Le vrai sens des « fake news », par Daniel Zamora (Le Monde diplomatique, juillet 2025)


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Michel Herreria. – « Souffleurs de vulgates », 2000

Quelques jours après l’inauguration du second mandat présidentiel de M. Donald Trump sous le regard bienveillant des oligarques de la Silicon Valley, le pape François alertait contre la « désinformation ». « Trop souvent, notait alors le souverain pontife, la communication simplifie la réalité pour provoquer des réactions instinctives . » Si l’on ne peut s’empêcher de sourire à l’idée que l’Église catholique — celle de l’Immaculée Conception, de la résurrection des morts et de la transformation de l’eau en vin — se place aux avant-postes du combat pour la vérité, ce diagnostic n’en est pas moins partagé par de larges franges du monde intellectuel et médiatique.

Depuis la victoire du Brexit au référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne en juin 2016, la prolifération de titres accrocheurs concernant les fake news et la « post-vérité » repose, à quelques variations près, sur un même récit : les algorithmes, qui valorisent la viralité, le clivage et les communautés de semblables, renforcent nos biais cognitifs et avantagent les fausses informations aux dépens des « faits ». La sphère publique se serait ainsi fractionnée en d’innombrables « tribus » autoréférentielles nichées dans des médias compartimentés : les universitaires en résistance sur Bluesky, les néofascistes vociférant sur X.Un besoin de politique

À chaque sensibilité sa chaîne YouTube et ses comptes Instagram. Dans cette configuration, la capacité d’argumenter, de s’écouter mutuellement et de résoudre des conflits par le biais de la raison laisserait peu à peu place à une guerre civile numérique nourrie par l’ambition politique de quelques milliardaires. Principale victime : la vérité elle-même. Ou, pour être plus précis, notre faculté à distinguer le vrai du faux.

Cette bascule aurait à son tour enfanté deux évolutions notables. La première a été bien décrite par le journaliste américain Matt Taibbi : non seulement la politique a « cessé de porter sur l’idéologie ; elle est devenue un problème (…)

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