La Légion d’honneur, instituée en 1802 par Napoléon Bonaparte pour célébrer les mérites éminents au service de la France, devait être le couronnement de la méritocratie républicaine. Aujourd’hui, elle ressemble à un baccalauréat avec mention distribué aux copains, même à ceux qui trahissent, mentent ou échouent avec une arrogance sidérante. Cette médaille, jadis symbole de bravoure, d’intégrité et d’excellence, est devenue une farce, un ruban rouge jeté sur les épaules d’imposteurs, au mépris des principes cardinaux de la République. À travers huit titres cinglants, nous explorons cette dérive, en nous appuyant sur des exemples de récipiendaires qui incarnent l’effondrement de la méritocratie, l’un des piliers cardinaux de la République.
Légion d’honneur ou légion de malheur
Ce titre, cruel, mais juste, traduit le désespoir d’une nation face à une distinction galvaudée. Marlène Schiappa, décorée en juin 2025, est l’illustration parfaite de ce malheur. Impliquée dans le scandale du Fonds Marianne, où 2,5 millions d’euros destinés à lutter contre le séparatisme ont été dilapidés dans des opérations douteuses, et pour lequel, Marlène Schiappa s’est défaussée avec une arrogance sidérante, niant toute responsabilité. Une médaille pour une ministre qui a transformé une cause noble en fiasco politique ? C’est un crachat sur la méritocratie, un malheur pour l’honneur républicain.

De l’honneur aux traîtres : la Légion dévoyée
Ce titre souligne la perversion de l’idéal initial de la Légion, désormais attribuée à des figures perçues comme ayant trahi la confiance publique. Nicolas Sarkozy, ancien président français, illustre ce cas. Décoré en 2004 pour son courage lors d’une prise d’otages, il a vu sa Légion d’honneur retirée en 2025 par suite d’une condamnation pour corruption. Cette chute d’un ancien chef d’État montre comment la distinction peut être dévoyée lorsqu’elle couronne des figures entachées par des scandales.

La Légion d’honneur : une médaille pour la trahison ?
Ce titre provocateur interroge la légitimité de certaines nominations. Agnès Buzyn, décorée en 2022 pour son rôle de ministre de la Santé, incarne cette question. Accusée d’avoir minimisé la gravité du Covid-19 et d’avoir quitté son poste en pleine crise pour se présenter aux municipales, elle a laissé un système de santé désarmé. Récompenser une telle gestion, perçue comme une trahison par beaucoup, illustre le fossé entre les critères officiels et les attentes du public.
Et, que dire d’Olivier Véran, qui sera promu Chevalier ce 14 juillet 2025. Médecin devenu ministre de la Santé, il a trahi la confiance des Français par sa gestion de la crise Covid-19, imposant des restrictions jugées incohérentes et défendant des politiques vaccinales controversées au risque de passer outre son serment d’Hippocrate : primun non nocere aux oubliettes. Sa Légion d’honneur est une forme de cynisme rare et d’atteinte au respect des victimes d’effets secondaires de la vaccination covid-19. Récompense-t-elle vraiment un service à la nation, ou une fidélité aveugle à un système ? La méritocratie, piétinée, pleure ce dévoiement comme les proches des victimes des effets secondaires pleurent leurs enfants ou proches disparus « mort pour la France » dans « une guerre contre un virus ».
Éric Dupond-Moretti, aussi décoré en juillet 2025, incarne lui aussi cette question. Avocat pénaliste surnommé « l’Acquitator » pour ses nombreux acquittements, il a marqué son passage au ministère de la Justice par des polémiques, notamment un bras d’honneur à l’Assemblée nationale et une mise en examen pour prise illégale d’intérêts, bien qu’il ait été relaxé. Récompenser un ministre aussi clivant, c’est comme donner une médaille à un torero dans une arène vide : une trahison des valeurs républicaines.

