Des infrastructures pétrogazières paralysées par l’insécurité
Les raids de groupes armés se multiplient dans la province du Cabo Delgado depuis 2017. Fin mai, deux attaques y ont ainsi provoqué la mort d’une vingtaine de soldats. Dans un contexte de pauvreté généralisée, le gouvernement du Front de libération du Mozambique (Frelimo), au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, peine à écarter cette menace malgré le soutien très actif du Rwanda.
Un groupe de femmes tente de rejoindre le rivage de Pemba, fendant la mer turquoise de l’océan Indien. Posés sur leurs têtes, des bacs remplis de poissons, qu’elles comptent vendre au marché de Paquiteque, le plus vieux quartier de la capitale du Cabo Delgado. Mais il règne un calme trompeur sur les plages de sable fin du nord-est du Mozambique. La région est en proie à de récurrentes et meurtrières attaques djihadistes depuis le 5 octobre 2017. La petite ville portuaire de Mocímboa da Praia a alors été occupée, durant quarante-huit heures, par un groupe lourdement armé affilié à l’Organisation de l’État islamique (OEI) sous le nom d’Al-Chabab (qui signifie « les jeunes » en arabe) ou Ansar Al-Sunna (« les partisans de la tradition prophétique »). Malgré diverses opérations militaires lancées par le gouvernement mozambicain et plusieurs États de la sous-région, la province du Cabo Delgado n’a jamais retrouvé la sécurité.
Elle abrite l’essentiel des réserves de gaz naturel du pays, évaluées à près de 5 000 milliards de mètres cubes. Son potentiel économique attire de nombreuses entreprises multinationales. Le français TotalEnergies, l’américain ExxonMobil, l’italien Eni et la China National Petroleum Corporation (CNPC) ont tous investi dans des concessions stratégiques du bassin de Rovuma, pour l’exploration et le partage de la production gazière avec l’État mozambicain. Les groupes australiens Syrah Resources et Triton Minerals détiennent quant à eux des contrats miniers pour la production de graphite à Balama, tandis que l’entreprise britannique Gemfields possède une part majoritaire dans la compagnie Montepuez Ruby Mining (MRM), qui exploite l’une des plus grandes mines de rubis du monde.
Rétablir et assurer la sécurité dans le Cabo Delgado se révèle donc vital pour le pays. À cette fin, Maputo a d’abord fait appel au groupe Wagner. En septembre 2019, environ deux cents mercenaires russes sont envoyés pour combattre l’insurrection, un mois après une visite d’État à Moscou du président Filipe Nyusi, la première d’un (…)
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