«Regarde ce que tu me fais faire !» hurle le père en battant à mort sa femme ou son fils…
par Dominique Muselet
Ceux qui s’informent, se forment et réfléchissent par eux-mêmes s’étonnent régulièrement de la passivité de la grande majorité des gens et de la facilité avec laquelle ils se laissent manipuler. Des livres célèbres comme «La servitude volontaire» de La Boétie, «Psychologie des foules» de Gustave Le Bon et d’autres ont été écrits là-dessus. Pour les platoniciens (Socrate, Plotin, etc.), entre autres philosophes, la seule façon d’échapper à cette aliénation mentale est de se connaître soi-même. Mais aujourd’hui, non seulement nous ne savons pas qui nous sommes, mais nous ne savons pas non plus où nous sommes, ni où nous allons. Nous sommes ballotés comme des fétus de paille par des vents qui changent constamment. Il est devenu presque impossible de se raccrocher à quoi que ce soit. Tout glisse, tout nous échappe. La réalité est irréelle. Notre existence n’a plus d’épaisseur. On a l’impression d’être devenus des ombres qui s’agitent pour rien. C’est presque impossible de ne pas se laisser entraîner par ce courant nihiliste, destructeur et autodestructeur qui s’attaque à notre humanité, à notre être, pour nous réduire à néant. Il faut une rare force d’âme pour y résister et ne pas en devenir complice.
Plotin donne une définition du mal qui s’applique parfaitement, je trouve, à ce qu’on nous fait vivre actuellement. Pour lui, le mal est ce qui détruit la positivité de l’être.
«Car on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, en somme l’illimité, l’informe, le déficient, le confus, l’instable. Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi».
*
La guerre contre les Français en France
Michel Clouscard – Du capitalisme de répression au capitalisme permissif
Michel Clouscard publie «Le capitalisme de la séduction» en 1981. Dans ce livre, désormais incontournable il dénonce le travestissement du capitalisme, après la guerre 1939-1944, de capitalisme de répression en capitalisme permissif.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le parti communiste bénéficiait de 30% des votes des Français. Les Gaullistes et les communistes qui avaient constitué l’essentiel de la résistance aux nazis ont mis sur pied le programme national de la Résistance, qui créait tout un ensemble d’acquis sociaux en faveur du prolétariat. Cela a inquiété la bourgeoisie qui a compris que, pour garder ses privilèges, elle devait faire évoluer l’image du capitalisme.
Elle a alors créé le concept de société de consommation pour faire croire au prolétariat que le capitalisme lui était profitable. Mais en réalité, tandis que la classe laborieuse fabrique les trois catégories de biens : les biens de subsistance (nourriture, vêtements électricité) biens d’équipement (voiture, machine à laver, ordinateur, smartphone) et biens de conforts ou biens de luxe (maison avec piscine, voiture de sport, vêtements de marque, voyages), elle n’a toujours accès qu’aux deux premières catégories de biens, tandis que la troisième est réservée à la bourgeoisie, qui, elle consomme infiniment plus qu’elle ne produit.
Parler de société de consommation est donc obscène, il y a une société qui produit et, dans cette société, il y a une classe possédante, une petite minorité privilégiée, qui consomme. Le capitalisme de la séduction a pour but de faire oublier cette réalité inique en faisant passer les biens d’équipement (ceux qui permettent de travailler) pour des biens de luxe. Le smartphone en est l’exemple type.
Le capitalisme de séduction incite les prolétaires à s’identifier à la classe possédante, en désirant, mais désirant seulement, ce que la bourgeoisie peut s’offrir.
En même temps, le mode de vie frivole, transgressif, ludique, permissif de la jeunesse bourgeoise, dont l’exemple type est Daniel Cohn Bendit, est présenté comme un idéal aux jeunes ouvriers éblouis. La révolte populaire passe de la lutte contre l’exploitation capitalisme à la lutte contre le carcan moral, avec la promotion de l’individualisme et la ringardisation de l’amour et de la fidélité. Après 1968, la gauche s’engouffre dans ce mensonge délétère et trahit de ce fait la classe laborieuse.