Honneur en toc : la légion des Faux-Héros
Avec une ironie mordante, ce titre raille une distinction vidée de son sens. Bruno Le Maire, élevé au grade d’officier en 2025, est un cas d’école. Ministre de l’Économie, il a promis de « mettre l’économie russe à genoux » tout en laissant la dette française exploser plus de 1000 milliards d’euros supplémentaires. Une telle incompétence, couronnée par une médaille, transforme la Légion d’honneur en un hochet en toc, décerné à des faux-héros qui brillent par leur échec plutôt que par leur mérite. La République, qui devrait primer la compétence, se ridiculise.
Légion d’honneur : quand la gloire couronne la trahison
Opposons la gloire supposée de la médaille à la trahison qu’elle semble parfois célébrer avec ce titre. Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique pendant la crise du Covid-19, décoré en 2023, illustre ce paradoxe. Ses recommandations, jugées par certains, avec une visibilité de plus en plus importante avec les dernières études scientifiques, comme autoritaires et scientifiquement discutables, ont alimenté la méfiance envers les institutions. Couronner un homme accusé d’avoir contribué à des politiques clivantes et dangereuses pour les enfants et les jeunes, c’est trahir l’esprit de la Légion et l’idéal républicain de l’intégrité scientifique.
Des héros aux zéros : la chute de la Légion d’honneur
Teinté d’un humour acide, ce titre illustre la dégringolade d’une institution jadis réservée aux héros. Frédéric Mitterrand, ou Sophia Aram en sont des illustrations cocasses et dramatiques. Des écrits controversés et des prises de position ambiguës ont terni leur image. L’un, passant pour un « zéro » aux yeux de ceux qui attendent de la Légion d’honneur des figures irréprochables, l’autre, connue pour ses critiques acerbes contre une partie de la population, suscite l’indignation. Décorer des figures aussi polarisantes, c’est transformer la Légion d’honneur en une médaille en chocolat, piétinant la méritocratie.
Légion d’honneur : la récompense des renégats
Ce titre s’adresse sans détour ceux qui trahissent les idéaux de la France. Jean-François Cirelli, ancien patron de BlackRock France, décoré en 2020, incarne ce reniement.
Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, décoré en 2024, incarne aussi ce reniement en ne se présentant pas devant une commission d’enquête. Soupçonné de conflits d’intérêts dans l’affaire MSC (lié à sa famille et à des contrats portuaires), il représente l’entre-soi d’une élite déconnectée. Sa médaille, perçue comme une faveur du pouvoir, illustre une Légion qui récompense les renégats plutôt que les serviteurs de la nation, au mépris de la République.
Cirelli, accusé par certains de privilégier les intérêts financiers mondiaux au détriment de la souveraineté française, sa médaille est vue comme une récompense pour des renégats qui tournent le dos à la nation au mépris de la République, au même titre que celle de Kohler.
Dans une République où l’intérêt supérieur de la nation devrait primer à tout instant, cette attribution est une gifle au peuple.

Médaille d’Honneur, étoile de la honte
L’éclat de la médaille se retrouve confronté à la honte qu’elle représente parfois. Chantal Brunel, ex-DRH de LVMH, décorée en 2002, illustre cette dérive. « Elle aurait bénéficié, en 2000, de fonds « collectés » par son mari, Denys Brunel, à l’époque où il dirigeait le groupe Monoprix, par l’intermédiaire d’un jeu de fausse facturation qui rappelle les affaires politico-judiciaires des années 1980 et 90 » explique Médiapart. Mais, elle est également soupçonnée d’avoir contribué à des financements occultes à l’UMP et soutenue par un réseau d’influence autour de Bernard Arnault, son attribution, validée par Emmanuel Macron, sent le favoritisme.
Quant à Karine Lacombe, infectiologue décorée en 2021 pour son rôle pendant la pandémie, est aussi un cas emblématique. Accusée par certains d’avoir promu des traitements controversés et d’avoir soutenu des politiques restrictives sans nuances, son attribution a été vue comme un blanc-seing à une science sous influence.
