Les dessous pas très propres de l’AFD – partie 2 : le détournement de pouvoir ou de fonds?


Résumé : L’enquête sur l’Agence Française de Développement (AFD) révèle une gestion opaque et dispendieuse, marquée par un siège parisien surdimensionné de 920 millions d’euros (18 500 €/m², bien au-dessus du marché), critiqué comme inutile et anti-écologique, malgré les engagements de l’Accord de Paris. Les salaires des 2 650 employés ont grimpé à 84 000 € annuels en 2023 (+12 % depuis 2021), dépassant largement les moyennes régionales. les projets font montre de mécanismes opaques avec des détournements possibles : L’AFD finance des « avant-projets » coûteux sans résultats concrets, des contrats de désendettement (C2D) effaçant des dettes au détriment des contribuables français, des intermédiaires incompétents et des commissions nombreuses et potentiellement occultes aggravent les dérives, suggérant que les dirigeants en aient connaissance ou qu’ils soient complicité sous diverses formes. Par exemple à Madagascar, avec le téléphérique d’Antananarivo (152 millions d’euros), le stade de Tananarive (77 millions de dollars, inondé et inutilisable) ou la voie express Antananarivo-Toamasina (1,3 milliard de dollars pour 80 km sur 260), qui sont coûteux, mal conçus et potentiellement détournés, avec des intermédiaires douteux.

Sous couvert de vernis : le manque de transparence. Une demande de transparence de France-Soir du 22 février 2025 reste sans réponse un mois plus tard, l’AFD renvoyant à des délais administratifs (CADA), ce qui contraste avec ses engagements publics de clarté.

En synthèse : l’enquête met à jour une gestion dispendieuse et opaque de l’AFD, avec des projets immobiliers et internationaux coûteux, mal conçus ou détournés, financés par les contribuables français, sous la direction de Rémy Rioux, accusé de privilégier prestige et réseaux au détriment de l’intérêt public et du développement durable. Un audit plus approfondi est nécessaire notamment avec les chiffres, encore faut-il que l’AFD les donne ou que la CADA confirme la demande.

 

Partie 2 – Le détournement de pouvoir ou de fonds (Partie 1 : le financement)

Cette enquête est extrêmement compliquée, tant il y a pléthore d’intervenants plus ou moins identifiables, et des financements peu lisibles. Des financements rendus très difficilement lisibles par une comptabilité « synthétisée », comme les « global leaders » en ont le secret. Un secret que les « initiés » se gardent bien de révéler. Y compris à l’intérieur de leurs propres cercles. Ceux où logent les véritables décideurs, ces hommes et ces femmes qui soumettent l’accession aux secrets aux « initiés » de rangs subalternes, afin qu’ils aient la faculté de décoder les artifices symboliques et métaphoriques utilisés (1). Secrets réservés aux initiés qui le méritent. Les artifices présents dans la version brute (accessible à tout le monde), qui permettent d’accéder à la version qui est donc ainsi réservée uniquement aux initiés capables d’y accéder.

(ndlr: (1) le visible et l’invisible, le haut et le bas, le Ciel et la Terre, etc. : la dualité ésotérique et métaphorique du langage des oiseaux)

Toutefois, cette méthode a une faille : une fois « le code source » décelé, craqué, il suffit pour accéder à tous des secrets des membres de la Cabale de réfléchir selon la logique hégémonique et expansionniste de la cathédrale du Mal, à moins de se conférer au conseil de Rocard de « toujours privilégier la connerie au complot ».

Alors, allez : profanons ! Glissons-nous à l’intérieur de l’édifice sacré. L’édifice interdit. L’univers obscur de l’Agence Française de Développement (AFD).

 

Un projet de bureau surdimensionné que la Cour des comptes ne voudra même pas analyser

En guise de mise en bouche, observer la stratégie immobilière de ces sociétés permet toujours de comprendre s’ils s’appliquent les principes qui devraient l’être. Voilà le nouveau siège de l’AFD : un investissement de 920 millions d’euros pour 50 000 m2 !

AFD bureau

Crédit AFD 

En 2021, le Conseil de l’Immobilier de l’État s’interroge : « quant à l’adéquation entre le projet immobilier fort ambitieux et notoirement surdimensionné et la situation de l’Agence » et ajoute qu’une expertise « doit impérativement être conduite à l’aune des nouvelles modalités de travail, des incidences de la crise COVID et des tendances du marché tertiaire en Île-de-France ». Enfin, le CIE invite « l’Agence à une grande prudence concernant les négociations en cours avec le promoteur et les adaptations du projet qui sont demandées, au risque d’une requalification de la VEFA. »

Devant ce « surdimensionnement » en période de forte augmentation de l’endettement national, en 2023, la plateforme citoyenne de la Cour des comptes (PCCCRTC) avait demandé à la Cour de Comptes d’examiner le bien-fondé de cette opération, expliquant qu’en termes de bonne gestion des deniers publics, l’investissement de l’AFD soulève plusieurs questions : 

  1. le prix de revient des bureaux – 18 500 € le m2 – semble très au-dessus du marché. À titre de comparaison, au moment où l’AFD signait sa VEFA, l’immeuble Natixis, situé à 300 m du projet A7A8, était cédé pour 11 881 €/ m².
  2. l’AFD avait une alternative sensiblement moins coûteuse à Saint-Ouen, qui plus est conforme aux politiques de déconcentration des administrations publiques (voir avis du CIE)
  3. le choix d’une mono-localisation plutôt que de conserver les bureaux actuels n’a fait l’objet d’aucune évaluation socio-économique (voir avis du CIE)
  4. les surfaces achetées excèdent très largement les besoins de l’AFD, selon la commission des finances du Sénat, ce que les tutelles ne contestent pas. L’AFD devra donc louer ou revendre les surfaces excédentaires, se faisant ainsi marchand de biens, ce qui ne rentre nullement dans ses missions statutaires.
  5. le choix d’un bien à construire plutôt que de bureaux existants est en contradiction avec l’engagement stratégique de l’AFD d’être 100 % Accord de Paris, sachant que la construction représente 60 % des émissions GES d’un bâtiment.

