Les géants de l’électricité espagnole Iberdrola et Endesa rêvent d’un sursis nucléaire. Vendredi, ils ont adressé une lettre au ministère de la Transition écologique pour suggérer un décalage de la fermeture de plusieurs centrales, dont Almaraz, la plus puissante du pays, prévue pour 2028.
Présenté comme une « intention » et non une demande officielle, ce geste relance le débat sur l’avenir de l’atome en Espagne. Il faut dire que la panne électrique majeure du 28 avril, qui a plongé une large partie de la péninsule ibérique dans le noir, a offert un argument en or aux partisans du nucléaire. Ceux-ci alertent depuis des mois sur les risques d’un retrait trop rapide du parc atomique. Et voilà qu’Iberdrola et Endesa, initialement signataires du plan de sortie adopté en 2019, reviennent sur leurs engagements. Selon l’AFP, le gouvernement n’a pas encore tranché : « La sécurité, l’approvisionnement et le coût pour les citoyens » restent les trois conditions non négociables pour réévaluer ce calendrier.
Naturgy, autre copropriétaire d’Almaraz, n’a pas signé la lettre. Sans consensus entre les exploitants, aucune révision n’est envisageable. Le gouvernement Sánchez, grand promoteur des énergies renouvelables, accepte d’écouter, mais refuse d’ouvrir les vannes du nucléaire à ses frais : si prolongation il y a, ce sera à condition que les groupes concernés assument la facture.
À l’heure où le mix énergétique espagnol dépend encore à 20 % du nucléaire, et où les énergies renouvelables ne couvrent pas toujours les besoins, ce débat illustre un dilemme bien européen : comment se passer du nucléaire sans risquer la bougie ?