Le Soudan en flammes : deux ans de guerre qui ont détruit le pays


par Viktor Mikhin

Ce mois-ci marque le deuxième anniversaire du début de la guerre civile au Soudan.

Le conflit, qui a éclaté en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), s’est transformé en l’une des plus graves crises humanitaires contemporaines. La guerre n’a pas seulement fait des milliers de victimes, mais elle a aussi détruit l’économie, les infrastructures et le système de santé du pays. Des millions de personnes ont été déplacées, et la menace de la famine plane sur des régions entières. Malgré quelques tentatives de la communauté internationale pour mettre fin aux violences, un cessez-le-feu reste hors de portée. Pourquoi la guerre continue-t-elle ? Quelles en sont les conséquences ? Et y a-t-il un espoir de paix ?

Un pays dévasté : des infrastructures en ruines

Ce qui a commencé comme une lutte pour le pouvoir entre l’armée soudanaise (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR) est devenu l’une des pires crises humanitaires de l’histoire récente. La guerre a laissé le Soudan en ruines, détruisant ses infrastructures, son économie et son système de santé, tout en infligeant d’immenses souffrances à la population. Des millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, la famine menace, et les pays voisins peinent à faire face à l’afflux de réfugiés.

La guerre a réduit les infrastructures soudanaises à l’état de ruines, laissant derrière elle un pays à peine fonctionnel. À Khartoum, Omdurman et d’autres grandes villes, les services essentiels comme l’eau, l’électricité et les télécommunications sont gravement perturbés. Les écoles et universités ont été détruites ou transformées en postes militaires improvisés, privant toute une génération d’enfants soudanais d’éducation. Les routes et les ponts ont été bombardés ou bloqués, isolant des communautés entières. Le système bancaire s’est effondré, et de nombreuses entreprises ont fermé ou délocalisé leurs activités à l’étranger.

Sur le plan économique, le Soudan est en chute libre. La destruction des secteurs clés, notamment l’agriculture et l’industrie, a laissé des millions de personnes sans moyens de subsistance. Les agriculteurs ont dû abandonner leurs terres à cause des violences, aggravant encore la pénurie alimentaire. L’inflation a grimpé en flèche, rendant même les produits de première nécessité inaccessibles.

Selon l’ONU, plus de 60% des Soudanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté, et aucun plan clair de relance économique n’existe tant que la guerre persiste. L’effondrement de l’économie soudanaise n’est pas seulement un problème national : il menace directement la stabilité régionale, car le désespoir économique engendre souvent violence, criminalité et instabilité.

Un système de santé à l’agonie

Le système de santé soudanais, déjà fragile avant la guerre, est aujourd’hui au bord de l’effondrement. Les hôpitaux et centres médicaux ont été bombardés, pillés ou transformés en bases militaires. Rien qu’à Khartoum, près de la moitié des hôpitaux ont été endommagés, privant des millions de personnes de soins urgents. Les réserves de médicaments s’épuisent, et les médecins doivent opérer sans anesthésie ni stérilisation adéquate. Le manque de traitements a entraîné une hausse des décès évitables, surtout chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées.

Des maladies comme le choléra, la malaria et la dengue se propagent rapidement en raison des mauvaises conditions sanitaires et de la destruction des réseaux d’eau potable. La malnutrition fait également des ravages : des millions d’enfants souffrent de la faim. Les organisations humanitaires ont maintes fois averti que, sans intervention immédiate, le Soudan pourrait connaître l’une des pires crises sanitaires du XXIe siècle. Pourtant, l’aide humanitaire peine à atteindre les populations en raison des violences persistantes et des restrictions bureaucratiques imposées par les belligérants.

Une crise humanitaire sans précédent

L’ampleur des souffrances au Soudan est stupéfiante. Plus de 26 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire, dont au moins 12 millions de déplacés internes. Des familles entières ont dû fuir leurs maisons, souvent avec pour seul bagage les vêtements qu’elles portaient. Beaucoup vivent dans des camps surpeuplés, sans accès à la nourriture, à l’eau potable ou aux soins médicaux. Le Programme alimentaire mondial a alerté : le Soudan est au bord de la famine, et des millions de personnes risquent de mourir de faim dans les mois à venir.

