utilisée pour l’huile de cuisson et l’alimentation animale. “Les nouveaux droits de douane imposés par la Chine sur l’huile et le tourteau de canola canadiens auront un effet dévastateur sur les producteurs de canola et sur l’ensemble de la chaîne de valeur, dans un contexte d’incertitude commerciale et géopolitique accrue”, a déploré Chris Davison, président du Conseil canadien du canola, qui “demande instamment au gouvernement fédéral de travailler immédiatement avec la Chine afin de résoudre ce problème”.
Pékin est justement le deuxième plus gros acheteur de l’huile de canola et ses dérivés. Le premier n’est autre que le voisin du Canada, à savoir les États-Unis. Et les relations avec Washington ne sont pas non plus rassurantes pour Ottawa, qui risque de voir plusieurs de ses provinces comme le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta, où l’agriculture est l’un des principaux secteurs économiques.
Depuis le retour de Donald Trump à la présidence, les relations commerciales entre les États-Unis et le Canada ont pris un tournant particulièrement conflictuel. Les surtaxes douanières imposées par l’administration américaine ont intensifié les tensions, plongeant les deux voisins dans une véritable guerre commerciale.
“Un péril existentiel”
Le 1er février 2025, Trump a signé un décret imposant un tarif général de 25% sur toutes les marchandises en provenance du Canada, accompagné d’une surtaxe spécifique de 10% sur les exportations énergétiques canadiennes, comme le pétrole et le gaz naturel.
Quelques semaines plus tard, le 12 mars 2025, Trump a étendu ces surtaxes aux importations d’acier et d’aluminium canadiens, augmentant les droits de douane à 25% pour les deux métaux. Ces nouvelles taxes sont entrées en vigueur malgré une menace initiale de doubler ces taux à 50%, menace finalement retirée après des discussions avec le Canada.
Face à cette offensive commerciale, Ottawa a répliqué avec des droits de douane de 25% sur des produits américains d’une valeur totale de 29,8 milliards de dollars canadiens. Ces mesures ciblent des secteurs stratégiques comme l’agriculture et l’industrie manufacturière américaine. En parallèle, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé une surcharge de 25% sur les exportations d’électricité vers certains États américains (Michigan, Minnesota et New York), en représailles aux tarifs imposés par Washington. Cette surcharge a toutefois été suspendue après que Trump ait retiré sa menace de doubler les taxes sur les métaux canadiens.
75% des exportations du Canada, qui se retrouve pris en étau entre ses deux principaux clients, dépendent du marché américain. Selon la Chambre de commerce du Canada, le PIB canadien pourrait chuter de 2,6%, tandis que celui des États-Unis pourrait reculer de 1,6%.
Des tensions alimentées par les provocations de Donald Trump, qui ne cesse de suggérer que le Canada devienne le « 51e État américain » et Justin Trudeau son gouverneur. Ce dernier a fini par céder son poste de Premier ministre au profit Mark Carney, qui a affirmé qu’Ottawa « ne fera jamais, jamais, de quelque manière que ce soit, partie des États-Unis ». Il a catégoriquement rejeté les suggestions Trump tout en promettant une “victoire” du Canada face aux pression de Washington, “un péril existentiel”.