Le peu d’ambition du gouvernement pour sauver les glaciers


21 mars 2025 à 09h49

Mis à jour le 23 mars 2025 à 18h33

Durée de lecture : 4 minutes

Bourg-Saint-Maurice (Savoie), reportage

Paroles, paroles et encore des paroles. Jeudi 20 mars, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, est venue à Bourg-Saint-Maurice à l’occasion du festival Agir pour les glaciers, qui dure trois jours. Les organisatrices et organisateurs s’attendaient à des annonces concrètes pour protéger ces châteaux d’eau des montagnes. Ils ont été déçus.

La ministre a commencé par réaffirmer la volonté du gouvernement de placer 100 % des glaciers français « sous protection forte à l’horizon 2030 ». Une annonce déjà faite par Emmanuel Macron en novembre 2023 lors du One polar summit qui manque aujourd’hui de traduction juridique et d’application sur le terrain.

Un exemple : cette protection totale pourrait-elle empêcher la construction d’un troisième tronçon de téléphérique sur le glacier de la Girose, au-dessus de la Grave, dans les Hautes-Alpes ?

Des « capteurs » pour repérer les points de vulnérabilité

Ce projet, bloqué depuis une occupation des Soulèvements de la Terre, n’a pas été abandonné. Interrogée sur le sujet, la ministre a botté en touche. « Ce dossier est particulier. Je n’en ai pas pris connaissance personnellement. Il n’y a pas de décision immédiate », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse donnée sur la terrasse d’un restaurant dans la station de ski des Arcs.

Pour éviter d’autres catastrophes comme celles de La Bérarde, ce village englouti par une crue exceptionnelle, elle estime qu’il faut « améliorer notre culture collective du risque ». Grâce à un plan sur les risques d’origine glaciaire et périglaciaire, elle souhaite accompagner les élus locaux pour mettre en place des capteurs et repérer les points de vulnérabilité, « pour que ce qui devrait arriver ait le minimum d’impact sur nos vies ».

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Elle a également demandé à tous les préfets de mener des concertations, massif par massif, en vue de conclure des pactes territoriaux d’ici la fin de l’année. Il s’agit de trouver des solutions pour décliner les actions concrêtes de protection des glaciers en partenariat avec les collectivités locales.

Ces pactes avaient été promis dès 2024, comme le rappelle l’association Mountain Wilderness. Pourquoi de tels délais ? « Je les ai lancés dès que j’en ai eu la possibilité. Ils devraient être terminés d’ici la fin de l’année ou début d’année prochaine », assure la ministre.

Ces retards n’étonnent pas Jean-Baptiste Bosson, glaciologue et organisateur du festival Agir pour les glaciers. « L’État n’a pas vraiment mis de moyens sur le sujet. De plus, les élus des territoires de montagne n’étaient pas très enthousiastes. Ils sont le miroir de leurs concitoyens, pas toujours motivés par le sujet », constate-t-il. « Ce qui est positif, c’est que grâce à l’année internationale de la préservation des glaciers, les gens commencent à avoir envie d’avancer ».

Aucun budget débloqué

Côté finances, Agnès Pannier-Runacher n’a pas sorti son chéquier. Aucun budget spécifiquement dédié à la montagne n’a été annoncé. Les territoires devront se partager le fonds du plan d’adaptation au changement climatique avec le reste de la France, notamment les communes du littoral qui doivent lutter contre la submersion maritime. Sur les 1,6 milliard d’euros prévus, les communes pourront piocher dans le fonds Barnier (300 millions d’euros) mis en place pour aider les collectivités à faire face aux catastrophes naturelles ou encore le fonds vert (260 millions d’euros), qui finance la transition écologique des collectivités. « Ce sont des crédits considérables destinés à l’ensemble des communes françaises, et notamment aux montagnes, littoraux et forêts », a précisé la ministre.

Présent lors de ces annonces, Antoine Pin, le directeur de l’association Protect Our Winters France, s’est montré dubitatif. « On ne peut que les accueillir positivement, mais on se réjouira encore plus lorsqu’elles seront concrétisées ». Car au-delà de nouveaux outils, il estime qu’il faudrait déjà renforcer l’existant. « La stratégie nationale bas carbone existe, il faudrait faire des efforts pour qu’elle soit mieux appliquée. »

Quelles que soient les mesures de protection spécifiques aux glaciers, le meilleur moyen de les sauver serait de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. « Si on respectait l’Accord de Paris par exemple, tous les efforts supplémentaires déployés pour protéger les glaciers seraient encore plus impactants », assure Antoine Pin.

Car il y a urgence. En France, les glaciers ont presque totalement disparu des Pyrénées et ont perdu près des deux tiers de leur surface initiale dans Alpes. Et les territoires de montagne se réchauffent deux fois plus vite que les autres écosystèmes

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