Les réfugiés et la menace régionale

La guerre au Soudan a également provoqué l’une des plus graves crises de réfugiés de ces dernières années. Près d’un million de Soudanais ont fui vers les pays voisins, dont le Tchad, le Soudan du Sud, l’Éthiopie, l’Égypte et la République centrafricaine. Ces États, déjà fragilisés par des difficultés économiques et des instabilités internes, peinent à gérer l’afflux de déplacés. Les camps de réfugiés sont surpeuplés, sous-financés et manquent de l’essentiel : nourriture, eau et soins médicaux.

Au Tchad, la crise des réfugiés exerce une pression énorme sur les ressources locales, créant des tensions. Sans un soutien international massif, cette situation pourrait déstabiliser toute la région, déclenchant de nouveaux conflits et déplacements.

Un conflit sans vainqueurs, seulement des perdants

La guerre au Soudan rappelle une fois de plus les conséquences dévastatrices des conflits civils. Il n’y a pas de vainqueurs – seulement des morts, des destructions et des souffrances. Les Soudanais, qui espéraient autrefois un avenir meilleur, sont désormais pris dans un cycle sans fin de violence et de désespoir. L’histoire montre que les guerres civiles débouchent rarement sur des solutions politiques durables. Elles laissent plutôt des blessures profondes, dont la guérison prendra des générations. Plus la guerre dure, plus il sera difficile de reconstruire le Soudan. La communauté internationale doit comprendre que la prolongation de ce conflit ne mènera qu’à davantage d’instabilité, de morts et de souffrances.

Que faire ? Les chemins vers la paix

La communauté mondiale ne peut rester passive. La première urgence est un cessez-le-feu pour stopper les violences et ouvrir des couloirs humanitaires. Il faut exercer une pression sur les deux parties pour qu’elles entament des négociations, avec un rôle clé joué par les puissances régionales et internationales.

Parallèlement, l’aide humanitaire doit être renforcée financièrement et logistiquement. L’ONU, l’Union africaine et les pays donateurs doivent veiller à ce que les promesses d’aide atteignent réellement les populations. Trop d’engagements n’ont pas été tenus, laissant des millions de personnes sans nourriture, eau ni soins. Plus l’aide tarde, plus les victimes seront nombreuses.

Pour une paix durable, la communauté internationale doit collaborer étroitement avec l’Union africaine et les voisins du Soudan. Avec un soutien adéquat, les initiatives de paix menées par des pays africains pourraient jeter les bases d’une stabilité à long terme. La Déclaration de Djeddah, qui servait auparavant de cadre aux négociations entre factions soudanaises, doit être relancée et élargie. La diplomatie doit primer sur les actions militaires.

L’urgence d’agir

Il est tragique de constater qu’au XXIe siècle, une guerre meurtrière ravage le Soudan, transformant en deux ans un pays autrefois prometteur en un champ de ruines. Des millions de personnes ont été déplacées, des milliers sont mortes, et une nation entière est au bord de l’effondrement. La souffrance du peuple soudanais ne peut plus être ignorée. La communauté internationale doit agir concrètement : obtenir un cessez-le-feu, garantir l’acheminement de l’aide et intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin à ce conflit brutal.

De nombreux experts s’accordent à dire que pour arrêter la guerre, il faut :

Un cessez-le-feu durable via une médiation internationale (ONU, Union africaine, Ligue arabe).

Un dialogue direct entre les autorités soudanaises et les FSR, éventuellement avec la société civile.

Une pression internationale forte, avec des sanctions contre les parties violant les trêves et un embargo sur les livraisons d’armes.

La lutte contre les ingérences étrangères, en limitant le rôle des mercenaires et en stoppant les soutiens extérieurs (armes, financements).

L’ouverture de couloirs humanitaires et l’acheminement de vivres et de médicaments, ainsi qu’un soutien accru aux réfugiés (plus de 8 millions de déplacés).

Un règlement politique inclusif, avec la restauration d’un gouvernement civil (avant la guerre, un conseil de transition était en place) et des négociations impliquant toutes les régions (Darfour, Kordofan du Sud, etc.).

La guerre ne pourra être stoppée que par une combinaison de pression internationale, de négociations et d’une réelle volonté de paix des belligérants. Pour l’instant, ni les FAS ni les FSR ne sont prêts à faire des compromis, mais la catastrophe humanitaire pourrait finir par les forcer à négocier.

source : New Eastern Outlook



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