La Cour des comptes répondra par la négative à la demande d’examen. Le point 5 est pourtant en totale contradiction avec les engagements pris par l’AFD suite aux Accords de Paris. Cela ressemble étrangement aux engagements pris en Chine et au Sénégal pour des investissements dans des centrales au charbon ! Alors, soit les accords de Paris ne sont pas réalistes, ce qui expliquerait la sortie de certains pays de ces engagements et, à ce titre, l’AFD est précurseur en ne les respectant pas. Soit l’AFD écrit vouloir respecter les Accords de Paris dans ses rapports, pour faire joli, mais dans la réalité du terrain ne s’en préoccupe pas le moins du monde. Des proches de son président Rémy Rioux diront : « il ne recule devant rien pour être considéré comme un des grands financiers » «  à commencer par jouer avec l’argent du contribuable dont il se sert pour assouvir ses désirs de puissance financière. L’AFD a bien changé depuis son arrivée et la plupart des historiques n’attendent que de partir à la retraite ».  

 

L’AFD très généreuse avec ses collaborateurs avec l’argent du contribuable

À l’heure du télétravail, 21 m2 par personne était la surface réservée à une base d’employés estimée en hausse. En 2020, l’AFD comptait 2.500 salariés et estimait que son nombre de collaborateurs augmenterait à 2.855 en 2025, soit une augmentation de 16 %. À ce jour, en 2025, l’AFD annonce sur son site avoir 2650 collaborateurs. Elle en a 205 de moins, et à 21 m2 par personne, cela représente une erreur de dimension de l’ordre de 80 millions d’euros (205 salariés x 21 m2 x 18 500 euros le m2). Cette gestion interpelle. Surtout pour une AFD qui se targue d’être efficace.

AFD pourquoi choisir

 

Cependant, le rapport annuel de 2023 apporte quelques informations supplémentaires quant à la générosité de l’AFD.  Le salaire annuel moyen a évolué de 74 900 euros en 2021 à 84 000 euros 2023. Soit une augmentation de 5,9 % par an

AFD rémunération

 

Alors que l’INSEE établit qu’un recul de l’évolution des salaires nets moyen dans le privé entre 2021 et 2024, l’AFD voit les rémunérations de ses salariés augmenter de 12 %.

AFD insee

De plus, le salaire moyen brut en région parisienne est de 41 568 euros en 2023, et celui des cadres 65 640 euros. Les salaires bruts à l’AFD en 2023 sont donc respectivement 102 % et 28 % plus élevés que ceux des salariés et des cadres d’Île-de-France. Il fait bon travailler à l’AFD. Le Figaro Emploi le rapporte : « 6 600 euros par mois, c’est le salaire moyen dans cet établissement public méconnu » avec un faible taux de turnover 6,1 % versus 15 % en moyenne en France, favorisé par les avantages sociaux des EPIC (Établissements Publics Industriels et Commerciaux)

 

Revenons à ce fameux édifice qu’est l’AFD en elle-même

Cela demande de l’attention et de la concentration. Car chaque morceau du puzzle est lui-même une affaire à part entière, et chaque affaire s’imbrique dans une autre, cela tant pour ce qui concerne la forme (juridique en l’occurrence) que s’agissant des faits. Les éléments factuels qui matérialisent spécifiquement chaque morceau comporté par ce puzzle géant qu’est l’AFD. Une personne qui a travaillé à l’AFD pendant plus de 20 ans évoque ce puzzle :

« j’ai vu beaucoup de changements à l’AFD, mais le vrai changement est arrivé sous Sarkozy où l’AFD a commencé à perdre ses racines et à devenir un organisme non plus de développement, mais où se côtoient des requins de la finance, des opportunistes dirigés par une idéologie mondialiste et ont commencé à faire un usage malsain de cet outil. Cela a commencé à changer avec Sarkozy ».

Un peu d’histoire pour commencer. « Code source oblige », puisque, quel que soit le sujet, pour comprendre le présent, il faut connaître le tout début de l’histoire.

 

Un peu d’histoire : qui a donné à l’AFD la forme qu’elle avait à l’origine ?

Un certain Charles de Gaulle, en 1941, lorsqu’il était réfugié à Londres. L’AFD originelle servait de banque centrale de développement des territoires ralliés. Elle s’appelait alors la « Caisse centrale de la France libre » (CCFL) et fut créée par l’ordonnance du 2 décembre 1941. Ses rôles principaux étaient l’émission monétaire, le Trésor public et le contrôle des changes du Gouvernement du général de Gaulle et des territoires ultramarins ralliés à la CFLN.

L’ordonnance du 2 février 1944 change son nom en « Caisse centrale de la France d’Outre-mer » (CCFOM). Comme son nom l’indique, sa compétence devint là limitée aux territoires d’Outre-mer, le trésor central étant assuré par la Trésorerie générale d’Alger. Dans la lignée de la conférence de Brazzaville (6 février 1944), la CCFOM s’oriente peu à peu vers une banque de développement.

La loi n° 46-860 du 30 avril 1946 institue d’ailleurs le Fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’outre-mer (FIDES), et met en place des plans pluriannuels d’équipement et de développement. Le FIDES était également compétent pour les départements d’Outre-mer que devinrent la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion.

Officiellement, la Caisse centrale de la France d’Outre-mer a trois missions :

  • gérer les fonds publics ;
  • assurer la création de sociétés d’État et d’économie mixte ;
  • et jouer le rôle d’une banque de développement.

