Au cours d’une opération à haut risque menée en pleine journée, cinq ou six agents ont encerclé la suspecte, faisant preuve d’un courage digne des films de super-héros Marvel. Ils ont maîtrisé la situation sous l’œil des caméras. Les rues sont désormais plus sûres. Merci à eux.
Passons maintenant à ce qui n’est plus considéré comme du terrorisme. Je vous présente Muhammad al-Jolani (alias Abu Muhammad al-Golani), l’ancien chef du Front al-Nusra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie. Département d’État américain a littéralement mis une récompense de 10 millions de dollars, pour la modique somme de 10 millions de dollars. « Arrêtez ce terroriste », pouvait-on lire sur leur affiche.
Et maintenant, le voilà qui serre la main du ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy. Pas de menottes. Pas de combinaison haute sécurité. Juste une poignée de main diplomatique, et le sourire qui va avec.
Ce qui, selon les critères fluctuants du gouvernement britannique, signifie qu’une retraitée atteinte de la maladie de Parkinson est une terroriste et qu’un ancien chef d’Al-Qaïda est un allié.
Mais encore ?
Hier, à Westminster, les héros en action
Des centaines, voire des milliers de personnes se sont rassemblées sur Parliament Square pour une mobilisation silencieuse, s’asseyant et tenant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Je m’oppose au génocide. Je soutiens Palestine Action ».
La police s’est déployée massivement. Puis les arrestations ont commencé
Une femme âgée (81 ou 90 ans, atteinte de la maladie de Parkinson) a été arrêtée en vertu des lois antiterroristes. Les agents, manifestement préoccupés par la menace potentielle, étaient nombreux à intervenir. Les rues de Londres sont désormais certainement bien plus sûres.
Pour ma part, je suis content que les rues soient plus sûres. Jetez-lui le livre. Je vous dis qu’elle aura 14 ans de prison.
Les policiers qui l’ont arrêtée sont si courageux. Donnez-leur des médailles. Héros à tous.
Un homme aveugle handicapé a été emmené sous les applaudissements nourris des experts antiterroristes en gilets jaunes.
Le colonel (à la retraite) Chris Romberg, ancien officier de l’armée britannique et fils d’un survivant de l’Holocauste, a été arrêté pour « soutien à une organisation terroriste » — Une arrestation audacieuse qui a sans doute sauvé la Grande-Bretagne de la menace imminente d’une dissidence aussi polie qu’argumentée.
À 21 heures, la police métropolitaine se vantait d’avoir procédé à 466 arrestations pour « soutien à Palestine Action » — très probablement l’un des plus importants déploiements des effectifs antiterroristes en une seule journée dans l’histoire du Royaume-Uni. Parmi les personnes arrêtées figuraient des personnes âgées, des personnes en fauteuil roulant et des personnes handicapées.
Si l’arrestation d’une femme âgée atteinte de la maladie de Parkinson en vertu d’une loi antiterroriste laisse indifférent, quelle sera la prochaine étape ? Fouiller à nu des adolescentes pendant leurs règles parce que vous les soupçonnez de consommer de l’herbe ? Mais attendez une minute… C’est déjà arrivé, non ?
Je tiens à souligner que, même si les personnes âgées et les personnalités présentes à la manifestation d’hier ont fait la une des journaux, des gens de tous âges et tous horizons y ont participé. Je m’en voudrais de ne pas les saluer. Ils sont tous des héros. Et je suis sincère.
Ce n’est pas qu’une question de sémantique. Les mots sont le fondement des lois. Lorsque le « terrorisme » n’est plus que ce que le ministère de l’Intérieur veut qu’il soit, nous ne sommes plus régis par la loi, mais par l’arbitraire.
Je le sais d’expérience. Lorsque j’ai été interrogé en vertu de l’article 12 de la loi antiterroriste, ma déclaration s’apparentait à un manifeste. L’officier m’a surtout interrogé sur la définition du terrorisme, une définition que le gouvernement a discrètement élargie pour inclure les atteintes criminelles à la propriété. Or ce changement n’était pas fortuit : il a été conçu pour pouvoir qualifier d’« actes de terrorisme » des actions directes non violentes, comme peindre une usine d’armement ou saboter des machines servant à fabriquer des bombes servant à perpétrer un génocide.
Ils ont utilisé exactement la même astuce avec l’« antisémitisme » : vider un terme de son sens jusqu’à ce qu’il englobe ceux qu’ils veulent réduire au silence, tout en blanchissant l’image de ceux avec qui il faut se montrer conciliant.
Et en passant en revue ceux qui ont défendu ces mesures aberrantes, on comprend mieux leurs motivations.
Un membre de la Chambre des Lords a exhorté les ministres à sévir contre Palestine Action, à la demande d’une entreprise de défense américaine qui l’emploie comme conseiller.
Le Royaume-Uni fait le grand écart
Écran de gauche : une femme fragile atteinte de la maladie de Parkinson, trainée de force par six policiers en vertu des lois antiterroristes.
Écran de droite, un ancien chef d’Al-Qaïda, recherché pour 10 millions de livres sterling, serre la main du plus haut diplomate britannique.
Dans la Grande-Bretagne actuelle, seul l’un d’entre eux est considéré comme un « terroriste ». C’est pourquoi ce qui s’est passé hier méritait qu’on les tourne en dérision, pas qu’on les respecte.
La prochaine fois, le Royaume-Uni devrait peut-être consulter al-Jolani pour savoir comment traiter ces dangereux retraités. Il pourrait même superviser l’opération… et apporter son couteau.
Londres peut à nouveau dormir sur ses deux oreilles. Jusqu’à la prochaine grève des retraités.
L’organisation Palestine Action a saisi la Haute Cour pour contester son placement sur liste noire. L’affaire sera entendue sur trois jours en novembre. D’ici là, les forces de l’ordre risquent d’être poursuivies si elles continuent à invoquer cette loi contre qui que ce soit, car elle pourrait être jugée inconstitutionnelle dans quelques mois. Arrêter des retraités pour avoir brandi des pancartes et les qualifier de terroristes n’est plus seulement irrationnel.
La facture pourrait aussi leur coûter la peau du dos.
Traduit par Spirit of Free Speech






