Le premier article a été publié le 19 juillet; Mise à jour du 20 juillet, la pétition a dépassé le million de signataires.

«Vous êtes les alliés du cancer et nous le ferons savoir !»
C’était le cri du cœur de Fleur Breteau, la fondatrice du collectif Cancer colère à l’Assemblée Nationale le 8 juillet. Elle-même atteinte de cette maladie, visiblement éprouvée physiquement par une chimiothérapie, elle témoignait sa colère face aux députés qui venaient de voter la Loi Duplomb.
Duplomb, c’est le nom du Sénateur LR qui a rédigé le texte. La loi est cyniquement intitulée «Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur». En réalité, elle a été dictée directement par le lobby des pesticides. Cette loi est un concentré de mesures écocidaires, visant à rendre service aux géants de l’agro-industrie et à tuer la paysannerie : soutien aux mégabassines, réautorisation des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, autorisation de drones pulvérisateurs de pesticides, facilitation d’implantation d’élevages intensifs, limitation du contrôle démocratique… Une galerie des horreurs qui va détruire les sols, tuer la biodiversité, empoisonner la population et ne bénéficier qu’aux gros exploitants.
Dénoncée par 22 sociétés savantes médicales, par la Ligue contre le cancer, les personnels de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, la Confédération Paysanne, la Fondation pour la recherche médicale, des mutuelles, groupes mutualistes, le Conseil scientifique du CNRS, la Fédération des régies d’eau potable, des centaines de médecins et de chercheur … elle a pourtant été adoptée à l’unisson par les sénateurs macronistes, LR et RN. Un déni démocratique mais aussi scientifique.
Fleur Breteau en est certaine, la Loi Duplomb «va faire des milliers de malades, dont des enfants et des enfants à naître». Les cancers pédiatriques augmentent fortement à proximité des zones d’agriculture intensive. Les députés ont voté pour la mise à mort de nombreuses personnes.
Face à la légitime colère de cette femme, les députés de gauche ont applaudi, mais les rangs de la droite et de l’extrême droite ont ricané, se moquant ouvertement de la détresse d’une personne gravement malade, et des conséquences de leur vote.
Pourtant, la mobilisation contre la Loi Duplomb a été massive : des mégabassines ont été sabotées la veille du vote, des manifestations ont eu lieu dans tout le pays devant des bâtiments agro-industriels, des alertes et des tribunes ont été signées. Mais la FNSEA et les vendeurs de poison sont plus puissants que la volonté populaire.
Deux jours après ce vote scandaleux, une pétition a été déposée sur le site de l’Assemblée Nationale, réclamant l’abolition immédiate de la loi : «Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens» expliquait le texte.
En une semaine, elle avait recueilli 100.000 signatures. À partir de ce seuil, une pétition homologuée sur le site du Parlement doit être «examinée par l’une des huit commissions de l’Assemblée nationale qui doit émettre un rapport».
Mais elle a continué d’exploser tous les plafonds : ce 19 juillet, elle a dépassé les 650.000 signataires. C’est du jamais vu. Lorsqu’une pétition officielle dépasse les 500.000 signatures, issues d’au moins 30 départements, «un président de groupe ou de commission peut demander à la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale qu’elle soit débattue à l’Assemblée».
La loi sera donc peut-être discutée, mais ce débat ne sera pas suivi d’un vote, car une pétition n’a pas de force contraignante. Elle «peut cependant alerter l’opinion, les médias, interpeller les pouvoirs publics et permettre d’ouvrir le débat» explique un juriste. Dans l’histoire de la Cinquième République, aucune pétition n’a jamais été débattue dans l’hémicycle.
En avril 2023, alors que des millions de manifestants étaient dans la rue contre la réforme des retraites, la gauche molle diffusait une pétition pour dissoudre la BRAV-M, cette unité de police ultra-violente qui sème la terreur à Paris, comme le moyen miraculeux de faire reculer la répression. Elle avait recueilli plus de 260.000 signatures. La commission des lois devait décider soit de débattre du texte, soit de classer la pétition. Cela a duré moins de 10 secondes : le rapporteur macroniste au Parlement a estimé que cela visait à «décrédibiliser» la police. Le député Sacha Houlié, en commission des lois, a proposé le classement de la pétition. Ratifié à main levée immédiatement. Circulez, y’a rien à voir.