En 1952, un fonds distinct est créé pour les DOM, le Fonds d’investissement des départements d’outre-mer (FIDOM). Entre 1955 et 1959, la Caisse centrale abandonne ses fonctions d’institut d’émission monétaire.

France-Soir 1958

 

Et, à la suite du référendum du 28 septembre 1958 qui instaure une communauté française d’États autonomes, les statuts de la CCFOM sont modifiés par l’ordonnance du 30 décembre 1958. Celle-ci devient la « Caisse centrale de coopération économique » (CCCE), établissement public et institution financière spécialisée, destinée à jouer le rôle de banque de développement pour les États de la fédération. Le Fonds d’aide et de coopération (FAC) remplace alors le FIDES pour les États autonomes de la Communauté, et officie auprès du secrétariat d’État pour les relations avec les États de la Communauté, qui lui-même devient ministère de la Coopération en 1961.

La Caisse centrale continue de gérer des fonds publics : le FIDOM dans les DOM, le FIDES dans les TOM, et le FAC dans les États africains et malgaches, au départ, puis dans d’autres pays d’Asie, du Moyen-Orient, des Caraïbes et du Pacifique. La Caisse centrale de la France d’Outre-mer devient aussi l’intermédiaire du Fonds européen de développement, de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE), du Trésor français et de l’office des changes pour l’Afrique et Madagascar. Et en 1968, elle fusionne avec la Caisse d’équipement pour le développement de l’Algérie (CEDA).

Le décret n° 92-1176 du 30 octobre 1992 change son nom et son statut. La Caisse centrale de la France d’Outre-mer devient la « Caisse française de développement » (CFD), et devient un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière. Elle a pour priorités le développement urbain, un développement rural basé sur la participation des paysans, le rôle accru du secteur privé, la reconstruction des systèmes financiers et la défense de l’environnement.

Enfin (dernière modification statutaire), dans le cadre de la réforme « de la coopération » le décret n°98-294 du 17 avril 1998 transforme la Caisse centrale de la France d’Outre-mer en « Agence française de développement » (AFD), et la fait passer sous tutelle du ministère de l’Économie et du ministère des Affaires étrangères. Et, toujours d’après la version officielle, l’AFD poursuit ses actions d’appui à la croissance et de réduction de la pauvreté dans les pays en développement.

 

Mais, qu’en est-il véritablement ?

Dans les faits, quelle est l’utilisation faite par l’AFD, des quelque 12,5 milliards d’euros de budget annuel qu’elle a, et de ses 68 milliards d’euros d’engagement ? Une pratique semble s’être installée depuis l’origine. Expliquons.

En 1944, à savoir tandis qu’elle s’appelait encore la « Caisse centrale de la France d’Outre-mer », l’AFD a ouvert sa toute première agence. Ce fut à Brazzaville.

La CCFOM est l’émanation du Comité de « l’Empire Français », un Empire Français, lui-même issu du Comité d’Indochine et de l’Institut colonial français. Ce Comité et cet Institut, eux, sont issus de l’Union coloniale Française, qui elle-même est issue du « Comptoir National d’escompte », organe qui au départ (1893) se nomme très exactement Union générale des intérêts coloniaux. L’Union coloniale a été fondée dans les années 1890 sous l’impulsion de commerçants marseillais et bordelais préoccupés par l’avenir de leurs établissements installés sur les cotes d’Afrique de l’Ouest.

France archive confirme.

L’AFD se revendique de cette histoire coloniale, pour le bien des populations autochtones, évidemment, à savoir selon la formule d’un certain Jules Ferry 28 juillet 1885 :

« Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »

La seule véritable différence de discours entre l’AFD d’aujourd’hui (qui se revendique de l’Union générale des intérêts coloniaux) et Jules Ferry, est qu’avec l’AFD, nous sommes passés des intérêts coloniaux à l’intérêt public.

Les ayatollahs de la pensée unique étant « en marche » de faire entrer le réchauffement climatique dans le champ d’application de la loi Gayssot, ce glissement sémantique vient probablement du verglas permanent des pays polaires, qui, « à cause du réchauffement climatique » a glissé lentement, mais sûrement jusqu’aux côtes africaines !

C’est du moins la seule façon qu’on peut trouver pour « innocenter » l’AFD. Pourquoi pas ? La crise covid a prouvé que si tous les médias mainstream s’y mettent, une partie substantielle des Français peut croire à peu près tout et n’importe quoi. Cette partie étant toutefois en train de fondre comme neige au soleil, le collectif citoyen en charge de cette enquête suggère à Monsieur Rioux, actuel directeur de l’AFD, de trouver mieux, s’il avère qu’un jour, il est sommé de s’expliquer sur ce qui suit.

 

La première partie de cette enquête exclusive était consacrée à son financement, l’AFD finance des avant-chantiers, des avant-avant-chantiers, des avant-idées de financements, et des avant-avant-idées de financements.

À l’AFD, on appelle un avant-chantier une « analyse préliminaire », dite « ex-ante » (avant l’action). Voici à ce sujet les explications confuses au possible fournies par l’AFD elle-même :

AFD avant projet

 

Comme vous pouvez le constater, il ne s’agit pas de financer un chantier, mais bien de financer des structures qui « réfléchissent aux financements d’une idée » ! Et le tout est emballé dans la formule « analyse de développement durable. » Il faut avouer que cela en jette.

Que nous explique l’AFD concernant son « dispositif développement durable » ? Un dispositif concocté par les 2 650 salariés que compte l’AFD, c’est important de le rappeler. Des salariés qui ne rechignent pas à donner de leur personne dans cette grande besogne cérébrale que constituent leurs activités, activités grassement rémunérées aux frais du contribuable comme nous avons pu le constater.

