Voilà qui complique un peu plus les relations entre Paris et Moscou. Dimanche, Nicolas de Rivière, fraîchement nommé ambassadeur de France à Moscou, a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères, suite à la détention, pendant une journée, d’une employée de ce ministère à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Le Kremlin “condamne” des “agissements inadmissibles, qui aggravent davantage des relations bilatérales déjà abîmées”. Les Affaires étrangères russes dénoncent également le refus de la France d’octroyer un visa à un autre de ses employés qui devait assister à des événements organisés par l’Unesco.
Selon Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, un membre de la délégation officielle russe a été interpellé par les gardes-frontières français, sans fournir d’explication, le 6 avril dernier à l’aéroport Charles-de-Gaulle de Paris. Un téléphone et un ordinateur portable lui ont été confisqués. “L’ambassade de Russie en France a immédiatement dépêché un agent consulaire à l’aéroport, qui a dû attendre près de sept heures avant de pouvoir rencontrer son collègue”, a ajouté mercredi la même porte-parole.
Cette situation ne sera pas “sans conséquences »
« Après les démarches entreprises, notre collègue a finalement été autorisée à entrer dans le pays, mais elle a dû passer une journée dans la zone frontalière de l’aéroport », poursuit-elle, soulignant que l’employée russe a passé près de 24 heures à l’aéroport.
L’ambassadeur de France à Moscou, Nicolas de Rivière, a été convoqué le même jour au ministère des Affaires étrangères, pour lui “notifier” la « vive protestation » de Moscou. « Nous n’avons pas l’intention de laisser cette situation sans conséquences », a également averti Maria Zakharova, après ce nouvel incident diplomatique.
Mercredi encore, la porte-parole annonçait que “la semaine dernière, Alexandre Alimov, directeur du département de la coopération humanitaire multilatérale et des relations culturelles du ministère russe des Affaires étrangères, n’a pas reçu à temps son visa français pour les événements de l’UNESCO”. De ce fait, “la rotation du personnel diplomatique et de soutien de la Délégation permanente de la Fédération de Russie auprès de l’UNESCO a été compromise”, a-t-elle déploré.
Moscou, rappelle Maria Zakharova, a souligné à plusieurs reprises “les violations systématiques par la France de ses obligations au regard du droit international en tant que pays hôte de l’UNESCO et d’autres organisations internationales”. “La partie française a abusé de son statut en refusant régulièrement des visas aux membres des délégations officielles russes sans fournir d’explication cohérente, ou en retardant la délivrance des visas, empêchant ainsi les responsables russes de participer à des événements”, a-t-elle ajouté.
“Des relations bilatérales abîmées”
La nouvelle de la brève détention de l’employée russe a fait réagir le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « Nous condamnons de tels agissements de la France et les considérons comme inadmissibles (…). Cela aggrave encore davantage nos relations bilatérales déjà abîmées », a-t-il dénoncé.
Celles-ci se sont fortement dégradées depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Emmanuel Macron a vite adopté une position pro-ukrainienne, soutenant des sanctions économiques contre la Russie, « menace existentielle pour les Européens », tout en intensifiant son soutien militaire et financier à Kiev.
Paris a expulsé 41 diplomates russes qui se livraient, selon elle, à des activités d’espionnage sous couvert de l’ambassade russe tandis que Moscou avait répliqué en déclarant dans la foulée 34 diplomates français personæ non gratæ sur son territoire.
La décision d’autoriser l’usage des missiles SCALP EG contre des cibles russes a suscité une vive réaction de Moscou, qui a protesté contre ce qu’elle considère comme une escalade directe. Les déclarations du président français, selon lesquelles une victoire russe en Ukraine serait “un désastre pour l’Europe” ou celles appelant à l’envoi de troupes occidentales sur le front a détérioré davantage les relations diplomatiques entre les deux pays.
En mars 2025, pendant que l’administration Trump intensifiait les pourparlers pour aboutir à une trêve entre Kiev et Moscou, Emmanuel Macron a accusé le Kremlin de maintenir une « volonté de guerre ». De son côté, la Russie est accusée d’avoir mené une série d’actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français.