Deux “étoiles de la honte” pour une République qui, en oubliant l’exemplarité que l’on attendrait des élites galvaudées transforme ses médailles en symboles d’un entre-soi éhonté.
Une Légion à sauver : restaurer la noblesse de la Légion
De Schiappa à Lacombe, en passant par Le Maire, Véran, Dupond-Moretti, Sarkozy, Buzyn, Delfraissy, Aram et Kohler, ces exemples révèlent une Légion d’honneur gangrenée par le favoritisme, l’incompétence et la trahison. Comme le baccalauréat, distribué à tous sans rigueur, elle est devenue un hochet ou une breloque pour une élite qui se congratule dans un spectacle en même temps cocasse et tragique. Les tensions entre les critères officiels (mérites éminents), les attentes du public (intégrité) et les décisions politiques ou diplomatiques ont transformé ce symbole en caricature. Pour sauver la Légion d’honneur, il faut réformer son attribution, imposer la transparence et récompenser les véritables héros.
Sans cela, elle ne sera plus qu’un ruban rouge sur le costume des imposteurs, une insulte à l’honneur et à la France, loin de son idéal napoléonien de récompense pour mérites éminents.
D’ailleurs quoi de plus normal que d’illustrer cette mascarade avec une tirade à la San Antonio :
« Par la barbe d’Béru, l’Manu, il nous joue du pipeau avec ses tirades ! Entre « les non-vaccinés, j’veux les emmerder », qui claque comme une porte de bistrot, « traverse la rue » pour choper du taf, comme si c’était l’bazar à job, et « ma femme et moi, on joue d’la gifle », franchement, c’est d’la médiocrité en confettis ! Sans parler d’la fois où il s’est retrouvé au bout d’une table longue comme un jour sans pinard face à Poutine, à gesticuler dans l’vide. C’est pas Poutine qu’il a mis à genoux, mais bien la France. Et pendant c’temps, il distribue la Légion d’honneur comme des sucettes à la kermesse, même à des gonzes qui font jaser en dilatant la dette. »
Avant de vous laisser, voilà ce qu’un contributeur de France-Soir m’a écrit à propos de la Légion d’honneur :
« La Légion d’honneur, dans ce qu’elle a de plus noble, ne saurait être une simple décoration distribuée à la légère. Elle est, ou devrait être, une distinction rare, une reconnaissance solennelle réservée à ceux qui ont rendu à la nation des services éminents, relevant du domaine régalien — défense, justice, diplomatie, service public d’exception. Elle doit demeurer un signe de gravité et de mérite, non une flatterie mondaine.
Il convient que son attribution s’accompagne de silence, de retenue, de solennité. L’honneur ne se crie pas, il se porte. Cette médaille n’est pas un ornement, c’est un poids. Elle engage celui qui la reçoit à être à la hauteur de la nation qui l’accorde. Elle suppose une forme d’effacement, de sacrifice, de fidélité à la chose publique.
Le cérémonial doit être à la mesure de cette gravité. La République se doit à elle-même de préserver la dignité de ses symboles. On ne doit pas remettre la Légion d’honneur comme on distribue des récompenses dans un gala. Elle n’est pas faite pour les carrières du divertissement, ni pour les produits littéraires destinés aux rayons de gare, si talentueux soient-ils. Elle n’est pas non plus destinée à flatter des réputations éphémères ou des notoriétés médiatiques.
La Légion d’honneur est un héritage. Elle ne doit pas être banalisée, car dans sa banalisation, c’est l’idée même de mérite, de service, de bien commun qui se dilue. Elle est un appel au dépassement, une marque de reconnaissance adressée à ceux qui, par leur engagement, leur droiture et leur fidélité à la nation, incarnent quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes.
Il ne s’agit pas de juger les carrières, mais de garder à l’honneur son sens. Et à la République, sa verticalité. »
Et pour les adeptes de chanson, voilà la version en musique (merci l’artiste).