En résumé, le dispositif est comparable à l’alignement des planètes en somme. Néanmoins, l’alignement des planètes a lieu, en cette année 2025, le 28 février, et le prochain aura lieu en 2040. Gageons que l’AFD sera toujours à l’œuvre du développement durable en 2040.

Mais, soyons davantage perspicaces : allons faire un petit tour sur la brochure de l’AFD consacrée aux « ressources de l’analyse du développement durable » :

 

Qui fait quoi dans ce dispositif suivant l’alignement des planètes ?

AFD process sur le rapport annuel

C’est beau, n’est-ce pas ? Magnifique, même ! Cela inspire confiance, non ? Le thème des planètes alignées qui tournent étant parfaitement repris par le graphisme, à première vue, c’est cohérent.

Observez le sens des flèches. Mais surtout, arrêtez-vous à l’étape « évaluation » qui vient juste avant l’étape « l’identification. »

Ce diagramme, à première vue cohérent, montre une faille entre ces deux étapes : elles ne sont pas réellement reliées, mais l’image incite à vous le faire croire visuellement, hormis pour un point en fin du cycle. En termes de management, il y a plusieurs manières d’illustrer un schéma directeur permettant de comprendre les diverses étapes. Et le choix fait ici n’est pas adéquat : il veut faire croire que c’est « un cycle », un éternel recommencement. Mais, à qui va-t-on faire croire que l’on passe directement de l’évaluation à l’identification (ou première analyse) ? Ce diagramme aurait dû être présenté de la manière suivante :

AFD Flow chart

Cela prêterait à rire si la mascarade ne visait pas à cacher des inefficacités importantes, et de potentiels détournements d’argent public portant sur des sommes se chiffrant en milliards d’euros. Car, chaque quartier de ce fromage engloutit des millions d’euros au nom de « l’intérêt public de la France. » Et, avec cela, en guise de formule publicitaire pour emballer le tout : « Phosphorons de l’étranger, c’est pour la France. »

En langage paysan, cela s’appelle du vent. Vendre du vent. Malheureusement ce vent-là est déduit des prêts que l’AFD octroie aux gouvernements crédules, des pays que l’AFD sélectionne à cet effet, et selon des critères bien précis. Et pour vendre du vent, on sait bien qu’il faut des employés bien payés (cf plus haut).

Par exemple, si le projet n’est pas viable, le gouvernement crédule sera chargé de rembourser le prêt octroyé par l’AFD pour la pré-étude, un prêt à un taux d’intérêt que l’AFD garde complètement secrète. En tout cas pour le grand public.

 

Qu’importe : il y a le C2D

Un plan de non-paiement des prêts a été mis en place par L’AFD en 2001 : le « C2D. » Un contrat de désendettement et de développement – cela, vous l’auriez compris tout seul si nous ne l’avions pas écrit !

Lorsqu’un C2D est accordé par l’AFD, le gouvernement du pays concerné n’a pas à rembourser l’argent prêté. L’argent du contribuable français. L’AFD demande au pays concerné de payer une ou deux traites pour qu’ils ne soient pas en défaut de leur obligation, afin que l’AFD ou PROPARCO ne soient pas obligés réglementairement de prononcer la déchéance du prêt. Une fois qu’un paiement est fait, alors, le solde du prêt peut être converti en « dons ».  Imaginez-vous ne pas rembourser votre prêt immobilier. La banque vous appelle et vous dit : « Vous payez deux mensualités afin d’être en règle, et derrière, j’abandonne le solde ! » N’importe lequel d’entre nous ayant contracté un prêt sauterait de joie.

Près de 20 pays en ont bénéficié, cela fait une bonne partie des projets de l’AFD :

  • Cameroun : le premier C2D a été signé en 2006, suivi de plusieurs autres tranches. Trois C2D connus jusqu’en 2016, pour un montant total de plus de 900 millions d’euros à cette date.
  • Côte d’Ivoire : plusieurs C2D ont été signés depuis 2012, avec un montant dépassant 2 milliards d’euros sur plusieurs phases jusqu’en 2020.
  • Mozambique, Sénégal, le Ghana, la République du Congo et d’autres pays ont également bénéficié de ces contrats, souvent en une ou plusieurs tranches.

En attendant, les 2 650 salariés de l’AFD touchent bien leurs salaires, sur le dos des contribuables contraints et forcés que nous sommes tous.

Car qui supporte le non-remboursement des prêts octroyés par l’AFD ? Le contribuable Français. Les gueux, et au nom de l’intérêt public. Celui de la République française. À savoir dans la poche de ceux qui eux l’ont bel et bien dépensé, l’argent des Français prêté par l’AFD, un argent qui finalement n’a servi qu’à cela : enrichir les gouvernements à qui cet argent a été prêté pour financer du vent. Rien. Des idées et des avant-chantiers qui n’aboutissent à aucune matérialité la plupart du temps. Il est matériellement impossible de trouver la proportion exacte des fonds mise au travail.  C’est-à-dire le montant net des fonds qui va à un projet opérationnel et non à un avant-projet ou une idée.

Eh oui ! L’AFD produit des analyses de projet validées par ses instances à elles, et non pas par les acheteurs ou utilisateurs. Des acheteurs/utilisateurs qui sont pourtant les personnes qui devront régler la note.

 

Que se passe-t-il réellement ?

Aussi regardons ce qui se passe réellement, lorsque l’analyse est validée comme préalable obligatoire des chantiers mis en œuvre selon les recommandations de l’AFD.

Pourquoi ? Parce que c’est ici que commencent les risques de dérives importantes : les chantiers du BTP (bâtiment et travaux publics) que l’AFD finance à l’étranger au nom de l’intérêt public de la France.

Commençons par Madagascar et ses chantiers « catastrophiques ». Ceux-là, car nous avons la chance d’avoir plusieurs membres du collectif citoyen qui habitent cette grande île de l’Océan Indien. Un eldorado dénommé depuis 20 siècles « le pays de l’or », et dont justement régulièrement des centaines de kilos d’or s’évanouissent dans la nature, les faits divers en sont remplis.

