À La Plagne, en Savoie, l’unique piste de bobsleigh de France s’apprête à être rénovée pour les Jeux olympiques d’hiver de 2030. Cette installation, construite pour les JO de 1992, est déficitaire depuis sa création, située sur un site classé Seveso, et n’est utilisée que par une poignée d’athlètes et quelques touristes. Alors que les coûts de rénovation pourraient grimper jusqu’à 15 millions d’euros selon certaines estimations, de nombreuses voix dénoncent un non-sens économique, écologique et démocratique.
À l’heure où chaque euro public est compté, certains projets semblent échapper à la logique. La piste de bobsleigh de La Plagne, qualifiée « d’équipement impressionnant » par la ministre des Sports Marie Barsacq dans Le Dauphiné libéré, incarne un héritage olympique aussi gelé que sa surface. Depuis 1991, elle engloutit des fonds publics pour une rentabilité toujours absente. « La piste en elle-même n’est jamais bénéficiaire », résumé Éric Adamkiewicz, chercheur en économie du sport. Malgré un chiffre d’affaires touristique annuel de 1,1 million d’euros, les frais d’exploitation dépassent les 1,2 million. Sachant que le reste est à la charge des collectivités locales.
Construit dans une zone instable, à proximité de torrents et sur une faille sismique, le site avait déjà fait bondir la facture initiale : 232,8 millions de francs au lieu des 70 prévus. Un rapport sénatorial parlait d’une hausse de plus de 30 %. À cela s’ajoute une classification Seveso due à l’ammoniac utilisé jusqu’en 2006 pour refroidir la piste. « Les orientations budgétaires vont à l’inverse de ce vers quoi elles devraient être orientées », dénonce Delphine Larat, juriste du Collectif citoyen JOP 2030, pointant l’incohérence avec les impératifs climatiques.
Bruno Thomas, directeur de la piste, défend le projet en promettant une rénovation « plus vertueuse » et décarbonée, financée par la Solideo et les collectivités. Mais selon Reporterre, aucune enveloppe définitive n’est actée, et les promesses d’emplois et de rayonnement économique sonnent comme un refrain déjà entendu.