Le MI6 a sa première dirigeante. Downing Street a annoncé dimanche 15 juin la nomination de Blaise Metreweli à la tête du renseignement britannique extérieur. Il s’agit de la première femme à occuper ce poste. Cette nomination intervient dans un contexte géopolitique tendu pour le Royaume-Uni, qui affirme faire face à des actions hostiles de la part de la Russie, de la Chine et de l’Iran, comme des activités de sabotage, d’espionnage et de cyberattaques.
Âgée de 47 ans, Blaise Metreweli est diplômée en anthropologie de l’Université de Cambridge et a rejoint le MI6 en 1999, où elle a occupé divers postes opérationnels au Moyen-Orient et en Europe.
“Ms.Q” prend la tête du MI6
Avant sa nomination, elle était directrice générale de la section “Q”, chargée des questions technologiques et de l’innovation au sein du MI6, un rôle qu’elle occupe encore et qui l’a conduite à superviser les développements technologiques stratégiques de l’agence.
La presse britannique rapporte aussi que Blaise Metreweli a exercé des responsabilités de direction au MI5, le service de renseignement intérieur, de quoi la doter d’une expérience à la fois sur les théâtres extérieurs et intérieurs. Elle sera la première femme à diriger le MI6, le renseignement extérieur britannique, a annoncé dimanche Downing Street.
Une nomination « historique », s’est félicité le Premier ministre, Keir Starmer. Cette nomination « intervient à un moment où le rôle de nos services de renseignement n’a jamais été aussi crucial », affirme-t-il. « Je suis fière et honorée qu’on me demande de diriger mon service », a-t-elle réagi de son côté, disant se « réjouir » de poursuivre son travail aux côtés des « courageux officiers » du MI6.
« Dans un contexte d’instabilité mondiale et de menaces sécuritaires croissantes où la technologie confère un avantage stratégique (…) Blaise veillera à ce que le Royaume-Uni relève ces défis pour garantir la sécurité du pays », a ajouté le ministre des Affaires étrangères, David Lammy.
Blaise Metreweli succédera à Richard Moore, qui quittera ses fonctions à l’automne 2025 après quatre années de service. Il a été le premier chef du service à s’exprimer publiquement sur les réseaux sociaux, notamment via Twitter. Selon The Independant, il avait plaidé pour la fin des listes de candidatures réservées aux hommes pour la succession à sa propre fonction.
L’agence à l’heure de la guerre hybride
Il avait surtout insisté sur l’importance de l’engagement britannique en Ukraine, considérant avec son ex-homologue de la CIA, Bill Burns, la Russie et la Chine comme “la plus grande menace” pour l’ordre mondial.
Le patron du MI6 est le seul membre de l’organisation dont le nom est rendu public. Il est sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères. Les services de renseignements britanniques se composent du MI6 pour l’extérieur, du MI5 pour l’intérieur et du GCHQ, qui signifie Quartier général des communications.
Mis à part le MI6, les autres services ont déjà eu une dirigeante. En 2023, Anne Keast-Butler a été la première femme nommée à la tête du GCHQ. Jusqu’alors, seul le MI5 avait été dirigé par des femmes : Stella Rimington entre 1992 et 1996, puis Eliza Manningham-Buller entre 2002 et 2007.
Certes, la nomination de Blaise Metreweli s’inscrit dans une dynamique d’ouverture et de diversité au sein des services de renseignement britanniques. Mais sur le plan stratégique, le choix de la directrice générale de la section “Q” spécialisée dans la technologie et l’innovation, intervient surtout à un moment où la cybersécurité et l’innovation technologique bouleversent aussi bien le renseignement moderne que les guerres hybrides.