Le 14 juin 2025, le Département de la Justice des États-Unis (DOJ) a dévoilé un scandale majeur impliquant l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID). Roderick Watson, un officier contractuel de l’USAID, ainsi que trois cadres – Walter Barnes, Darryl Britt et Paul Young – ont plaidé coupable dans une affaire de corruption impliquant plus de 550 millions de dollars de contrats fédéraux sur une décennie. Les entreprises Apprio, Inc. et PM Consulting Group LLC (Vistant) ont reconnu leur responsabilité, acceptant des amendes civiles de 500 000 $ et 100 000 $ respectivement. Cet article explore les détails de cette affaire, le rôle de l’USAID, les appels à sa fermeture, et établit un parallèle avec l’Agence Française de Développement (AFD), également critiquée.
Qu’est-ce que l’USAID ?
Créée en 1961 sous l’administration Kennedy, l’USAID gère l’aide étrangère des États-Unis, promouvant le développement économique et l’aide humanitaire dans plus de 100 pays avec un budget annuel dépassant 20 milliards de dollars. Via des programmes comme le 8(a) de la SBA, elle attribue des contrats sans appel d’offres à des entreprises désavantagées, un mécanisme exploité dans le scandale récent. Cependant, des critiques, relayées par FranceSoir, pointent du doigt des dérives : selon une enquête, l’USAID aurait joué un rôle dans la création de preuves contre Trump en 2019, tandis que Rand Paul a dénoncé des dépenses jugées absurdes, comme 2 millions de dollars pour des chirurgies transgenres au Guatemala ou 3 millions pour promouvoir l’action climatique au Brésil (FranceSoir, 2025). Ces accusations alimentent les débats sur son efficacité.
Le scandale en détail
L’affaire a débuté en 2013, lorsque Roderick Watson, en tant qu’officier contractuel de l’USAID, aurait accepté des pots-de-vin de Darryl Britt, propriétaire d’Apprio, Inc., en échange de l’attribution de contrats fédéraux. Apprio, certifiée sous le programme 8(a), a bénéficié de contrats lucratifs sans compétition. Lorsque Apprio a perdu son statut 8(a) entre 2018 et 2022, le schéma a évolué : Vistant, dirigée par Walter Barnes, est devenue le contractant principal, avec Apprio comme sous-traitant, tandis que les pots-de-vin continuaient via Paul Young, président d’une autre sous-traitance.
Au total, au moins 14 contrats d’une valeur dépassant 550 millions de dollars ont été manipulés. Les pots-de-vin incluaient de l’argent liquide, des hypothèques et même des suites VIP pour des matchs de la NBA. En 2022, Barnes et Watson auraient également fraudé une société d’investissement en omettant de signaler cette corruption lors d’un accord de crédit avec Vistant. Le DOJ a qualifié cette affaire de « schéma de corruption de longue date », soulignant l’ampleur systémique du problème.
Les peines restent modestes : une amende de 500 000 $ pour Apprio et 100 000 $ pour Vistant, accompagnées d’accords de poursuite différée exigeant une coopération continue et des programmes de conformité. Les individus impliqués font face à des poursuites, mais les critiques estiment que ces sanctions sont dérisoires face aux montants détournés.
Contexte et implications
Ce scandale renforce les critiques contre l’USAID, notamment depuis que l’administration Trump, via le Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE), a gelé ses fonds. Des articles de France-Soir suggèrent que l’agence serait impliquée dans des opérations secrètes, comme le financement d’Internews Network pour contrôler l’information, ou dans des renversements politiques (ex. chute de Bolsonaro). Rand Paul et Michael Shellenberger ont tous deux témoigné des dérives de l’USAID devant diverses commissions. Avec plus de 10 000 employés et un impact mondial, sa fermeture potentielle divise : certains la jugent nécessaire face à la corruption, d’autres craignent une perte d’influence américaine. Des voix au Congrès et parmi les experts, comme ceux du Brookings Institution, dénoncent ces tentatives comme illégales et contraires aux intérêts nationaux, arguant que le Congrès, qui finance l’agence, devrait avoir le dernier mot.
Parallèle avec l’Agence Française de Développement (AFD)
L’AFD, bras armé de la France pour le développement international, partage des similitudes avec l’USAID. Officiellement, elle promeut la transparence et une tolérance zéro envers la corruption (AFD.fr). Pourtant, des enquêtes de France-Soir (2023 2025) révèlent des pratiques douteuses : potentiels détournements de fonds, manque de contrôle sur les projets, et une opacité critiquée dans ses partenariats. Ces allégations, bien que non confirmées judiciairement, soulignent un problème global dans les agences de développement, où les intentions humanitaires masquent parfois des intérêts politiques ou financiers.
Réactions et débats
Les réactions oscillent entre indignation et cynisme. Certains y voient une preuve de la corruption systémique à Washington, tandis que d’autres relient cette affaire aux efforts de DOGE pour réformer les dépenses fédérales. Certains suggèrent que ce scandale pourrait justifier une refonte complète des systèmes d’attribution de contrats, tandis que d’autres exigent des enquêtes plus larges pour identifier d’éventuels complices.
Le faible montant des amendes a également suscité des critiques, certains estimant que cela équivaut à une tape sur la main pour un vol de centaines de millions. La question demeure : combien d’autres schémas similaires restent cachés dans les budgets d’aide étrangère ?
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Le scandale de l’USAID illustre des failles graves dans la gestion des fonds publics et le scandale de Roderick Watson et de ses complices illustre les abus possibles dans les programmes d’aide. Alors que l’administration Trump pousse à la fermeture de l’agence, une réforme globale des institutions de développement semble incontournable.
Entre réforme, dissolution ou renforcement des contrôles, l’issue de cette crise dépendra des décisions politiques à venir. Une chose est certaine : la transparence et la responsabilité devront être au cœur des débats pour restaurer la confiance dans les institutions américaines.
Et également en France où la confiance dans les institutions et dans la direction donnée au pays par Emmanuel Macron est au plus bas. Seuls 4% des Français pensent qu’Emmanuel Macron mène le pays dans la bonne direction et 76% dénoncent une corruption endémique. (Sondage mai 2025 MIS Group pour France-Soir/Bonsens.org)