Fin de la mondialisation, « Première Guerre commerciale mondiale » et guerre civile boursière à Wall Street


Bien que les droits de douanes instaurés par le président Donald Trump ne soient aucunement une surprise (il les réclame depuis 1985), il est difficile d’évaluer leur impact. Pour les uns, ils marquent la « Fin de la mondialisation » au sens de la globalisation américaine et non pas à celui de la fin de la circulation mondiale des richesses ; pour le Réseau Voltaire, c’est la « Première Guerre commerciale mondiale », étant entendu qu’ils sont tous négociables et ne doivent aucunement ouvrir de conflit militaire ; enfin pour d’autres, ils ouvrent une « guerre civile boursière à Wall Street » car ils laissent apercevoir les intérêts divergents des super-milliardaires.

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Loin de s’opposer toutes les trois, ces interprétations sont probablement complémentaires.

Au milieu de la tornade provoquée par Trump 2.0 dans la « Première Guerre commerciale mondiale » (dixit Réseau Voltaire [1]) — qui officialise la fin de la néfaste mondialisation néolibérale — se profile la réorganisation simultanée d’un G-2 géostratégique entre les États-Unis et la Russie.

Un rayon de lumière au bout du tunnel boursier a été émis par nul autre que Kirill Dmitriev – éminent conseiller économique du Kremlin et proche d’une fille du tsar Vladimir Poutine — qui est arrivé à Washington le jour même de la « libération de Trump » pour négocier pendant deux jours et qui a vanté de manière très énergique les bienfaits de la souveraineté économique :

« La stratégie tarifaire du président Trump reflète un virage très important vers la souveraineté économique et l’intérêt national… En donnant la priorité à l’industrie nationale et en corrigeant les déséquilibres commerciaux structurels, les États-Unis créent un précédent pour la croissance autosuffisante et la création durable d’emplois [2] ».

Dmitriev, pivot important du rapprochement entre Poutine et Trump, a salué les progrès des négociations de paix lorsque « l’administration Trump a réussi à empêcher la Troisième Guerre mondiale [3] », pour finalement formuler un double éloge :

« Poutine est un leader historique… Trump est un leader historique… Tous deux peuvent collaborer pour faire avancer l’histoire ».

Il sera temps d’analyser l’adoption de la souveraineté économique – sans parler du partage concomitant de la carte du monde et de ses condominiums régionaux — vers laquelle convergent Trump et Poutine, ce à quoi contribue un essai judicieux du Britannique Alastair Crook, qui établit qu’on assiste à la résurrection des politiques économiques réussies du Premier ministre de Nicolas II, le Russe Serge de Witte et de l’Allemand Friedrich List [4].

La principale difficulté de Trump 2.0 est sa politique intérieure, où les quatre cavaliers ashkenazes (en anglais khazar) — BlackRock, Rothschild, George Soros et Bloomberg, ainsi que le Forum économique mondial de Davos, dont le président éternel Klaus Schwab a annoncé son retrait et une réduction de personnel — ont lancé une contre-offensive féroce par le biais de l’axe mondialiste Union européenne/Grande-Bretagne/Canada.

Combien les quatre cavaliers de l’Apocalypse auront-ils perdu en Bourse, alors que BlackRock détient la moitié des actions de Wall Street, entre autres coquetteries ? Ici, le plus illustratif sera de contempler la mine réjouie des nouveaux milliardaires alliés de Trump, qui sont très susceptibles de faire fortune en achetant des actions à bas prix. La guerre mondiale est également boursière et propagandiste lorsque Elon Musk, grand allié de Trump, a été frappé par la chute retentissante de Tesla – à laquelle le succès du véhicule électrique chinois BYD a largement contribué.

Dans la nuit du premier jour de la chute boursière mondiale — en particulier à Wall Street — un véritable carnage a été mis en scène avec le limogeage fulminant du général Timothy Haugh, directeur général de l’Agence de sécurité nationale — en charge du cybercommandement [5] ! Ce n’est pas une mince affaire, car le général était aussi le responsable du cyberespionnage.

Au milieu de la nébulosité (dés-) informationnelle, on dit que six hauts fonctionnaires du Conseil de sécurité nationale ont été défenestrés, dont la directrice adjointe Wendy Noble. Des événements très étranges se sont produits à proximité de la Maison-Blanche et ont été à peine diffusés, en raison de certaines découvertes, non publiables du point de vue de la sécurité nationale, d’Elon Musk, dont les mondialistes veulent la tête [6].

JewishInsider, lié aux « quatre cavaliers de l’Apocalypse », déplore « la bataille entre les faucons autrefois dominants et la faction croissante des isolationnistes (…) l’un des plus grands scénarios en coulisses des batailles de la deuxième administration Trump [7] ».

Il reste beaucoup d’évènements surprenants à voir : plus à l’intérieur des États-Unis qu’à l’extérieur.

[1] Dépêche 3181 « Donald Trump débute la Première Guerre commerciale mondiale », Voltaire, actualité internationale – N°127 – 4 avril 2025.

[2] « Putin Envoy In D.C. Hails Trump’s Tariff Strategy : ‘Shift Toward Economic Sovereignty’ », Tyler Durden, Zero Hedge, April 5, 2025.

[3] « Top Russian Negotiator Dmitriev Visits DC, Goes on a Media Blitz, Touts Progress in Peace Negotiations : ‘The Trump Administration Prevented World War 3’ (VIDEOS) », Paul Serran, The Gateway Pundit, April 4, 2025.

[4] « Transactional weakness tips the balance of power – ‘Hold to no illusions ; there is nothing beyond this reality’ », Alastair Crook, Strategic Culture Foundation, March 31, 2025.

[5] « National Security Agency Director Gen. Haugh fired, civilian deputy director reassigned », Elizabeth Pritchett & Lucas Y. Tomlinson, Fox News, April 4, 2025.

[6] « Trump wants Musk to stay with administration, says DOGE found something ‘horrible’ today », Alec Schemmel, Fox News, April 3, 2025.

[7] « Top NSC staffers forced out after Trump meeting with Laura Loomer », Marc Rod, Jewish Insider, April 3, 2025.

Traduction

Maria Poumier

Source

La Jornada (Mexique)

Le plus important quotidien en langue espagnole au monde.

Alfredo Jalife-Rahme

Professeur de Sciences politiques et sociales à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM). Docteur honoris causa de l’université pontificale San Francisco Xavier de Chuquisaca. Il publie des chroniques de politique internationale dans le quotidien La Jornada. Dernier ouvrage publié : La invisible cárcel cibernética : Google/Apple/Facebook/Amazon/Twitter (GAFAT) (Orfila, 2019).



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