AFD mada

 

Comment se fait-il que Madagascar ne règle pas son développement durable avec ses lingots d’or ?

Tout simplement parce qu’il est beaucoup plus facile de contracter des prêts auprès de l’AFD. Surtout que l’AFD est omniprésente sur place et avec la caisse grande ouverte. C’est le syndrome dit de « la Western union » : l’argent tombe du ciel, alors pourquoi s’en priver ?

Western Union

Autre question : pourquoi l’AFD, qui est une banque revendiquée, n’accepte pas d’être réglée en lingots d’or ? Les fondements de toutes les banques du monde, c’est pourtant justement l’or ? (1)

Revenons aux chantiers de Madagascar où l’AFD est impliquée.

 

Le chantier « téléphérique à Antananarivo »

AFD téléphérique

En 2022, le rapport du Sénat atteste que la chambre haute du Parlement français se montrait très frileuse pour le financement du téléphérique Malgache. Et, constatant que ce projet n’améliorait pas ou si peu la circulation dans la ville, ce qui était pourtant les raisons principales avancées par l’AFD pour la construction de ce téléphérique, l’AFD est passée outre cet avis, comme pour son siège social.

AFD avis sénat

Comment l’AFD a-t-elle pu passer outre cet avis contraire ?

Grâce à Emmanuel Macron.  « Le Mozart de la finance » est intervenu personnellement en ce sens. Cela a permis à la BPI France, partenaire de l’AFD, d’ouvrir la caisse en grand, à hauteur de 152 millions d’euros, dans un projet inutile et qui en aucun cas ne pouvait atteindre son objectif. Mondafrique titrait ceci à ce sujet : « Cet étrange périphérique censé décongestionner la capitale polluée ».

AFD étrange périphérique

À ce titre, il a organisé par l’intermédiaire de l’institut Choiseul, « le Choiseul Africa Business » dont le président Malgache était l’un des invités d’honneur. Et a signé le projet de son téléphérique messianique pour une somme de 152 millions d’euros, au nom des Malgaches, et donc de l’intérêt public, Madagascar étant, elle aussi, une République (depuis 1960).

Une future catastrophe à 152 millions d’euros, ne méritait-elle pas un congrès ? Ce fut chose faite : 

AFD Choisel

L’institut « Choiseul » choisit seul. C’est du même cru que l’éditeur du Journal interne de l’ADF. Rappelez-vous : « Le Magazine » développé à grands frais par l’agence du nom d’« Animal pensant. » Alors, cet institut empoche des centaines de milliers d’euros lui aussi, comme « Animal pensant », pour faire des rapports sur les analyses d’idées, en pré-étude des projets de réflexion sur papier recyclé, afin de préserver la forêt Malgache.

AFD le mag

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder de plus près cet institut « Choiseul », organe organisateur de dîners gastronomiques, et qui aurait comme utilité de mettre en rapport différents réseaux des meilleures compétences. Dans cette section de l’institut nommée « Ambition-Mission-Activités », ils discutent de la faim en Afrique, une fourchette en argent à la main. Son site internet en est rempli :

AFD choiseul

Et, d’où vient l’argent pour organiser de tels dîners princiers ?

Rassembler des centaines d’intermédiaires, hommes et femmes censés représenter des « pouvoirs » africains, ceci afin de les mettre en contact pour faire ressortir d’éventuels nouveaux global-leaders, tout cela demande des fonds importants. Néanmoins, l’incubateur à global-leaders ne semble pas souffrir de la crise en Afrique, puisqu’il en accouche régulièrement dans les dîners mondains.

 

Mais revenons à notre affaire du téléphérique

Voyons d’abord le prix du billet : 1,67 euro par jour

AFD mada téléphérique prix

Pas besoin de faire des commentaires, l’article du journal est édifiant : « Le téléphérique n’a pas sa place ici ! », se sont émus les Amis du patrimoine de Madagascar. L’association, qui regroupe intellectuels, étudiants en architecture et scientifiques, a également mis en garde contre les risques de glissements de terrain, réels à chaque saison des pluies. « Tous les riverains y sont opposés, témoigne Eric Randrasana, ancien élève du collège catholique privé Saint-Michel, qui a refusé l’installation de pylônes au sein de la cour de l’école. « C’est un bâtiment vieux de cent trente ans, il serait défiguré. Et puis ce serait dangereux de faire passer une ligne de téléphérique au-dessus d’une école qui accueille 4 000 élèves. » Une pétition déjà signée par près de 5 000 personnes circule pour demander l’annulation du projet. »

Les Malgaches ne prendront jamais ce téléphérique purement et simplement. Ainsi, le retour sur investissement ne sera jamais réalisé, et les Malgaches devront effectuer le remboursement des prêts avec taux d’usure élevés. Et, comme ils n’ont pas souscrit au contrat « non-remboursement », le fameux C2D, ils devront tout rembourser en totalité. Dès lors, les enfants Malgaches qui cassent des cailloux 8 heures par jour pour les chantiers BTP, devront casser des cailloux 12 heures par jour, afin de rembourser le téléphérique qu’ils ne prendront jamais.

C’est une triste réalité que l’on ne relate pas dans les rapports de l’AFD.

Mais, il y a plus grave encore, dans cette gabegie financière qui sera finalement à la charge du contribuable Français.

À Madagascar, il y a le principe des intermédiaires. Qui sont-ils ? Des quidams qui prétendent connaître une autre personne, qui aurait une compétence théorique ou supposée. Bien souvent, nous les trouvons à la terrasse des bistrots, pochetronnés, au cœur de la société de consommation dont Canal+ fait la propagande dégénérée sur place depuis une bonne décennie.

