Le monde arabe, choix historique de la diplomatie espagnole
Le soutien de Madrid à la Palestine s’explique par l’engagement de longue date des forces qui composent la coalition au pouvoir dans ce domaine. Mais il puise également dans une tradition historique singulière, qui a par exemple vu les courants fascistes prôner l’enseignement de l’arabe à l’école.
Hani Zurob. – « Excuse Me Peter Doig : This Is a Sea Canoe » (Excuse-moi Peter Doig : c’est un canoë de mer), 2015
© Hani Zurob
Dès le début de la guerre dévastatrice lancée par Israël à Gaza en réponse aux attaques du Hamas du 7 octobre 2023, Madrid défend les Palestiniens et s’attire les foudres du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. L’Espagne s’impose ainsi comme un acteur diplomatique singulier en Europe. La coalition qui dirige le pays se distingue dans le paysage européen. Au sein de l’exécutif, le président du gouvernement Pedro Sánchez, issu du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), s’appuie sur Sumar, à sa gauche, soit le regroupement d’Izquierda Unida (IU, Gauche unie), du Parti communiste d’Espagne (PCE) et de divers partis progressistes régionaux. Sa majorité parlementaire inclut Podemos — au gouvernement de 2020 à 2023 mais qui a rompu avec Sumar — et des formations indépendantistes basques et catalanes. Toutes ces forces, selon des modalités et des niveaux d’engagement différents, soutiennent la résistance du peuple palestinien en raison de leur appui à toutes les luttes de décolonisation.
L’engagement de Madrid s’inscrit aussi dans une certaine tradition diplomatique. La reconnaissance de l’État de Palestine (avec l’Irlande et la Norvège) intervenue le 28 mai 2024, le soutien à la procédure intentée le 28 octobre 2024 par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre Israël pour « génocide » et la suspension partielle des exportations d’armes vers ce dernier ne procèdent pas seulement des circonstances politiques.
Il faut attendre 1986 et l’intégration à la Communauté économique européenne (CEE) pour que l’Espagne, dirigée par le socialiste Felipe González, reconnaisse Israël. Après tous les autres pays du Vieux Continent. De fait, au lendemain de la seconde guerre mondiale et de la défaite des puissances de l’Axe — Allemagne, Italie, Japon —, la dictature franquiste au pouvoir depuis 1939 se retrouve isolée sur la scène diplomatique, en butte à l’hostilité de Londres et Paris, à l’écart de l’Organisation des Nations unies (ONU) comme de l’Alliance atlantique. (…)
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