Ce capitalisme libéral libertaire repose sur une injonction contradictoire (un ordre dont les deux éléments se contredisent entre eux) : Tiens-toi tranquille en tant que travailleur mais sois subversif en tant que consommateur, achète une voiture mais arrête de polluer, achète des écrans mais n’en abuse pas, etc. Mais la plus banale et la plus cruelle c’est sans doute : dépense plus que tu ne gagnes, vis à crédit, cède à tous tes désirs même si tu n’en as pas les moyens, mais il faudra rembourser le crédit. À force, cela rend fou.
Plus le capitalisme est devenu aimable, plus il est devenu dangereux et difficile à combattre, insiste Clouscard. Le capitalisme est toujours le même : aimable avec le consommateur, cruel avec le producteur. Il est seulement plus hypocrite que jamais.
*
Shein fabrique, pour les Occidentaux, des vêtements bons marchés dont les Chinois ne veulent pas
Malheureusement, il devient de plus en plus difficile de faire croire aux Français, dont le pouvoir d’achat baisse à vue d’œil, qu’ils peuvent ou pourront un jour s’offrir les bien de consommation qui font le bonheur des riches. Par conséquent, de la séduction, la classe possédante occidentale et ses sbires gouvernementaux reviennent rapidement à la répression.
Un signe indiscutable de la baisse du niveau de vie des Français, dont sont responsables les politiques libérales imposées par l’Union européenne à la solde des États-Unis, c’est que nous sommes devenus le tiers-monde de la Chine.
Dans un article intitulé «Shein, une entreprise chinoise qui bouscule les leaders occidentaux du commerce de textile à bas prix»,on apprend que les vêtements de mauvaise qualité et à bas prix que Shein produit sont uniquement destinés à l’Occident en faillite économique, tandis que les Chinois, dont le niveau de vie grimpe à toutes vitesse achètent de la bonne qualité !
«Il est intéressant d’ajouter d’abord que, si l’hyper-discount, le textile à bas prix, ou dans d’autres domaines les LIDL, Aldi, Action sont si présents, se développent si rapidement ici, c’est précisément du fait que la crise du capitalisme occidental engendre la baisse du niveau de vie et le développement inouï de la pauvreté sous toutes ses formes».
«Le textile est une industrie de main d’œuvre. La stratégie historique des industriels du textile a toujours été de chercher à déplacer l’industrie vers des zones peu développées à main d’œuvre bon marché. C’est ainsi que la France a largement délocalisé son industrie textile, presque totalement disparue ici».La chine ne fait pas la même erreur.«Elle continue à gagner des parts de marché parce qu’elle investit dans l’automatisation, l’intelligence artificielle, la chimie et globalement la recherche scientifique».
La culpabilisation des Français masque l’impuissance volontaire des pouvoirs publics
Mercredi 20 août à 9h du matin, Franceinfo dénonce l’utilisation des PCS (cartes prépayées) en prison. L’argent est interdit, tout comme les téléphones mais les deux circulent sans problème dans les prisons françaises. Autrefois, les détenus demandaient à leurs connaissances de leur envoyer des carnets de timbre pour avoir une monnaie d’échange, désormais, grâce à l’informatique, ils ont trouvé beaucoup mieux : les PCS. Ces cartes fonctionnent avec les téléphones portables (mais ça marche aussi sans, comme dit un détenu : «On se refile les codes à 10 chiffres par téléphone ou sur des bouts de papier pendant les promenades») et leur permettent de se payer à peu près tout, des téléphones à la protection en passant par la drogue, la nourriture et les cigarettes.
