jour international de lutte pour les droits des travailleurs


Le 1er mai 2025, des millions de gens défileront partout dans le monde pour la journée internationale des droits des travailleurs. Cette date particulière découle d’une Histoire marquée par le sang. Parfois détournée par le capitalisme, elle doit cependant rappeler que les conquis sociaux ne sont pas tombés du ciel, mais ont dû être arrachés par les travailleurs de ceux qui possèdent les moyens de production.

Chômé dans de très nombreux États du monde, le 1er mai est commémoré dans pas moins de 163 pays sur 195. Rendez-vous immanquable des syndicats et partis politiques de gauche, il ramène à des évènements pourtant trop souvent oubliés. Retour sur l’Histoire d’un jour incontournable pour les droits humains.

Une lutte pour les droits des travailleurs

L’idée d’une journée dédiée aux travailleurs émerge pour la première fois en 1793 lorsque le poète révolutionnaire Fabre d’Églantine propose de l’y inscrire dans le nouveau calendrier républicain. Fêtée un temps, cette date (le 20 janvier) tombera pourtant dans l’oubli.

Tout au long du XIXe siècle, avec l’ère industrielle, la volonté des salariés d’acquérir des droits essentiels grandit de plus en plus. Aux États-Unis, en 1886, la pression augmente sur le patronat. Les employés souhaitent généraliser la journée de huit heures de travail.

La grève historique de 1886

Le 1er mai, les syndicats font pression et obtiennent ce droit pour 200 000 salariés. Mais d’autres sont obligés de mener de puissantes grèves pour faire céder les employeurs. Soutenu par les anarchistes, le mouvement s’amplifie à Chicago, mais il est violemment réprimé par la police, causant trois décès parmi les manifestants.

Quatre jours plus tard, les anarchistes organisent un meeting de protestation. La police intervient à nouveau pour disperser la foule. Une bombe explose alors, tuant plusieurs membres des forces de l’ordre. Huit militants anarchistes sont arrêtés, jugés sommairement et condamnés à mort. Trois échapperont finalement à la peine capitale, mais quatre autres seront bien pendus un an plus après (le dernier s’étant suicidé).

En 1893, John Altgeld, nouveau gouverneur local, finira par reconnaître ces exécutions comme une injustice et les anarchistes incriminés seront réhabilités par l’État. Dans le même temps, l’idée du 1er mai comme une journée internationale des travailleurs a commencé à se répandre à travers le monde. L’internationale socialiste l’avait d’ailleurs déjà officiellement instituée depuis 1889 avec une revendication principale identique.

Une idée qui fait boule de neige

Pour réclamer cette avancée, les militants du monde entier arborent un triangle rouge cousu à leur maillot. Le rouge symbolise le socialisme et les trois côtés de cette figure géométrique représentent leur combat : huit heures de travail, huit heures de sommeil, huit heures de loisir.

Fervents adversaires de l’idéologie de gauche, les nazis utiliseront plus tard ce triangle dans les camps de concentration pour identifier les opposants politiques (les juifs en avaient un jaune et les homosexuels un rose). Après la guerre, ce triangle sera de nouveau porté par certains militants de gauche comme un symbole antifasciste.

Un combat dans le sang

En 1891, lors du premier mai à Fourmies, ville industrielle du nord de la France, des manifestants sont massacrés par la police. Dix d’entre eux (dont deux enfants) sont ainsi tués par balle, et trente-cinq sont blessés.

– Pour une information libre ! –Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

À partir de cet évènement, la fleur d’églantine rouge remplacera le triangle de la même couleur dans de nombreux cortèges, rendant hommage aux victimes de Fourmies, mais aussi à Fabre d’Églantine.

Bataille de symboles

Finalement, ce n’est qu’en 1919 que le gouvernement français se décidera enfin à céder et à instituer la journée de travail à huit heures. Il faut dire que dans le même temps, l’Empire russe vient d’être renversé par la révolution et que les idées communistes commencent à monter partout en Europe. Craignant une contagion, la bourgeoisie française accepte donc de lâcher du lest en votant cette mesure.

Le 1er mai devient alors une journée chômée, et s’entérine définitivement comme un symbole pour les droits du travail. Pourtant, quand la Seconde Guerre mondiale éclate puis que l’extrême droite de Philippe Pétain prend le pouvoir en France, le régime de Vichy prend bien soin d’effacer toutes connotations de gauche sur cette journée.

Fête du Travail contre journée internationale des travailleurs

Ainsi, Pétain nomme le jour « Fête du travail et de la concorde sociale » (ce qui fait écho à sa devise Travail, Famille, Patrie) et il le rend définitivement férié. Il tire par ailleurs parti d’une vieille tradition de vente du muguet à cette époque pour faire définitivement disparaître l’églantine au profit de la fleur blanche.

Juste après la guerre, l’appellation de « fête du Travail » sera pourtant bien conservée et instrumentalisée dans les esprits par la droite de l’échiquier politique. De ce fait, elle tente de dissimuler qu’il s’agit à l’origine d’une journée de lutte et elle glorifie la « valeur travail » chère aux libéraux (et surtout aux portefeuilles des patrons qu’elle permet de remplir).

Une méthode contre laquelle des millions de manifestants continuent chaque année de se battre en défilant dans les rues pour rappeler à tous les travailleurs que leurs droits ne sont pas tombés du ciel et qu’il faudra encore se dresser contre le capitalisme néolibéral pour les préserver et pour en obtenir de nouveaux.

Simon Verdière


Photo de couverture : Flickr

– Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous –

Donation



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *