Le Tampographe. « En avance », 2024
© Le Tampographe
Elle « assume ». Ce n’est pas bien original, de nombreux politiques adorent « assumer », ça vous a un côté courageux, quasiment martial, et en plus ça coupe court à toute discussion. Un vocable épatant, quoique sournoisement agressif. Donc, elle assume, Mme Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de la Loire. Mais qu’assume- t-elle donc ? Sa décision de baisser de 62 % le budget de la culture, comme les motifs de cette décision. De fait, le gouvernement demande aux collectivités des économies, tout en diminuant les dotations qu’il leur verse, et les place donc dans des situations extrêmement difficiles. Mais, pour Mme Morançais, c’est l’occasion de montrer son sens des responsabilités dans l’adversité puis, dans l’élan, de s’attaquer au principe même des subventions au secteur. La vice-présidente du parti Horizons est d’une clarté éblouissante : « Quelle est la pérennité d’un système qui, pour exister, est à ce point dépendant de l’argent public ? (…) Un système dont on constate, en plus, qu’il est, malgré les subventions dont il bénéficie, en crise permanente ! N’est-ce pas la preuve que notre modèle culturel doit d’urgence se réinventer ? » (X, 12 novembre 2024).
D’autres régions, d’autres départements (en attendant les villes) choisissent de diminuer leur budget culturel, quoique de façon moins spectaculaire, à l’exception du conseil départemental de l’Hérault, à majorité socialiste, qui a l’intention d’amputer le sien de moitié. En première ligne, les travailleurs du spectacle. Dans les Pays de la Loire, 2 400 emplois directs devraient disparaître, et plus de 100 000 dans tout l’écosystème… Il y a les drames individuels, le rabougrissement ou la disparition des projets (43 % des structures sont concernées). Mais Mme la présidente s’en prend aussi à une idée. Au nom d’une opinion, toute simple : ne plus aider à fonds perdu des associations ingrates, « très politisées » et détentrices d’un « monopole ». Ce n’est pas un coup de tête, c’est un point de vue. (…)
Taille de l’article complet : 1 871 mots.