Malgré une troisième rencontre entre l’envoyé spécial américain Steve Witkoff et le président russe Vladimir Poutine, le Kremlin dit ne s’attendre à “aucune percée” diplomatique majeure. Peu avant cette rencontre, le président américain Donald Trump a écrit que « la Russie doit agir » pour mettre fin à la guerre, ajoutant qu’elle était « terrible et insensée ». Les négociations lentes pour une paix en Ukraine alimentent les critiques contre la Russie, qui ferait planer le doute sur sa volonté réelle de s’engager dans des négociations de paix concrètes.
En mars, les efforts de l’administration Trump aboutissent à un round de négociations qui a eu lieu à Djeddah, en Arabie saoudite. Ces discussions concernaient à ce stade les ukrainiens et les américains, devant aboutir à un accord de cessez-le-feu temporaire de 30 jours, couvrant les attaques terrestres, aériennes et maritimes. En réponse à l’engagement ukrainien, Washington a repris son assistance militaire et son partage de renseignements avec Kiev, ce qui a marqué un tournant dans les relations bilatérales après une période de tensions, ayant atteint son pic avec la visite de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche lors d’un entretien avec Donald Trump.
Kiev est OK, Moscou inflexible sur ses conditions
Cet accord est fragile, dépendant de l’acceptation par la Russie. Le Kremlin a posé des conditions strictes, communiquées à la fin d’un des entretiens téléphoniques entre son président et son homologue américain. « La partie russe a souligné un certain nombre de points essentiels concernant le contrôle effectif d’un éventuel cessez-le-feu sur l’ensemble de la ligne de contact, la nécessité de mettre fin à la mobilisation forcée en Ukraine et au réarmement des forces armées ukrainiennes », avait rapporté Moscou.
La Maison Blanche, de son côté, évoque un “avenir avec une meilleure relation bilatérale entre les États-Unis et la Russie” et peu après les pourparlers de Djeddah, le président américain a poursuivi ses efforts diplomatiques en engageant directement Vladimir Poutine. Les discussions ont abordé des sujets sensibles tels que les concessions territoriales. Malgré l’optimisme de Donald Trump quant à une résolution rapide du conflit, les négociations devaient rester dans l’impasse.
Volodymyr Zelensky reprochait alors à Poutine de “continuer à faire durer cette guerre », lui reprochant “d’ignorer la proposition » de cessez-le-feu. Trump a alors intensifié ses critiques envers la Russie, exhortant Moscou à « agir rapidement » pour mettre fin au conflit. Il a également évoqué la possibilité d’imposer de nouvelles sanctions si aucun progrès n’était réalisé d’ici fin avril
Vendredi, il écrivait encore sur sa plateforme Truth Social : « la Russie doit agir » pour mettre fin à la guerre, « terrible et insensée ». Son message intervenait peu avant la rencontre, la troisième, entre l’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, avec Vladimir Poutine, pour convaincre ce dernier d’accepter un cessez-le-feu total en Ukraine.
Quatre heures de discussions
M. Witkoff a d’abord rencontré l’envoyé de M. Poutine, Kirill Dmitriev. Selon l’agence TASS, citant Reuters, il a déclaré au président américain Donald Trump, après avoir rencontré l’envoyé spécial du président russe et directeur du Fonds d’investissement direct russe Kirill Dmitriev, que le moyen le plus rapide de négocier un cessez-le-feu en Ukraine était “de reconnaître le contrôle de Moscou sur les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que sur les régions de Kherson et de Zaporojie”.
Les pourparlers entre Steve Witkoff et Vladimir Poutine ont duré plus de quatre heures, selon les médias d’État russes. “La réunion a porté sur les aspects du règlement ukrainien”, a déclaré le Kremlin dans un court communiqué, sans donner plus de détails.
Avant les discussions, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : « on ne s’attend pas à des percées ». “Le processus de normalisation des relations se poursuit”, avait-il expliqué.
De quoi alimenter les critiques des gouvernements européens, qui estiment que le président russe utilise les discussions bilatérales avec Washington, desquelles est exclue l’UE, pour retarder les négociations sur la guerre et la faire durer. La Maison Blanche se dit toujours déterminée à obtenir un accord de paix, même si quatre semaines se sont écoulées depuis les propositions de cessez-le-feu, a déclaré la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce.
« Il s’agit d’une dynamique qui ne sera pas résolue militairement. C’est un hachoir à viande », a déclaré Mme Bruce, ajoutant que « rien d’autre ne peut être discuté (…) tant que les tirs et les meurtres n’auront pas cessé ».