Le chalutage de fond coûte jusqu’à 11 milliards d’euros par an à la société


25 mars 2025 à 09h00

Durée de lecture : 3 minutes

Le chalutage de fond coûte bien plus cher à la société européenne qu’il ne lui rapporte. C’est ce que suggèrent deux rapports, respectivement publiés par le biologiste marin Enric Sala et l’association Bloom, tous deux dévoilés le 25 mars.

La première étude (en prépublication, donc non relue par des pairs pour le moment) entend montrer que le chalutage de fond « n’est pas seulement une aberration environnementale, mais aussi un échec économique », selon Enric Sala, responsable du programme Pristine Seas de National Geographic. L’ancien professeur d’université et spécialiste du monde marin a évalué le coût social de cette méthode de pêche, qui consiste à racler les fonds marins avec de longs filets afin de maximiser les captures de poissons, mollusques et crustacés.

Il a calculé que les bénéfices générés par le chalutage de fond étaient inférieurs à ses coûts. Chaque année, il fait perdre en moyenne aux citoyens européens entre 300 millions et 10,8 milliards d’euros. Ces coûts sont dus en grande partie aux émissions de CO2 provoquées par cette méthode de pêche qui, en remuant les sédiments marins, relargue dans l’atmosphère les gaz à effet de serre qui y étaient piégés. La large fourchette d’estimation s’explique par la diversité des méthodes pouvant être utilisées pour calculer le prix de 1 tonne de CO2.

À ce premier coût s’ajoutent celui des subventions gouvernementales allouées aux chaluts de fond, ainsi que celui de la perte des poissons pêchés par inadvertance et rejetés morts. « L’industrie [du chalut] ne fait des profits que parce qu’elle externalise ses coûts », a déclaré Enric Sala lors d’une conférence de presse.

Une autre pêche possible

Cette étude paraît en même temps qu’un rapport de Bloom affirmant qu’il est possible de s’émanciper de cette technique destructrice. À partir de travaux menés par les chercheurs Romain Mouillard et Didier Gascuel, de l’Institut Agro, l’association avance que 85 % (en volume) des poissons pêchés par les chalutiers de fond de moins de 40 mètres de long pourraient être capturés par des engins « dormants » moins néfastes pour les écosystèmes, comme le casier, la ligne ou le filet.

40 % de ces poissons pourraient être pêchés de manière moins néfaste dès aujourd’hui, sans bond technologique. Il suffit, selon l’association, de réattribuer les quotas de pêche accordés aux chaluts de fond à des navires de même taille ayant déjà recours aux arts dormants (engins de pêche passifs) pour capturer les mêmes espèces, comme la baudroie, le merlu, la sole ou le bar européen. « Les citoyens veulent cela, tout le monde veut cela, sauf le tout petit lobby du chalutage », a déclaré la présidente de Bloom, Claire Nouvian, au cours d’une conférence de presse.

Les chaluts de fond français ravagent en moyenne 670 000 km² de fonds marins chaque année (soit l’équivalent de la France, de la Suisse et de la Belgique), rappelle l’association.

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