La saison des festivals bat son plein, mais derrière les scènes ensoleillées, c’est l’incendie des comptes. En France, deux tiers des festivals bouclent leur budget 2024 dans le rouge, malgré des records de fréquentation. La musique coûte plus cher qu’elle ne rapporte.
Aux Vieilles Charrues, la fête est totale… tant qu’on ne regarde pas les comptes. Le Centre national de la musique (CNM) révèle que les déficits moyens ont explosé de 73 % en un an, atteignant 115 000 euros. Et pour cause ! Le prix des têtes d’affiche. Red Hot Chili Peppers à 2 millions, Billie Eilish à 1,5 million… Des montants astronomiques dans un marché saturé. « Même remplis à plus de 90 %, 68 % des festivals ne sont pas rentables », alerte Ulysse Hennessy, DG de Billboard France.
Comme le rapporte Le Point, la production aussi devient un gouffre. Sécurité, assurances, logistique, tous les prix flambent. Le directeur de Solidays, Luc Barruet, déplore une hausse de 32 % des charges en deux éditions. Cependant que les dépenses s’envolent, les aides publiques reculent. Mary Vercauteren (CNM) confirme « la fin des aides exceptionnelles liées au Covid » et un désengagement croissant des collectivités. À Saint-Cloud, Rock en Seine a déjà perdu 40 000 euros de subventions. Pour survivre, les festivals misent sur la « limonade » – restauration, sponsoring – mais cela ne suffit pas à renflouer la barque.
Alors, que faire ? Certains festivals recentrent leur offre : niche musicale, engagement militant, écologie… We Love Green a été racheté par Matthieu Pigasse, qui lance aussi le Golden Coast à Dijon, axé rap et jeune public. Une stratégie plus ciblée, moins gourmande. Ulysse Hennessy conclut : « Les festivals ne vont pas mourir, c’est sûr, mais il y a une vraie mutation à l’heure actuelle. »