Les mécanismes de contrôle de l’information pendant la pandémie selon Brian Martin


Résumé : dans son article « Dissimulation autour du Covid : secret, censure et répression pendant la pandémie », publié en mars 2025 dans Secrecy and Society, Brian Martin décortique les mécanismes de contrôle de l’information pendant la pandémie de COVID-19. Il identifie quatre stratégies – inondation, ignorance, censure et attaque – utilisées pour marginaliser les points de vue hétérodoxes sur les mesures comme les confinements ou les vaccins. 

Ce cadre éclaire les dynamiques de pouvoir dans la gestion des crises sanitaires, notamment à travers les récents développements aux États-Unis, comme la nomination officielle de Jay Bhattacharya à la tête des National Institutes of Health (NIH) et celle de Robert Kennedy Jr. En France, ces mécanismes résonnent avec la défiance croissante envers les institutions, amplifiée par le déclassement du pays en « démocratie défaillante » et une crise de confiance sans précédent. 

Cet article offre des clés pour comprendre les comportements médiatiques et politiques, tout en proposant des pistes pour explorer leurs impacts à long terme.

L’auteur : Brian Martin, un expert des controverses et de la liberté d’expression

Brian Martin est professeur émérite en sciences sociales à l’Université de Wollongong, en Australie. Titulaire d’un doctorat en physique théorique de l’Université de Sydney, il s’est ensuite orienté vers les sciences sociales, explorant des thématiques comme la non-violence, le lanceur d’alerte, les controverses scientifiques, la liberté d’expression et les stratégies contre l’injustice. 

Auteur de plus de 20 livres et de centaines d’articles, il est également engagé comme vice-président de Whistleblowers Australia, une organisation soutenant les lanceurs d’alerte. Il partage ses publications, souvent en accès libre, sur son site personnel. Dans son article publié en mars 2025 dans Secrecy and Society, intitulé « Dissimulation autour du Covid : secret, censure et répression pendant la pandémie », Martin propose une analyse percutante des stratégies de contrôle de l’information déployées pendant la pandémie de COVID-19.

Les quatre mécanismes de contrôle de l’information

Martin identifie quatre mécanismes – inondation (flooding), ignorance (ignoring), censure (censoring) et attaque (attacking) – qui ont marginalisé les voix dissidentes face aux mesures sanitaires officielles, formant une « écologie de contrôle de l’information » qui a façonné le discours public, souvent au détriment du débat scientifique. Comme il l’écrit : 

« Au plus fort de la pandémie de Covid, la majorité des autorités sanitaires, des gouvernements et des médias ont présenté un seul point de vue officiel sur le confinement, le port du masque, la distanciation et les vaccins. Les méthodes utilisées pour contrer les opinions divergentes peuvent être classées en quatre catégories : submersion, ignorance, censure et attaque. »

  • Inondation (Flooding) : l’inondation consiste à diffuser massivement un discours dominant pour noyer les perspectives alternatives. Pendant la pandémie, les messages sur les confinements, le port du masque, la distanciation sociale et les vaccins ont saturé les médias, rendant les points de vue hétérodoxes quasi invisibles. Martin explique : « On peut considérer que la submersion crée une sorte de secret de fait : les opinions dissidentes se perdent dans le volume d’expressions de l’opinion conventionnelle. Dans la métaphore de l’aiguille dans la botte de foin, cela revient à mieux cacher l’aiguille en empilant plus de foin. » 
    Par exemple, les autorités ont peu promu l’exercice physique comme moyen de renforcer l’immunité, malgré des études montrant son efficacité contre la sévérité du COVID-19.
  • Ignorance (Ignoring) : l’ignorance repose sur le choix de ne pas financer ni publiciser les recherches contraires à l’orthodoxie, un phénomène lié à la « science non réalisée » (undone science). Peu d’études ont été menées sur les effets négatifs des confinements ou sur des traitements alternatifs comme l’hydroxychloroquine ou l’ivermectine. Les critiques légitimes, notamment sur les effets secondaires des vaccins, ont été largement ignorées, renforçant l’illusion d’un consensus scientifique unanime.
  • Censure (Censoring) : la censure a activement empêché la diffusion de points de vue divergents. Martin cite les Twitter Files, qui révèlent la suppression systématique de contenus critiques sur les réseaux sociaux. Des plateformes comme YouTube et Facebook ont retiré des vidéos ou des publications qualifiées de « désinformation », souvent sans transparence. Cette censure, justifiée par la lutte contre la désinformation, a parfois alimenté la méfiance envers les autorités.
  • Attaque (Attacking) : Les attaques visaient à discréditer ou réduire au silence les figures hétérodoxes. Martin évoque le Dr Pierre Kory, défenseur de l’ivermectine, qui a subi des suspensions de comptes et des menaces professionnelles. Le rapport du Centre Contre la Haine en Ligne (Center for Countering Digital Hate CCDH), ciblant les « Douze Désinformateurs », illustre comment des campagnes médiatiques ont cherché à délégitimer les critiques des vaccins, souvent sans débat équitable.
Une grille pour décrypter les comportements médiatiques

Le cadre de Martin permet de comprendre pourquoi les médias relayaient souvent le discours officiel sans questionner ses failles. L’inondation a saturé l’espace public, l’ignorance a marginalisé les études critiques, la censure a limité la pluralité, et les attaques ont polarisé le débat. Comme Martin le conseille, « lorsqu’ils sont confrontés à une submersion, les contestataires doivent penser à contacter le public directement, et non par l’intermédiaire des autorités ou des médias grand public. »

Ce schéma explique la sous-représentation de sujets comme les effets secondaires des vaccins ou les coûts sociaux des confinements. Martin met aussi en garde contre les risques d’une telle dynamique : « Il existe un risque supplémentaire. En tentant d’imposer un discours unique, certaines personnes peuvent devenir méfiantes à l’égard des autorités et des médias dominants, et se positionner à contre-courant à l’avenir, même si le point de vue dominant sert au mieux le bien-être de l’humanité. »

Réactions sur X : un écho dans la communauté en ligne

L’article de Martin a suscité des réactions sur X, reflétant l’intérêt pour son analyse. Par exemple, Fred Stalder (@sudokuvariante) a partagé le 12 avril 2025 : « Un excellent article qui décrit les stratégies de contrôle de l’information en faveur d’un point de vue officiel unique pendant la pandémie de covid : inonder, ignorer, censurer et attaquer. »

De même, Viviane Cuendo (@CuendetV) a publié le 13 avril 2025 une traduction humaine intégrale de l’article en français :  

 

À la lumière de l’actualité : Bhattacharya et Kennedy Jr.

L’actualité récente illustre la pertinence de l’analyse de Martin. Le 5 mars 2025, le Dr Jay Bhattacharya, co-auteur de la Great Barrington Declaration, a témoigné lors d’une audition de confirmation devant le comité de la Santé, de l’Éducation, du Travail et des Pensions (HELP) du Sénat américain, dans le cadre de sa nomination à la tête des National Institutes of Health (NIH) par le président Donald Trump. Bhattacharya a dénoncé la censure dont il a été victime, notamment la marginalisation de ses propositions pour une protection ciblée des populations vulnérables.

Le 25 mars 2025, le Sénat a confirmé la nomination de Bhattacharya par 53 voix contre 47, une décision décrite comme une « onde de choc » aux États-Unis. Cette nomination est perçue comme un tournant, marquant un retour à une science centrée sur le patient plutôt que sur la maladie, et une volonté de restaurer l’intégrité scientifique au sein d’une institution dotée d’un budget de 48 milliards de dollars. Aux USA, la vraie science reprend sa place, et le ‘monde d’avant’ – cet enfer technocratique où l’humain était sacrifié sur l’autel des pathologies – serait-il enfin sur le point de s’effondrer ?

Par ailleurs, la nomination de Robert Kennedy Jr. comme secrétaire d’État à la Santé américain, confirmée le 13 février 2025 par un vote serré de 52 voix contre 48, reflète une reconnaissance des préoccupations des dissidents. Ciblé par le rapport du CCDH, Kennedy incarne le phénomène de « backfire » (effet boomerang) décrit par Martin : la censure excessive peut amplifier l’attention portée aux idées qu’elle cherche à étouffer. Ces deux nominations montrent que les mécanismes de contrôle, bien qu’efficaces à court terme, perdent de leur emprise lorsque les voix marginalisées gagnent en légitimité.

Applicabilité en France

En France, les mécanismes de Martin trouvent un écho marqué. Les médias ont massivement relayé les messages officiels du gouvernement et du Conseil scientifique, inondant l’espace public d’informations sur les confinements, les masques et les vaccins. Les voix dissidentes, comme celle du Pr Didier Raoult, défenseur de l’hydroxychloroquine, ont été marginalisées par l’ignorance et les attaques. Raoult a été caricaturé comme un « charlatan » par certains médias, et ses travaux ont reçu peu d’analyse sérieuse, malgré leur retentissement international.