On sait qu’en France plus rien ne fonctionne, à la différence de la Biélorussie par ex, pays honni, méprisé et calomnié par nos élites-systèmes dont l’arrogance le dispute à la mauvaise foi et à l’ignorance, que Loïc Ramirez, qualifie justement de «pays où tout fonctionne». On sait aussi qu’en France les délinquants et voyous de toutes espèces ont le champ libre, pendant que l’État persécute et dépouille les citoyens solvables. Quand on ne veut pas (la délinquance débridée rentre dans la politique d’intimidation du citoyen lambda par le gouvernement), quand on ne peut pas (suppression des moyens nécessaires par le même gouvernement) il ne reste plus qu’à fermer les yeux. Et c’est ce qu’on fait tout au long de la chaîne de commandement, du malheureux gardien de prison, vaguement au courant mais impuissant, aux médias, au directeur de Creacard et bien sûr à Bpifrance, la banque publique d’investissement, qui tombent tous des nues…
Dans le parc où je vais souvent marcher, il y a des guetteurs qui surveillent, à côté d’une aire de jeux pour enfants, les accès à un post de deal dans la cité adjacente, sous les yeux des éco-gardiens du parc. Eh bien, quand je m’en plains aux éco-gardiens, ils écarquillent ces mêmes yeux et tentent de me faire passer pour une folle qui a des visions…
L’inversion accusatoire est toujours la meilleure défense. Elle se pratique à tous les niveaux de l’appareil d’État. L’Éducation nationale, par exemple, reporte de plus en plus la responsabilité de l’échec scolaire sur les malheureux élèves qui, au fil des années, se sont presque tous mis à souffrir de toutes sortes de troubles de l’apprentissage et notamment les omniprésents troubles DYS (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, hyperactivité). C’est hélas souvent pareil en cas de harcèlement, comme en témoigne «le courrier menaçant envoyé aux parents de Nicolas, qui avaient dénoncé le harcèlement subi par leur fils dans un collège de Poissy (Yvelines)», par le rectorat dirigé par Charline Avenel, parachutée à ce poste par le bon vouloir de notre monarque républicain. La lettre «banalisait le harcèlement de l’enfant et demandait aux parents «d’adopter une attitude constructive et respectueuse»», sinon… «L’adolescent de 15 ans s’est suicidé à la rentrée», et c’est seulement pour cela qu’on en a parlé.
Surveillé, censuré, dépouillé, humilié, insulté, injecté mais pas soigné, endoctriné mais pas éduqué, persécuté par l’État au lieu d’être protégé, harcelé par les délinquants, les malades mentaux et les mendiants que l’État fait venir du monde entier pour les déverser dans les rues au lieu de s’en occuper, appauvri, esclavagisé, dégenré, euthanasié, culpabilisé et traité de fou lorsqu’il se plaint, voilà désormais le triste sort réservé au citoyen français par ses dirigeants à la solde du grand Capital…
Et tout ça, bien sûr, c’est de sa faute, au Français, car il est réfractaire selon son président qui n’a honte de rien. «Regarde ce que tu me fais faire !» hurle le père en battant sa femme ou son fils à mort…
*
La guerre contre la Russie en Ukraine
Dans un article sur le bilan du sommet en Alaska, Pepe Escobar explique, avec sa lucidité coutumière : «Une fois de plus, suivez l’argent : les deux oligarchies, américaine et russe, aspirent à reprendre rapidement des activités commerciales fructueuses et les entretiens à venir porteront sur les modalités d’accès des entreprises américaines dans deux zones au cœur des priorités fédérales russes et relevant de la sécurité nationale : le développement de l’Arctique et de l’Extrême-Orient russe».
L’Europe et l’Ukraine seront, comme d’habitude les dindons de la farce. «Cela n’a rien d’étonnant puisque l’Ukraine n’est qu’un gigantesque dispositif de blanchiment d’argent pour les politiciens européens corrompus. La machine kafkaïenne de l’UE a déjà ruiné les États membres et les contribuables européens».
«L’Alaska, aux confins de la Majorité mondiale, a clairement illustré la décadence de l’atlantisme, en apportant la preuve que les États-Unis cherchent à contrôler une Europe servile, enfermée dans sa stratégie de la tension. L’Europe, privée de toute autonomie, se voir contrainte de gaspiller des milliards d’euros qu’elle n’a pas en armes américaines hors de prix».
Pierre Duval, dans un article intitulé «La crise ukrainienne a donné une leçon de Realpolitik à l’Europe», cite le média chinois Global Times qui note, avec humour, que le problème des sept nains européens qui accompagnaient leur idole enneigée, Zelensky, c’est qu’ils ne savent jouer ni au golf, ni aux échecs…
«Trump, habitué au golf – un sport de précision – sait envoyer une balle dans un trou, c’est-à-dire mener des discussions pour obtenir un résultat dans son intérêt. Et les Européens sont les clubs utilisés pour envoyer la balle. Zelensky est la balle qui doit être envoyé au trou, ce qui est l’objectif final d’un parcours de golf».
Les leaders européens ne sont que des figurants sur la touche parce qu’ils n’ont aucune autonomie stratégique et que l’UE est plongée dans une grave crise sociale et économique, sécuritaire et énergétique.
«La balle de golf, qui est Zelensky, fait des ricochets et fait basculer plusieurs dominos qui enclenchent une escalade de plusieurs effets dévastateurs pour les pays de l’UE sans compter que les leaders de cette UE fonctionnent avec un vieux logiciel et qu’ils ne possèdent pas les expertises et les connaissances humaines nécessaires pour pouvoir gérer le chaos qu’ils ont fait naître».
«Le retour des pays de l’UE à la Realpolitik va être très douloureux».
Au passage, notre vénéré lider maximo en prend pour son grade : «Macron a également déclaré que l’Europe devrait être représentée lors du prochain sommet sur l’Ukraine entre la Russie, les États-Unis et l’Ukraine, ajoute Global Times pour souligner l’immaturité du président français qui se comporte comme un enfant gâté».
*
Le génocide des Palestiniens à Gaza
En France, sur les médias subventionnés, on ne parle pratiquement jamais des Palestiniens, non, on parle d’Israël et des Juifs ou des juifs et d’Israël… L’indécence a atteint des sommets avec l’instrumentalisation de la destruction de l’arbre planté en hommages à Ilan Halimi, pour cacher la forêt du génocide des Palestiniens, et maintenant ce sont les accusations d’antisémitisme de Netanyahou qui font la Une, parce que Macron a décidé de reconnaître l’État palestinien. Macron le fait pour se faire mousser à moindre frais, car à mon sens, il sait parfaitement qu’il n’est plus possible de mettre en œuvre la solution à deux états en Palestine, tant le territoire est saucissonné.
Il faudra attendre que le soutien étasunien à son proxy barbare diminue, comme il diminue actuellement à son proxy ukrainien, pour que se mette en place, comme en Afrique du Sud, un seul État, débarrassé du pouvoir sioniste d’apartheid génocidaire, qui sera peuplé des Palestiniens survivants et de ceux qui reviendront de leur exil forcé. Comme ils seront majoritaires, ils prendront le pouvoir.
Cela prendra du temps mais il faut garder espoir, car les sionistes, malgré leur soif de sang, n’arriveront jamais à tuer tous les Palestiniens et l’Occident ne pourra pas détourner les yeux éternellement des crimes sans nom commis par son proxy israélien. Un jour, justice sera rendue aux Palestiniens, mais ce ne sera pas grâce à Macron qui, à chaque minute, nous fait honte d’être Français, ni à la soi-disant communauté internationale.
*
Eyal Sivan – Israël utilise la mémoire juive pour justifier le génocide des Palestiniens
Et en attendant la propagande pro-israélienne redouble d’intensité. On apprend par l’inébranlable Caitlin Johnstone que l’armée israélienne a créé une unité spéciale appelée «cellule de légitimation», chargée de légitimer l’assassinat de journalistes et d’autres crimes de guerre à des fins de «relations publiques».
«Il va sans dire, ajoute la journaliste, qu’un État qui serait du côté de la vérité et de la moralité n’aurait pas besoin d’une unité militaire dédiée à la manipulation du discours public sur des actions que des gens normaux qualifieraient de moralement répréhensibles».
Le cinéaste et militant, Eyal Sivan, qui a grandi en Israël, se bat lui aussi inlassablement pour la cause palestinienne. À travers ses films et ses écrits, il dénonce l’instrumentalisation de la mémoire juive pour justifier le génocide palestinien.