Et comment fonctionne le principe des intermédiaires ? 

Par exemple, avec ce genre de quidams, un Français ayant obtenu par correspondance un CAP d’électricien en France, sera tenu comme compétent à diriger un chantier entier de BTP. Il sera donc « recruté » par les intermédiaires, qui eux se font rémunérer en gratifications diverses et somme toute dérisoire, en voyage, en restauration, en relation, etc. Je vous laisse imaginer les résultats catastrophiques sur la direction des chantiers BTP de Madagascar. Les journaux sont pleins de « Vasha » incompétents (nom donné aux blancs à Madagascar) qui ont ruiné les chantiers, surtout en province, dans des chantiers de moyenne importance.

Pour une meilleure compréhension encore – Le cas d’une députée de Diego-Suarez fraîchement débarquée par le président Malgache actuel :

Chez les députés malgaches, une grande majorité sont mariés avec des ressortissants Français, souvent d’anciens aventuriers, chercheurs d’or : les « vashas sac à dos. » Ces derniers s’activent en tant que messies sauveurs dans la direction technique et aussi financière des chantiers du BTP, cela sans avoir aucune connaissance particulière, et encore moins de diplômes d’État. Ils s’appuient sur leurs femmes députées Malgaches pour asseoir une domination virtuelle sur les chantiers de BTP., et ils roulent carrosse en 4×4 V8 offerts par le gouvernement Malgache, carburant compris.

Pour les Malgaches de la communauté Merle, c’est-à-dire de Tananarive, ceux-là mêmes qui dirigent le pays depuis l’indépendance, tout ce qui est Français est en quelque sorte du pain bénit.

Quand le pain bénit est rassi, alors c’est forcément pour le bien de Madagascar. Nous en sommes bel et bien là aujourd’hui, au moins autant que du temps de la colonisation officielle.

Madagascar est un pays de croyants, pas un pays de sachants. Or, pour un croyant, qu’importe le Messie, l’essentiel est de croire. Croire au sauveur. Les messies s’en trouvent ainsi interchangeables à souhait. Jusqu’à maintenant ce sont les Français, demain ce seront (sans doute) les Chinois, et après-demain les indiens (dit « les Karannes »).

C’est ainsi que l’entreprise « COLAS » Madagascar, dit « le Messie Français du BTP », se retrouve aujourd’hui au cœur d’une affaire de détournement de fonds dans la construction du téléphérique, selon des informations encore confidentielles pour le moment.

Et pourquoi ce détournement de fonds était-il obligatoire ? Parce qu’il faut payer les intermédiaires !

Or, cela n’est pas prévu dans les prêts de l’AFD. L’AFD qui pourtant, en avant-avant projet, a bien « étudié » la situation sociétale sur place, à grands coups de millions d’euros, nous dit-elle.

Rappelons à cet égard que la « Colas Madagascar » est déjà dans le collimateur pour détournement de fonds avec 7 de ses employés pour 600 000 euros.

Force est de constater que contrairement à ce que ses dirigeants et membres prétendent haut et fort, l’AFD ne connaît pas du tout le terrain, n’en déplaise à ses cohortes d’analyses qui se pavanent éhontément en tant « qu’experts » dans les brochures de l’AFD, sur papier glacé.

Autre possibilité, tel que nous le décrit un des membres du collectif citoyen qui connait bien la situation locale et l’AFD : 

« les dirigeants de l’AFD connaissent parfaitement bien le terrain, et ils en profitent pour en capter quelques revenus illicites ou faire des rétrocessions aux intermédiaires ». 

 

L’affaire du stade de football de Tananarive semble privilégier cette autre possibilité. 

Accrochez-vous : c’est du lourd !

Comme en Occident, à Madagascar, le football a remplacé les jeux du cirque Romains, des jeux qui ont capoté à l’avènement du christianisme.

Les gladiateurs ont été remplacés par les vedettes du football. Venues de la basse classe, elles sont arrivées sur le devant de la scène par toutes sortes d’artifices médiatiques. La presse les encense, l’état encaisse la monnaie, et la mafia se régale comme jamais, car les matchs truqués sont légion. Le peuple est ravi, fait des paris. C’est la Fête !

Mais, voilà, la Fête a un prix. En l’occurrence, celui de la restauration du stade de football de Tananarive.

AFD stade

 

Que s’est-il passé ?

Cela fait plus de 120 ans que ce stade de 3.000 places existe. Il n’avait connu aucune rénovation avant l’indépendance de 1960, mais depuis les années 70 il a en connue quatre, dont celle dont je vous parle ici. Elle a débuté en 2020. De 3.000 places tout court, nous sommes passés à 16.000 places en tribune et 24 300 places en gradin.

Suivant là les recommandations de l’AFD ayant accordé le prêt assurant leur financement, les travaux étaient menés grand train et de main de maître par une entreprise chinoise. Une entreprise sélectionnée par l’AFD pour sa crédibilité, une AFD suivant, elle, les recommandations des fameux intermédiaires. Mais, effectue-t-elle réellement des « audit », ces fameuses « due diligences » telles que c’est décrit dans ses procédures, afin d’éviter de se faire « empapaouter » ? Visiblement, non ! Un ancien de l’AFD nous indique que : « quand les modèles ne donnent pas de rentabilité, on relevait les hypothèses pour le rendre rentable !, ce n’est pas vraiment de la fraude, mais juste un optimisme plus important. » 

Un mécanisme qui a été bien en vue lors de la crise Covid, puisque afin de convaincre une grande partie des Français à se faire vacciner, on a « relevé » les hypothèses (95 % d’efficacité relative pour un produit qui n’avait pas de capacité antipandémique), on a aussi « diminué » à zéro les effets secondaires. Tout cela dans l’optique de « faire passer ce projet ». 

