« Ces gens-là se cooptent entre eux », par Pierre Daum (Le Monde diplomatique, avril 2025)


JPEG - 107.2 ko

Jonas Bendiksen. – Le marché Ason Chowk à Katmandou, 2005

© Jonas Bendiksen / Magnum Photos

Il y a une forme de domination dont les Népalais parlent peu et que les maoïstes ont totalement ignorée : la suprématie de la caste des bahun (ou des brahmanes, la caste des clercs) — et dans une moindre mesure de celle des chhetri (ou kshatriya, caste des guerriers) — dans tous les secteurs de la société. Le premier ministre Pushpa Kamal Dahal (« Prachanda »), ancien commandant suprême des forces maoïstes ? Un bahun. M. Khadga Prasad Sharma Oli, indéboulonnable dirigeant du Parti communiste du Népal marxiste-léniniste unifié (PCN-MLU) ? Bahun. Son homologue du Congrès népalais (NC) ? Idem. Le chef de la police dans le district de Thabang ? Un bahun lui aussi. La plupart des hôteliers, des commerçants, des entrepreneurs, des directeurs d’administration, des ingénieurs, des professeurs d’université, etc. ? Des bahun. Parfois des chhetri, notamment parmi les officiers supérieurs de l’armée. À Katmandou, on peut aussi avoir affaire à un membre d’une grande famille newar…

Bahun, chhetri, newar, dalit… La société népalaise est constituée d’une mosaïque de castes et d’ethnies difficilement déchiffrable pour les non-initiés. Cette mosaïque est le fruit de la rencontre entre des ethnies autochtones (ou janajati) et des populations venues d’Inde au cours des siècles. Ces dernières imposèrent leur langue — le népalais est assez proche de l’hindi —, ainsi qu’une hiérarchisation de la société consubstantielle à leur religion, l’hindouisme. Au sommet, les bahun, traduction népalaise des brahmanes indiens, qui représentent aujourd’hui 11 % de la population. Puis les chhetri (16 %), et tout en bas, méprisés par tout le monde, les dalit (ex-« intouchables », 14 %), que les autres considèrent comme tellement impurs qu’il leur est odieux qu’ils s’assoient à leur table et touchent leur nourriture — ou, encore pire, qu’ils mettent un pied dans leur cuisine ! Et, intercalés entre les chhetri et les dalit, les (…)

Taille de l’article complet : 1 248 mots.

Cet article est réservé aux abonnés

Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises,
accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours.
Retrouvez cette offre spécifique.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *