Pastoralisme : Prévenir les feux de forêt en réinventant nos paysages agricoles


Cet été, le sud de la France a été durement touché par les incendies, notamment dans l’Aude et les Corbières, où des milliers d’hectares de vignes et de garrigues sont partis en fumée. De l’autre côté des Pyrénées, l’Espagne a, elle aussi, connu une saison dramatique, marquée par des feux d’une intensité exceptionnelle. Ces catastrophes récurrentes soulignent l’urgence de trouver des solutions durables pour contenir la progression des flammes et repenser notre manière d’habiter et de cultiver les territoires.

Un vigneron de l’Aude, Nicolas Mirouze, interviewé par Reporterre, plaide pour une transformation profonde du modèle agricole face à cette crise naturelle.

Selon lui, l’agriculture pastorale extensive n’est pas seulement une réponse symbolique, mais la voie la plus pertinente pour reprendre le terrain face aux incendies qui consument les friches et les monocultures vulnérables.

La force du pastoralisme extensif réside dans l’occupation active du territoire. Contrairement aux monocultures ou friches abandonnées, les troupeaux, en parcourant les terres, réduisent la biomasse inflammable tout en régénérant les sols et en préservant la biodiversité.

Cette pratique n’a pas qu’un effet de prévention : elle représente une forme d’agriculture vivante, tournée vers la résilience.

Le rôle du pastoralisme comme pare-feu ne relève pas seulement d’initiatives isolées : plusieurs rapports du Sénat soulignent le besoin d’une « ligne Maginot » agricole et pastorale, c’est-à-dire un réseau d’espaces non boisés, entretenus, pour freiner la progression des incendies. Ces coupures végétales peuvent bénéficier de financements, notamment via les mesures agro-environnementales de la PAC, mais elles souffrent d’un manque de soutien structurel.

Des exemples concrets pour inspirer l’action

  • Monts d’Arrée (Finistère) : suite à un incendie majeur en 2022, des éleveurs restaurent les landes par le pâturage mécanique des troupeaux, favorisant la biodiversité et limitant l’extension des feux
  • Lot : les associations foncières pastorales mobilisent plus de 1 500 propriétaires sur 4 000 ha. L’objectif : entretenir le paysage pour réduire le risque d’incendie et soutenir l’agriculture locale
  • Méditerranée & zones boisées : l’agropastoralisme, en maintenant les milieux ouverts, offre un véritable service écosystémique. Les troupeaux créent des corridors écologiques et des clairs naturels tout en limitant la végétation combustible.

Repenser nos territoires agricoles comme des systèmes vivants, actifs et résilients — plutôt que des monocultures ou des friches abandonnées — pourrait bien constituer la meilleure arme contre les feux de forêt. L’agriculture pastorale extensive, loin d’être un retour en arrière, se présente comme une réponse audacieuse et nécessaire au défi des incendies. L’enjeu est désormais de transformer cette vision en politique concrète à l’œuvre dans nos campagnes.





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