Revenons au stade. C’est la faute à « Pat Chance » (appelons ici « Monsieur Lee »). Car, allez savoir pourquoi, mais c’est comme ça. Nonobstant une utilisation des fonds scrupuleusement faite selon les avis avertis, non : le stade n’est pas aux normes.

L’affaire est sérieuse. Le Président de la fédération de football Malgache est visé par un mandat d’arrêt international :

AFD mada président foot

Un homme très prévoyant : 25 millions d’euros, c’est énorme ! À Madagascar, le salaire mensuel médian est de 50 euros.

Cependant, un sérieux doute habite le collectif citoyen. Une telle somme existe-t-elle dans la caisse de prévoyance sociale ?

À Madagascar, les cotisations sociales ne dépassent pas 0,1 % des salaires, et les salariés déclarés, eux, ne dépassent pas 5 % du nombre total des travailleurs rémunérés.

Donc les 25 millions viennent d’ailleurs, mais d’où ? L’AFD qui prétend savoir par ses analyses rigoureuses, devrait nous apporter une réponse.

Il faut savoir que 25 millions d’euros représentent plusieurs brouettes de billets malgaches.

Imaginez, 200 000 Ariary (monnaie malgache), c’est 20 billets de 10 000 Ariary. Or, cela ne représente que 66 euros. Aussi, quand on parle de brouettes, nous sommes loin de la vérité. Un semi-remorque serait plus juste.

En 2020, la France a restitué la couronne de la Reine Ranavalona III. Vous allez me dire que cela n’a rien à voir avec notre sujet. Et vous avez raison.

Sauf que, quand l’idiot du village est heureux, la consécration se fait toujours par le couronnement.

En France, c’est la Légion d’honneur. À Madagascar, c’est la couronne confisquée par l’état colonialiste de l’époque. Ne riez pas : c’est sérieux. La République française est toujours généreuse avec les idiots utiles du village républicain.

AFD couronne

 

Sacré Pat Chance ! Le stade n’est pas validé par la CFA. Une CAF qui n’est pas la Caisse d’Allocations familiales française, mais la Confédération du Football Africain. Et le stade n’est pas non plus validé par la FIFA. Pourquoi ? Pour diverses raisons : structure, sécurité, équipements sanitaires douteux, etc.

Montant du fiasco ? 77 millions de dollars ! Et, cette non-validation, elle, était tout à fait fondée.

La cérémonie d’ouverture des 11ᵉ Jeux des îles de l’Océan Indien a eu lieu dans ce stade. Bilan : 13 morts et plus de 100 blessés. Dans un stade non validé par la CFA, et donc interdit d’ouverture.

Et il ne sera jamais validé, ni par la CFA ni par la FIFA. Pourquoi ? Parce qu’il a été construit 15 cm en dessous du niveau du Grand Lac : une étendue d’eau intérieure gigantesque.

De cela, l’AFD était au courant obligatoirement. Selon une de nos sources locales, spécialiste des études d’impact et de faisabilité environnementale,

 « plusieurs alertes ont été envoyées aux divers intervenants, y compris à l’AFD, et cela fait partie des études environnementales. En France, c’est standard avec le PPRI (ndlr : plan de prévention des risques d’inondation» Et il ajoute : « la capillarité des terrains existe. La pluie s’infiltre partout, et, de fait, le niveau du Grand Lac augmente durant les pluies, et cela, ici tout le monde le sait, alors comment l’AFD et ses agents ont-ils pu financer un projet en sachant qu’il n’aurait pas l’homologation ».

Du coup, le stade est régulièrement inondé : la pelouse est inutilisable, idem les vestiaires et le reste, la saison des pluies à Madagascar durant plusieurs mois par an.

AFD stade

Soucieuse de s’inscrire dans la durabilité des projets BTP, l’expert explique : « les responsables de l’AFD qui ont accordé le prêt ont forcément lu le dossier technique d’avant-chantier, dossier financé par l’AFD. S’ils ne l’ont pas fait, c’est qu’on leur a demandé de passer outre ».

En définitive, le stade est bon à raser, purement et simplement. Car même une cinquième rénovation ne pourra jamais effacer cette erreur capitale de premier plan. Mais, avec ces pratiques non professionnelles, ils seraient quand même capables de reconstruire le stade au même endroit, et toujours sous le niveau du lac. « Ce n’est qu’une question d’argent et de qui va payer ! » rappelle, consterné, l’expert missionné pour effectuer ce constat.

 

Enfin, dernier cas pratique : un mot sur l’autoroute Antananarivo-Toamasina.

En réalité, il s’agit simplement d’une voie express, et non pas d’une « autoroute » au sens commun et technique du terme. À savoir avec toutes les spécificités hyper coûteuses propres à une autoroute. Néanmoins, les autorités malgaches parlent d’une autoroute, justement pour faussement justifier le coût énorme de l’ouvrage, pour une simple voie express : 924 millions de dollars. Un coût carrément gigantesque pour un pays comme Madagascar. 924 millions, c’est à 4 millions près le coût du siège de l’AFD. Il doit y avoir une limite au-delà de laquelle, à l’AFD, tant que cela reste en deçà du milliard, ils ont les délégations de pouvoir.  On parle quand même de près de 10 % du budget annuel de l’AFD. Ce qui confère à son patron, Rémy Rioux, des pouvoirs énormes. Assortis comme à l’habitude des quelque 4 à 5 % de commissions, soit 38 à 45 millions d’euros. De quoi financer quelques campagnes politiques.

D’après les prévisions de l’AFD, le chantier devait durer 4 ans, et conduire à la construction finalisée de cette voie express sur une longueur de 260 km.

Les 924 millions de dollars ont été engloutis en totalité, mais au terme de ce délai de 4 ans, ce sont seulement 40 km qui ont été construits, et uniquement le terrassement, pas le reste des infrastructures.