Si cette pétition contre les pesticides montre une véritable lame de fond populaire contre l’agro-industrie, elle ne suffira pas à faire abroger la Loi Duplomb, ni à mettre hors d’état de nuire les empoisonneurs, qui ont leurs relais au cœur même du gouvernement. Cet élan pétitionnaire doit donc être accompagné de mobilisations de masse, sur le terrain, contre les firmes qui fabriquent ces produits, contre la FNSEA, les mégabassines, et autres incarnations de l’écocide.
Article publié sur Contre Attaque.
Une ingénieure agronome pulvérise les mensonges d’Attal sur la loi Duplomb : 4 affirmations fausses exposées.
Dans une vidéo taquine et quelque peu acerbe, Elise Bordet, ingénieure agronome et ancienne directrice de stratégie et innovation chez Sequens, un leader mondial des molécules actives pharmaceutiques, utilise son expertise pour contester les justifications d’Attal sur Instagram, où il affirmait ne jamais voter une loi qu’il considérerait dangereuse pour les Français. Elise Bordet démonte l’argumentaire de Gabriel Attal sur la loi Duplomb, point par point, avec des faits scientifiques et des rapports de l’ANSES.
Attal avait indiqué qu’il « ne voterait jamais une loi dangereuse pour les Français », Elise Bordet le remet à sa place gentiment, mais fermement, et cite des études qui prouvent la génotoxicité, la neurotoxicité et l’hépatotoxicité de l’acétamipride, un pesticide réautorisé par la loi. Elle évoque une étude suisse de l’ANSES qui a trouvé ce poison dans le liquide céphalo-rachidien de 13 enfants sur 14, corrélant ceci à l’épidémie de cancers pédiatriques en France.
Attal signale que tous les agriculteurs européens ont la possibilité d’utiliser l’acétamipride sauf les Français. Elise Bordet lui rétorque que la France pourrait à ce titre jouer le rôle de lanceur d’alerte et qu’on devrait se féliciter d’avoir l’ANSES et l’écouter davantage, pour prendre des décisions qui protègent les français.
Quand Attal prétend que l’acétamipride restera interdit sur 99 % du territoire, Bordet explose l’argument en expliquant que l’acétamipride est hydrosoluble, donc il contamine tout, même les zones non pulvérisées, via le cycle de l’eau. Une étude japonaise a même montré qu’on le retrouve dans les nuages, contaminant alors d’autres zones. Le 99 % d’Attal, c’est du pipeau.
Enfin, il ose prétendre que ce sont les scientifiques qui décident, mais Elise Bordet lui rappelle qu’un décret du 8 juillet 2025 a mis l’ANSES sous tutelle, l’empêchant de protéger les Français comme elle a tenté de le faire avec Nestlé. Ce décret utilise un terme bidon, « produit phytopharmaceutique », pour contourner les règles. Elise Bordet insiste sur l’éthique, refusant d’accepter un nivellement par le bas pour s’aligner sur d’autres pays européens au détriment de la santé publique.
Les affirmations d’Attal sont du greenwashing pur et simple, et cette ingénieure les démonte en moins de 30 secondes.
💥 Élise Bordet atomise Gabriel Attal.
Son post Insta pour justifier son vote sur la #LoiDuplomb ?
➡️ Démonté point par point avec données scientifiques, rapports de l’ANSES et faits.
📉 Tout y passe : toxicité, encadrement, impact.
🎯 Le greenwashing ne tient pas 30 secondes. pic.twitter.com/cmlNand4Uf— Mister X (@LuniqueMisterX) July 17, 2025
Auteur(s): France-Soir, Publié le 18 juillet 2025
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