Prix réduits, lots promotionnels… Un collectif d’associations engagées pour une alimentation saine et durable s’est penché sur les promotions alimentaires pratiquées par les principaux supermarchés français. Les résultats de l’enquête sont alarmants : seul un aliment en promotion sur dix est sain.
À l’heure actuelle en France, la « malbouffe » est un facteur de mortalité pour 11% de la population, un chiffre qui grimpe pour les plus démunis. Les ménages défavorisés sont en effet ceux qui souffrent le plus des conséquences d’une alimentation malsaine, comme le révèle le rapport du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), publié en avril 2025. Les 10 % les plus pauvres auraient ainsi 2,8 fois plus de risque de développer un diabète que les 10 % les plus riches.
L’une des raisons principales de ce phénomène est bien connue : l’alimentation saine est trop souvent moins abordable que les produits ultra-transformés, trop gras, trop sucrés ou trop salés. C’est un problème majeur, encore confirmé aujourd’hui par une enquête menée par sept associations, qui montrent que les promotions alimentaires dans la grande distribution concernent très majoritairement des aliments peu sains. Or dans un contexte de crise du pouvoir d’achat, les promotions ont une importance majeure dans les choix de consommation des ménages, en particulier les plus défavorisés.
La malbouffe en promo
Près de 5 000 promotions sur des produits alimentaires proposées par les principaux acteurs de la grande distribution ont été analysées en février et mars 2025 par les associations. Le collectif rassemble sept organisations engagées dans la promotion de la santé, la défense des consommateurs et la préservation de l’environnement, comme Foodwatch France, le Réseau Action Climat, France Assos Santé, la Confédération Syndicale des Familles ou encore le Collectif National des Associations d’Obèses.

Les résultats de l’étude sont sans appel : la grande majorité des promotions proposées par Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl ne satisfont pas aux recommandations sanitaires du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et de Santé publique France. Deux tiers des promotions concernent en effet des produits malsains : aliments ultra-transformés, boissons sucrées, charcuterie et autres biscuits et gâteaux industriels.
Bref, des aliments que toutes les recommandations officielles de santé publique appellent précisément à limiter fortement. De nombreuses promotions incitent en outre à la surconsommation de ces produits puisque 40% d’entre elles portent sur des lots ou proposent un article supplémentaire gratuit.
Des risques majeurs pour la santé publique
De l’autre côté, les produits dont la consommation par les Français devrait augmenter comme les fruits, les légumes ou les légumineuses ne font l’objet que de très peu d’offres promotionnelles. Seules 12% des promotions portent ainsi sur des aliments bénéfiques pour la santé.
En ce qui concerne l’environnement, le constat est loin d’être plus reluisant. 5% seulement des promotions portent sur des aliments issus de l’agriculture biologique, et l’on dénombre près de six fois plus de promotions pour de protéines animales que pour des protéines végétales, à l’impact environnemental pourtant bien moindre.

Ce constat entre ainsi en contradiction frontale avec les recommandations officielles en matière de santé publique. Au lieu de rendre accessibles les aliments sains comme les fruits et les légumes, la grande distribution incite en effet à consommer des produits aux effets délétères pour la santé. À la clé, des pathologies graves comme des cancers, des maladies cardiovasculaires, du diabète, ou l’obésité, qui sont responsables d’une large part des décès prématurés par maladies non transmissibles.
La grande distribution face à ses responsabilités
Face à cette situation qu’elles jugent inacceptable, les associations exigent que la grande distribution garantisse au moins 50 % de promotions sur des produits de qualité, à des prix accessibles. « Nous dénonçons un système dominé par les intérêts de l’agro-industrie et de la grande distribution, qui pousse à consommer des produits ultra-transformés, peu chers mais nocifs pour la santé », déclare Antoine Tirot pour la CSF (Confédération Syndicale des Familles). Audrey Morice, chargée de campagne chez Foodwatch France, poursuit :
« Dans le contexte d’opacité des prix alimentaires, et de mainmise des géants de l’agroalimentaire sur nos assiettes et ce que nous pouvons acheter et consommer, il est urgent d’agir sur l’offre et l’environnement alimentaires »
Le collectif a ainsi lancé une pétition ciblant les principaux distributeurs et les appelant à agir rapidement.

Des revendications qui semblent rejoindre celles de l’opinion publique, puisque 88% de la population française serait favorable à ce que les supermarchés proposent en majorité des promotions sur des aliments sains, selon le baromètre sur la consommation de viande des Français.
Une perspective encore très loin de se réaliser, les acteurs de la grande distribution comme les pouvoirs publics manquant pour le moment d’assumer leurs lourdes responsabilités en matière de promotion d’une alimentation saine.
– Aure Gemiot
Image par Jessica Latorre. Pixabay.
