
Zoran Mušič. – « Rien que la pierre », 1957
© ADAGP, Paris, 2025
Il y a presque dix ans, la victoire du Brexit puis celle de M. Donald Trump avaient incité des libéraux en déroute à recoder l’espace idéologique de façon suffisamment primitive pour que nul ne puisse se méprendre. D’un côté, les méchants « populistes » et « autoritaires » agrégeaient pêle-mêle MM. Trump, Vladimir Poutine, Xi Jinping, Viktor Orbán, Jair Bolsonaro, etc. De l’autre, les gentils « libéraux » et « progressistes » réunissaient des dirigeants comme Mmes Angela Merkel et Hillary Clinton, MM. Joseph Biden, Justin Trudeau et Emmanuel Macron.
Ce réagencement des clivages et des alliances au sein du monde occidental butait toutefois sur un obstacle : Israël. Démocrates ou autocrates, les gouvernements européens, et plus encore américains, se gardaient de sanctionner voire de critiquer trop vivement les agissements illégaux de ce pays et de ses gouvernants. Ami de M. Trump, coqueluche de M. Bolsonaro, célébré par le premier ministre hongrois, le premier ministre israélien ne cachait pourtant pas son hostilité à l’État de droit ; son inculpation en 2019 pour fraude, corruption et abus de confiance aurait disqualifié tout autre dirigeant « populiste », surtout s’il avait été de gauche.
Pendant que les gouvernements libéraux français, allemand, britannique, etc., épargnaient M. Benyamin Netanyahou, lui courtisait l’extrême droite européenne et confortait le caractère ethnonational de son État. Mais chacun ou presque regardait ailleurs. La plupart des démocraties libérales, leur presse et leurs intellectuels de service « oubliaient » d’inclure le chef du Likoud dans l’« internationale réactionnaire » qu’ils prétendaient combattre.
Une petite décennie plus tard, nul ne peut plus plaider la négligence : la politique israélienne tient lieu d’éléphant dans le couloir des normes internationales. M. Netanyahou, qui gouverne en coalition avec des suprémacistes n’ayant rien à envier au Ku Klux Klan américain d’antan, a envahi le Liban et la Syrie, bombardé l’Iran et le Yémen, rasé (…)
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