La censure a également joué un rôle, avec la suppression de contenus critiques sur les réseaux sociaux. Des vidéos de médecins questionnant les confinements ou les vaccins ont été retirées de YouTube, renforçant l’impression d’un discours unique. L’ignorance des alternatives, comme l’exercice ou la nutrition pour renforcer l’immunité, a été frappante : les autorités sanitaires ont privilégié les vaccins, négligeant des approches complémentaires.

Ce climat a exacerbé la défiance envers les institutions, un phénomène amplifié par le déclassement de la France en « démocratie défaillante » par The Economist en 2021, en raison des restrictions jugées excessives pendant la pandémie. Un sondage de mars 2025 de France-Soir décrit une « crise de confiance sans précédent », avec seulement 30 % des Français faisant confiance au gouvernement pour gérer les crises sanitaires. Cette méfiance s’ancre dans la perception d’une opacité des autorités, renforcée par des scandales comme ceux décrits par Laurent Mucchielli, où il analyse la « délinquance pharmaceutique » et les conflits d’intérêt dans la gestion du COVID-19. De plus, une étude publiée dans International Journal of Environmental Research and Public Health (février 2025) souligne les effets négatifs des politiques COVID-19 sur la cohésion sociale en France, alimentant les tensions.

Les manifestations contre le pass sanitaire, souvent dépeintes comme irrationnelles, peuvent être lues à travers le cadre de Martin comme une réaction à l’invisibilité des débats scientifiques. Cette défiance persiste, comme en témoigne la faible participation aux campagnes de vaccination saisonnières en 2024.

Pour aller plus loin : trois pistes à explorer

Pour approfondir l’analyse de Martin, trois pistes méritent d’être explorées :

  • Impact sur la confiance à long terme : les mécanismes de contrôle ont laissé des traces durables. En France, des sondages récents montrent une baisse de la confiance dans les vaccins, avec seulement 55 % des Français se disant prêts à se faire vacciner contre la grippe en 2024, contre 65 % avant la pandémie. Cette érosion de la confiance, décrite dans l’article de France-Soir comme une « rupture », pourrait compliquer la gestion de futures crises sanitaires.
  • Comparaison internationale : une analyse comparative avec des pays comme la Suède, qui a privilégié une approche moins restrictive, pourrait éclairer l’impact des mécanismes de Martin. En Suède, l’absence d’inondation massive et de censure stricte a permis un débat plus ouvert, bien que controversé, sur les stratégies sanitaires. Cette comparaison pourrait révéler comment des contextes moins coercitifs influencent la confiance publique.
  • Rôle des réseaux sociaux alternatifs : pendant la pandémie, des plateformes comme Telegram ou Rumble sont devenues des refuges pour les voix dissidentes, contournant la censure des grands réseaux. En France, des groupes Telegram ont relayé des critiques sur les politiques COVID-19, attirant des milliers d’abonnés. Explorer ce phénomène pourrait montrer comment les challengers ont adapté leurs stratégies face à l’écologie de contrôle décrite par Martin.

L’article de Brian Martin offre une grille d’analyse essentielle pour comprendre comment le contrôle de l’information a façonné la gestion de la pandémie. En décortiquant les mécanismes d’inondation, d’ignorance, de censure et d’attaque, il met en lumière les dynamiques qui ont marginalisé les voix dissidentes, souvent au détriment du débat scientifique.

Comme il le souligne, « faire taire les opinions dissidentes implique que les opinions des autorités et de leurs porte-parole soient correctes et vitales, qu’il n’y ait aucun intérêt à les vérifier et qu’il n’y ait aucun risque qu’elles soient erronées ou préjudiciables. 

Cela suppose également que le public est incapable de se faire sa propre opinion en connaissance de cause lorsqu’il est exposé à des opinions contraires et qu’il faut donc le protéger de ces opinions en ne les mentionnant jamais ou en les discréditant. »

Les nominations de Jay Bhattacharya et Robert Kennedy Jr. montrent que ces mécanismes, bien qu’efficaces à court terme, peuvent perdre leur emprise face à la résilience des critiques. En France, où la défiance envers les institutions s’amplifie, exacerbée par le déclassement démocratique et les scandales pharmaceutiques, l’analyse de Martin appelle à repenser la transparence et la pluralité dans les crises futures. Comme il l’indique, une question persiste : « Qu’ont-ils cherché à cacher ? »





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