Un défi à la nation iranienne, par Shervin Ahmadi & Marmar Kabir (Le Monde diplomatique, juillet 2025)


Des immeubles détruits en plein Téhéran, des colonnes de fumée à l’horizon. Ce 13 juin, l’attaque redoutée depuis des années vient de commencer. Dès les premières heures, les plus aisés fuient la capitale iranienne pour rejoindre leur villa sur les bords de la mer Caspienne. Les files d’attente s’allongent devant les stations-service et les magasins alimentaires. Les nombreux travailleurs journaliers perdent leurs maigres revenus et plongent dans la précarité, tandis que le chef de la police fait appel aux témoins pour débusquer les « terroristes » dissimulés dans la population.

Très vite, l’aviation israélienne prend le contrôle du ciel iranien, détruit au moins en surface des centres de recherche nucléaire et des bases de lancement de missiles. L’attaque revêt un caractère spectaculaire avec l’élimination de scientifiques, ainsi que la décapitation du commandement de l’armée et des « gardiens de la révolution » (pasdarans), l’organisation paramilitaire qui dépend directement du Guide suprême. Des infiltrations audacieuses et des capacités technologiques hors norme semblent donner un avantage majeur et rapide à Israël, qui peut compter sur l’entrée en scène, une semaine plus tard, de son protecteur américain capable d’infliger « des dégâts monumentaux » aux sites nucléaires, selon le président Donald Trump.

Avec une population dix fois moindre et un territoire quatre-vingts fois plus petit, David aurait triomphé de Goliath en douze jours. Mais ces succès démontrent aussi l’exagération de la menace. Les dépenses militaires de l’Iran ne représentaient que 14 % de celles d’Israël en 2024. Et cette proportion tend à diminuer. Les coups portés contre les mandataires de Téhéran — Hezbollah au Liban, forces alliées de Bachar Al-Assad en Syrie, houthistes au Yémen — montraient déjà que beaucoup de proclamations martiales de l’« axe de la résistance » relevaient de la forfanterie. Même s’il prétendait « maîtriser parfaitement le théâtre de cette guerre hybride et totale » à l’issue des bombardements américains, le Corps (…)

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Shervin Ahmadi &

Marmar Kabir

Respectivement directeur et journaliste-traductrice de l’édition en farsi du Monde diplomatique, avec la contribution de Philippe Descamps.



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