Pour une voie « express », non, ce n’est pas très « rapide. » C’est sans doute « également » pour cela que les autorités malgaches préfèrent parler d’une autoroute. Par « également », j’entends « en plus » de la justification frauduleuse évoquée plus haut, du coût gigantesque de cette voie express.

Et pour cause !

Plus le coût des travaux est élevé, plus les dessous de tables peuvent être substantiels.

Et c’est d’ailleurs sans doute là la raison pour laquelle, les autorités malgaches tiennent absolument à ce que le chantier continue… quitte à ce qu’il ne se termine jamais.

En effet, le gouvernement malgache a sollicité et obtenu un prêt supplémentaire de 350 millions de dollars, ceci non pas pour pourvoir à la construction des 220 km de terrassement manquants (et le reste), mais pour seulement 40 km de terrassement.

Ainsi, en l’état, la facture est donc de plus de 1.3 milliard de dollars, pour seulement 80 km de terrassement, sur les 260 km de terrassement que cette voie express doit comporter (plus le reste des infrastructures) pour être achevée et utilisable.

Dès lors, la facture finale tournera probablement autour de cinq milliards de dollars, et probablement pour rien. À savoir s’il se trouve qu’au bout du compte, la construction de cette voie express reste inachevée, ou que, comme pour le stade de football, elle s’avère inutilisable, pour d’obscures raisons de non-conformité, notamment au regard des normes de sécurité les plus élémentaires.

Affaire à suivre. (2)

D’ici là, terminons sur cette dernière réflexion.

Les chantiers AFD à Madagascar constituent seulement 10 % des projets AFD sur le continent Africain. Alors, imaginez un peu l’ampleur du désastre sur l’ensemble des chantiers !

À ce sujet, France-Soir a interviewé Benoit Paré un ancien fonctionnaire international et militaire français qui nous livre son expérience avec l’AFD sur le terrain. Le soft-power est essentiel dans les divers pays où interviennent les agences de développement. Cependant, c’est l’excès qui est condamnable et que l’on doit combattre. Il déclare : 

« Ce qui me choque, ce sont les dérives du système, pas le système en lui-même. Mais, aux USA, c’est devenu une manière d’influer idéologiquement le monde dans tous les domaines, et plus seulement d’aider ».

 

Conclusion
Aussi on ne peut que s’interroger : s’agit-il d’une incroyable série de malchances récurrentes ? Où s’agit-il d’un détournement de fonds parfaitement organisé ? Auquel second cas, celui ou ceux qui l’organisent peuvent en retirer des fortunes en toute discrétion. Ceci s’est déjà vu au FMI ou à la Banque Mondiale, où un autre spécialiste ancien du FMI prend le temps de nous l’expliquer :

« Quand les sommes en jeu sont en milliards, un petit écart ne se remarque pas vraiment, mais se chiffre rapidement en dizaines de millions, et les audits sont rares. Alors on fait tourner le personnel afin d’éviter que les trafics ne perdurent ».

Quoi qu’il en soit, quand l’AFD est aux commandes, c’est systématiquement le contribuable français qui paie l’addition. Et elle est systématique salée. Trop salée. Hyper salée ! Totalement indigeste.

Un audit critique des finances et des paiements de l’AFD, ainsi que des prestataires de services avec les rétrocommissions, est plus que nécessaire. France-Soir a fait à l’AFD une demande de transparence dont les extraits des transactions bancaires. L’AFD nous a répondu ceci :

« Nous accusons réception de votre demande à la date du 22 février 2025. Nous vous informons qu’en application de l’article R343-1 du Code des relations entre le public et l’administration, vous disposerez d’un délai de 2 mois pour saisir la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), en l’absence de décision expresse de l’AFD dans le délai de 1 mois suivant la réception de votre demande. Par ailleurs, nous vous informons qu’en l’absence de décision de l’AFD dans les 2 mois de votre saisine de la CADA, vous disposeriez, à l’expiration de ce délai, de 2 mois supplémentaires pour saisir le juge administratif compétent. »

Une manière de gagner du temps en bottant en touche conformément au règlement. Cependant, pendant ce temps, c’est le contribuable qui paie. En ce 22 mars, soit un mois après la demande de transparence, nous n’avons rien reçu. Il nous faudra donc nous armer de patience et saisir la CADA. La transparence, déclarée sur le site de l’AFD comme un élément clé de la confiance, est-elle aussi un vain mot mis uniquement sur son site pour faire joli ?

afd TRANSPARENCE

Là aussi : affaire à suivre.

 

 

Notes : 

1)  Qui a créé les banques ?

Les orfèvres, qui avait obligation de formuler des assignats (chèque moderne endossable) d’un montant équivalent à la valeur de la quantité d’or qu’ils possédaient dans leur coffre-fort.

L’or de Madagascar pourrait, et donc devrait être utilisé en règlement des prêts que l’AFD a accordés au gouvernement malgache, puisque c’est le contribuable Français qui règle la note finale.

Hélas pour nous autres Français, extérieurs à la cabale, l’intérêt public et les intérêts des dirigeants de l’AFD sont deux choses totalement différentes. 100 % opposées. 

2) contrairement à la construction du téléphérique et à la rénovation du stade de football, l’implication pleine et entière de l’AFD dans le scandale en cours de cette voie express, est difficile à établir de manière certaine. Cela est rendu extrêmement compliqué par des précautions nombreuses et diverses prises par les intervenants, précisément pour rendre cela le plus nébuleux et le plus équivoque possible. Néanmoins, ces précautions ne résisteront pas éternellement à nos investigations. Nous continuons notre enquête en ce sens et, c’est promis, nous connaîtrons le fin mot de l’histoire prochainement. C’est inéluctable. Rendez-vous est donc pris avec vous très bientôt à cette fin. On vous tient au courant.





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