La soumission ou les bombes
L’Iran rejoindra-t-il la liste des pays dont les États-Unis, intervenant cette fois dans le sillage de Tel-Aviv, ont obtenu un changement de régime par la force ? La guerre déclenchée par le premier ministre israélien a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire tourmentée de la région. Mais la menace de chaos et de propagation de la violence ne semble guère effrayer MM. Benyamin Netanyahou et Donald Trump.

Taha Heydari. – « Tightrope » (Funambule), 2023
Courtesy Taha Heydari et GAVLAK, West Palm Beach
Jour après jour, le Proche-Orient s’enfonce dans le chaos, et la possibilité d’un incident nucléaire majeur ne relève plus d’un catastrophisme infondé. En décidant de lancer une attaque aérienne massive contre la République islamique d’Iran, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou n’a pas simplement démontré qu’il avait de la suite dans les idées. Il a surtout fait monter de plusieurs crans les tensions régionales et déclenché une nouvelle guerre dont même Washington, allié et grand protecteur de Tel-Aviv, prétendait ne pas vouloir.
Après quelques tergiversations du président américain Donald Trump, les États-Unis sont intervenus à leur tour contre la République islamique par le biais de bombardiers stratégiques et de missiles visant les installations nucléaires de Téhéran. Une attaque qui a déclenché des représailles iraniennes contre une base américaine au Qatar. À l’heure où nous mettons sous presse, il reste à savoir si l’Amérique entend reprendre ses bombardements, voire à faire sien l’un des objectifs proclamés de M. Netanyahou, pour qui la chute du régime iranien n’est pas à exclure. Quant au cessez-le-feu annoncé par Washington, il durera le temps que le voudra M. Netanyahou. Tel-Aviv a besoin de la puissance de feu des États-Unis afin d’en finir avec des installations nucléaires et militaires souterraines. Il n’a pas non plus la capacité logistique pour envahir le territoire iranien — cela imposerait à son armée un long transit périlleux à travers la Syrie et l’Irak — contrairement à ce qu’il a pu entreprendre au cours des derniers mois au Liban.
Outre les enjeux de politique intérieure américaine, cette incertitude sur la position de Washington est à rapporter au flou qui entoure les objectifs réels de M. Netanyahou. Alors que son armée continue de semer la dévastation à Gaza — où le bilan frôle les 60 000 morts et où une grande majorité de la population souffre de la faim, conséquence directe d’un implacable blocus —, le chef du gouvernement israélien a d’abord annoncé que son (…)
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