C’
est bon, c’est en train de sortir, le scandale de la dangerosité des poêles Tefal est en train d’être médiatisé. Non seulement des associations ont déposé plainte contre le fabricant mais, de surcroît, pn a des reportages dramatiques sur l’empoisonnement environnemental de la ville de Rumilly en Haute-Savoie (cf. vidéo ci-dessous) pendant des décennies par les déchets industriels du fabricant (Seb) avec la complicité des autorités locales et de la municipalité ! Pourtant, Salim Laïbi dénonçait déjà, à la fin des années 2000, la dangerosité du revêtement anti adhésif de ces poêles. Il en parlait dans ses vidéos et dans les conférences de présentation de son premier livre La faillite du monde moderne. (cf. vidéo ci-dessous)
Le PFOA (acide perfluorooctanoïque), un PFAS (polyfluoroalkyl substances) autrefois utilisé dans les poêles Tefal pendant des décennies, est interdit en raison de sa toxicité. Il est associé à des risques pour la santé, comme des cancers, des troubles hormonaux et des atteintes au système immunitaire. Persistant dans l’environnement, il pollue les sols et les eaux, s’accumulant dans les organismes vivants. Bien que Tefal ait éliminé le PFOA de ses revêtements, le PTFE (polytétrafluoroéthylène), toujours utilisé, suscite des inquiétudes pour ses impacts environnementaux et sanitaires.
En 2007, l’Anses avait publié un rapport de quelques pages affirmant qu’il n’y avait pas de danger à utiliser les ustensiles de cuisine avec revêtement en téflon pour la santé humaine comme vous pouvez le constater sur la capture écran ci-dessous (le rapport complet en PDF et à la fin de ce papier). La presse française faisait la promotion de Tefal en le présentant comme une très belle réussite commerciale comme vous pourrez le constater dans cet article du Parisien par exemple, La Croix…
Reste à savoir comment est-il possible d’expliquer le fait que des gens non spécialisés savaient que ces produits étaient dangereux et cancérigènes il y a 20 ans alors que les journalistes spécialisés comme ceux de Science & Vie par exemple ne le savaient pas ? Pire encore, d’aucuns en faisaient la promotion et fêtaient la réussite de l’entreprise d’empoisonnement généralisé.
Faut-il rappeler que ces produits sont présents également dans des textiles du type Gore-Tex (polytétrafluoroéthylène expansé), les rubans adhésifs PTFE (ruban de plombier), les fils dentaires Glide, les revêtements antiadhésifs pour électroménager (grilles-pain, gaufriers), les membranes pour filtres à eau, les joints et garnitures pour électroménager…
Le groupe SEB et sa filiale Tefal font face à une plainte déposée par les ONG France Nature Environnement, Générations Futures et l’Association citoyenne et laïque des consommateurs pour « pratiques commerciales trompeuses ». Ces associations reprochent à Tefal d’avoir affirmé en 2024, via une campagne publicitaire et son site internet, que ses poêles en Téflon, contenant du PTFE, sont « sûres » malgré l’absence de PFOA, un PFAS interdit. Elles dénoncent l’omission des risques environnementaux et sanitaires liés au PTFE tout au long du cycle de vie des produits. Les plaignants s’appuient sur l’insuffisance de données pour qualifier le PTFE de non-cancérigène et sur une étude sud-coréenne de 2023 pointant des effets nocifs comme des inflammations. SEB défend la sécurité du PTFE, validée par des autorités sanitaires. Une loi de février 2025 exclut les ustensiles de cuisine des restrictions sur les PFAS, après lobbying des fabricants. La plainte, déposée au parquet de Paris, vise à sanctionner ces communications jugées trompeuses.
À l’époque, en 2008, tenir de tels propos était considéré comme « complotiste » et « paranoïaque », aujourd’hui la presse classique reprend exactement les mêmes termes et les autorités vont jusqu’à interdire ces produits dangereux pour la santé humaine. Du coup, faut-il comprendre que l’accusation de complotisme dépend du temps qui passe…
* Une poêle Tefal de 24 cm contient environ 9,6 × 10²² atomes de fluor, équivalent à environ 4,8 × 10²² molécules de F₂ si le fluor était sous forme libre (ce qui n’est pas le cas dans le PTFE). Cette estimation varie selon la taille et l’épaisseur du revêtement.