La Bulgarie, pays plus pauvre de l’UE, adhère à la zone euro


Pays le plus pauvre du bloc européen, la Bulgarie, membre de l’UE depuis 2007, fait son entrée dans la zone euro. Les ministres des Finances de l’union ont donné mardi 08 juillet leur feu vert à l’adoption de cette monnaie par Sofia. Ce pays, historiquement proche de la Russie, abandonnera sa monnaie nationale, le lev, dès le 1er janvier 2026. Le Premier ministre, Rossen Jeliazkov, s’est félicité du moment “historique”, qui intervient après des semaines de manifestations contre cette adhésion à la zone euro.

La Bulgarie a officiellement manifesté son intention d’adhérer à la zone euro dès son entrée dans l’Union européenne en 2007, mais le processus concret a véritablement débuté en 2018. Le pays a rejoint le mécanisme de change européen (MCE II), considéré comme la “salle d’attente” de l’euro, en juillet 2020. 

Un moment “historique” mais surtout tendu pour les Bulgares

Sofia a toutefois été freiné, principalement par une inflation trop élevée et une instabilité politique persistante, avec une succession de gouvernements éphémères et des élections anticipées à répétition. Une volatilité politique qui a empêché l’adoption de réformes économiques, freinant la Bulgarie dans ses efforts de satisfaire les critères de convergence exigés par l’Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE). 

Ces deux institutions ont fini par donner leur feu vert à l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro début juin 2025, donnant par la même occasion le coup d’envoi de plusieurs semaines de manifestations. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pour exprimer leur opposition, brandissant des slogans comme “Non à l’euro” et installant des tentes devant la Banque nationale bulgare. 

Les manifestants disaient craindre une possible flambée des prix et une perte de souveraineté économique. De récents sondages révélaient que près de la moitié des Bulgares se disent opposés à l’entrée dans la zone euro, alimentés par la méfiance envers les institutions et la peur de l’inflation. Les pros-euro y voit, au contraire, une réussite et accusent les manifestants d’être influencés par Moscou. 

Pas de quoi refroidir les ministres des Finances de l’UE qui ont approuvé la candidature de la Bulgarie mardi. L’entrée officielle de ce pays dans la zone euro est prévue pour le 1er janvier 2026. 

“Nous l’avons fait !”, s’est rapidement félicité le Premier ministre bulgare Rossen Jeliazkov, qui a qualifié ce moment, sur un post X, “d’historique”. “Rejoindre la zone euro, c’est bien plus que remplacer le lev par l’euro. Cela vise à construire un avenir meilleur et plus prospère pour la Bulgarie et ses citoyens au cœur de l’Europe”, a-t-il déclaré à la fin du vote. 

Dans son post X, il a aussi  appelé à une adoption “harmonieuse” et “efficace”. “Si nous admettons que l’objectif principal du gouvernement est la prospérité de la nation, notre mission principale est de faire en sorte que les Bulgares de la zone euro bénéficient de revenus et d’un pouvoir d’achat plus élevés, afin que leurs revenus dépassent l’inflation”, a-t-il ajouté en conférence de presse.

Maintenir la pression sur Moscou

Malgré quelques progrès économiques, la Bulgarie reste le pays le plus pauvre de l’Union européenne, avec un niveau de vie et des indicateurs sociaux inférieurs à la moyenne du bloc. L’opinion publique reste par ailleurs divisée, beaucoup de Bulgares redoutant une hausse des prix et doutant que l’intégration monétaire améliore rapidement leur situation sociale.

Mais au-delà des considérations économiques, l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro semble surtout s’inscrire dans une stratégie géopolitique de l’Union européenne visant à renforcer sa cohésion et à maintenir la pression sur la Russie, même si cela implique de prendre le risque d’intégrer un pays dont le niveau de développement reste fragile. 

Pour Bruxelles, il s’agit d’un signal fort adressé à Moscou, montrant que l’attractivité du projet européen demeure intacte dans les Balkans, région historiquement proche de la Russie. Dans cette même logique, la volonté de Kiev d’adhérer à l’Union européenne s’est affirmée dès le début de la guerre en 2022, l’Ukraine considérant l’intégration européenne comme un gage de sécurité. 

Malgré le soutien affiché de la plupart des dirigeants européens et l’ouverture officielle des négociations d’adhésion en juin 2024, le processus reste entravé par le veto ou l’abstention de certains États membres, notamment la Hongrie. Cette situation illustre en même temps les divisions persistantes au sein de l’UE sur la question de l’élargissement et la difficulté de concilier ambitions géopolitiques et exigences d’unanimité, comme la suspension définitive de l’approvisionnement en gaz et pétrole russes.

 

 





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