À Los Angeles, la colère gronde et la résistance s’organise. Face aux rafles massives orchestrées par l’ICE et soutenues par l’armée, la mégapole californienne devient le symbole d’une lutte frontale entre une politique migratoire ouvertement raciste et une mobilisation populaire. Dans les quartiers hispanophones, familles arrêtées sans mandat, violences policières et couvre-feux imposés illustrent une dérive autoritaire d’une extrême brutalité. Mais la rue ne plie pas : drapeaux latino-américains, slogans contre l’ICE et barricades improvisées témoignent d’une résistance civique face à un président qui instrumentalise la peur et l’armée pour asseoir son pouvoir.
Los Angeles brûle, la démocratie flanche sous les (trop nombreux) coups du dictateur Donald Trump. Depuis quelques jours, la mégapole californienne est le théâtre d’affrontements d’une rare intensité, en cause – des arrestations et/ou expulsions massives de personnes visées par l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) – orchestrées à marche forcée par la politique migratoire de l’administration américaine.

En réponse à ces expulsions illégales et violentes, et surtout totalement aveugles, la rue s’embrase et des barricades s’érigent, avec en réponse une riposte du président qui ne fait pas dans la demi-mesure : 4 800 militaires, dont 2 100 gardes nationaux et 700 Marines, déployés manu militari dans les rues de Los Angeles – du jamais vu depuis des décennies, avec un total de 600 arrestations (mise à jour du 20 juin).
Expulsions à Los Angeles : Trump sort la Garde, les militaires et les marines
Dans les rues de Paramount, banlieue hispanophone de Los Angeles, la tension est à son comble, portée une jeunesse latino-américaine mobilisée contre les politiques migratoires fédérales… Drapeaux sud-américains brandis, feux d’artifice pendant le couvre-feu, voitures calcinées, slogans anti-ICE (Immigration and Customs Enforcement) tagués : la contestation ne faiblit pas, selon TV5Monde.
Une répression à l’image de la démesure trumpiste
« Il y a actuellement davantage de soldats américains dans cette cité qu’en Irak (2 500) et en Syrie (1 500) », revendique le Pentagone, qui investit la tactique de la surenchère. La Maison-Blanche a en effet dégainé l’arme lourde : la Garde nationale, envoyée sans même consulter ni le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, ni même la maire Karen Bass, activiste en faveur des droits des communautés pauvres de Los Angeles.
La stratégie du choc
Les forces fédérales, elles, répliquent à coups de grenades assourdissantes et de menottes, tirs de balles en caoutchouc sous l’œil des caméras et des réseaux sociaux, où les scènes de confrontations musclées alimentent la bataille, côté conservateurs comme démocrates. Une stratégie classique des grandes puissances pour que le « show must go on », un show où les drapeaux américains brûlés nourrissent le vice raciste et nationaliste, permettant à Trump et sa radicalité dictatoriale de ne s’en porter que mieux.
Violer les lois
Maire et gouverneur dénoncent une décision « volontairement incendiaire », une opération de communication « inconstitutionnelle » et « illégale » puisque Trump n’a pas consulté le gouverneur comme le droit l’exige afin de mettre tout bonnement de l’huile sur le feu de cette enclave démocrate résistante au conservatisme ambiant.
L’ICE arrête non pas des personnes en cours de procédure d’expulsions et avec de lourds casiers judiciaires – comme on pourrait le croire – mais « cible aveuglément des familles qui travaillent dur, sans tenir compte de leurs origines ou des risques qu’elles encourent », assène Gavin Newson dans un discours relayé par Le Monde, dans lequel il promet cependant que les vandales seront punis, via leurs propres forces de l’ordre locales.
La maire Karen Bass, qui a mis en place un couvre-feu dans plusieurs quartiers du 10 au 18 juin pour éviter (encore) plus de débordements, accuse l’administration de « provoquer le chaos » et rappelle que la police locale maîtrisait la situation pour le moins délicate, circonscrite à quelques quartiers.
Trump se défend de « remédier à l’anarchie qu’on a laissé prospérer », rejetant la responsabilité sur les « incapables » démocrates californiens, selon SwissInfo. Ce discours, largement relayé sur les chaînes conservatrices, vise à mobiliser son électorat autour de la question sécuritaire et migratoire, alors que la Californie reste un bastion de résistance face aux politiques fédérales jugées répressives.
La rue ne désarme pas
Gavin Newson assure que la Californie continuera de se battre pour ses citoyens, jusqu’en justice, et assure avoir déployé un recours en justice pour « le déploiement irresponsable de l’armée des États-Unis. »
« Donald Trump ne défend pas la communauté, il la traumatise »
Face aux rafles militaires organisées par le dictateur, « nous devons défendre notre peuple », lance une manifestante. Les quartiers populaires de Los Angeles, déjà marqués par la précarité et la peur, deviennent le symbole d’une résistance à la politique du choc.
Mais à quel prix ? Les experts alertent : « Il peut y avoir des morts… ». Il faut remonter aux émeutes de Watts, à la suite d’une altercation entre trois membres d’une famille afro-américaine et des policiers blancs, pour retrouver pareille escalade. Mais cette fois, l’histoire s’écrit sous les projecteurs d’un président qui joue la carte de la division, prêt à tout pour imposer sa loi, avec en face, une résistance anti-trump qui tente d’exister malgré tout.
Des rafles migratoires qui s’annoncent de plus en plus nombreuses
Trump a ordonné le 16 juin une nouvelle chasse aux sorcières avec de nouvelles opérations antimigrants à Los Angeles, Chicago et New York, en vue du « plus grand programme d’expulsions massives de l’histoire », avec pour objectif de détruire « l’esprit malade » de ces villes dirigées par des « démocrates d’extrême gauche ». Il a par ailleurs interdit l’usage du masque lors des manifestations.
« Si des citoyens peuvent être appréhendés dans la rue sans mandat d’arrêt, sur la base d’un simple soupçon ou de la couleur de peau, ça veut dire qu’aucun de nous n’est à l’abri », conclut le gouverneur.
On vous recommande chaleureusement cette vidéo de Blast pour comprendre l’ampleur de la violence.
– Maureen Damman
Photo de couverture :LA, Californie. 12 juin 2025. Wikimedia.
