Un « surf park » près de Bordeaux pour 2026?


Construire une usine à vagues artificielles à 50 kilomètres de l’Atlantique, en pleine crise climatique, quelle idée ! C’est à Canéjan, commune de la métropole bordelaise, que l’Académie de la glisse promet d’ouvrir en 2026 un surf park géant. Avec deux bassins de 13 500 m² alimentés par 20 millions de litres d’eau, le projet doit encore franchir l’épreuve du tribunal administratif de Bordeaux à l’automne. 

Les promoteurs y voient un outil pour hisser la France au rang de « grande nation du surf », depuis que la discipline est olympique. Le pari est simple, affirment ses fondateurs, dont l’ex-surfeur Nicolas Padois et le musicien Édouard Algayon : offrir des vagues calibrées toute l’année à 250 000 visiteurs. « Tu ne rentres pas chez toi frustré », vantent-ils dans une vidéo promotionnelle. Mais derrière les promesses de sessions parfaites, le coût écologique se révèle vertigineux. 

Reporterre rappelle que même le rapport d’expertise commandé par la justice estime que les apports en pluie seraient insuffisants trois années sur onze. Denis Loustau, ancien chercheur de l’Inrae et contributeur du Giec, est catégorique : « Le parc ne sera jamais autonome en eau. »

Les associations locales dénoncent un projet « antisocial », réservé à ceux capables de débourser entre 35 et 70 euros la session. « Seuls les surfeurs privilégiés y auront accès », regrette Vanessa Balci de Surfrider France. S’ajoute la crainte d’un désastre pour la biodiversité voisine, notamment la rivière l’Eau Bourde où les vidanges pourraient déverser chlore et résidus chimiques. Quant à l’argument écologique des porteurs de projet, il s’effondre à la lecture d’une étude de Surf Park Central, car près d’un tiers des clients de ce type d’infrastructure prennent l’avion pour s’y rendre.

Si l’ambition est d’aligner la France sur l’Angleterre ou les Émirats arabes unis, la facture pourrait bien dépasser le ticket d’entrée. Dans une région déjà sous tension hydrique, remplacer l’océan par une vague sous plastique ressemble moins à une innovation qu’à une provocation.





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