La Tribune des Généraux : décryptage d’une affaire retentissante avec Me Danglehant


En 2021, une tribune signée par plus de 1 000 militaires, dont six généraux, a semé le trouble en France. Publiée dans « Valeurs Actuelles », cette tribune dénonçait une « déconfiture complète » du pays, soulignant des défaillances dans la sécurité, l’éducation et la santé. Ce document a provoqué une réaction immédiate du gouvernement français, qui a lancé des procédures disciplinaires contre les signataires. Dans un débriefing récent, Maître François Danglehant, avocat de certains des généraux inquiétés, a apporté des éclaircissements sur cette affaire complexe.

La tribune a été perçue comme un coup dur pour l’establishment français. Le président Emmanuel Macron a ordonné une campagne de communication pour discréditer les généraux, qualifiés de « nazillons » par certaines personnalités politiques. La ministre des Armées de l’époque, Florence Parly, a été chargée d’engager des procédures disciplinaires contre six des signataires. Cependant, Maître Danglehant souligne une irrégularité majeure : « Florence Parly n’avait pas le titre de ministre de la Défense, et donc elle ne pouvait pas engager des procédures disciplinaires contre des officiers généraux. »

 

La procédure disciplinaire a débuté en mai 2021, mais des erreurs de procédure ont été soulevées par Maître Danglehant. Il a notamment contesté la légitimité de l’acte d’accusation et a soulevé une question prioritaire de constitutionnalité. Selon lui, le président de la République, en tant que juge disciplinaire suprême, ne pouvait cumuler cette fonction avec celle de chef de l’exécutif. « Il me semble absolument invraisemblable de découvrir que dans un pays qui se prétend un état de droit, le président de la République est à la fois chef du pouvoir exécutif et juge disciplinaire suprême », a-t-il déclaré.

Malgré les attentes de sanctions sévères, les généraux ont été relaxés en octobre 2021. Cependant, cette décision n’a pas été rendue publique, probablement pour éviter un embarras politique. Maître Danglehant explique : « Le président de la République a capitulé en rase campagne, puisqu’il n’a pas transmis la question prioritaire de constitutionnalité au Conseil d’État. » Cette absence de communication officielle a laissé le public dans l’ignorance jusqu’à récemment.

Cette affaire soulève des questions sur la liberté d’expression et le rôle des militaires dans le débat public. Les généraux, bien que retraités, ont exprimé leurs préoccupations en tant que citoyens. « Aux États-Unis, les généraux ont une liberté de parole qui est bien plus importante », note Maître Danglehan, soulignant l’importance d’une telle liberté pour le progrès d’une nation.

L’affaire met également en lumière la nécessité de réformes dans la gestion des procédures disciplinaires militaires et le rôle des parlementaires. Maître Danglehant appelle à une réforme pour éviter que le président de la République n’exerce un pouvoir excessif sans contrepoids adéquat.

L’affaire de la tribune des généraux reste un épisode marquant qui a mis en lumière des tensions entre l’armée et le gouvernement, ainsi que des lacunes dans le système juridique français. Elle soulève des questions cruciales sur la séparation des pouvoirs et la liberté d’expression, incitant à une réflexion plus large sur le fonctionnement de la République. Comme le souligne Maître Danglehant, « il serait temps que tout le monde remette un peu de sérieux et qu’on fasse travailler des gens qui sont sérieux en France. »





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