Austérité, le festin des actionnaires, par Pierre Rimbert & Grégory Rzepski (Le Monde diplomatique, septembre 2025)


la rentrée sociale en ligne de mire

Un président de la République marginalisé, un premier ministre sur le départ, une population excédée. Le pouvoir français va-t-il s’accrocher à son plan d’austérité consistant à rançonner salariés, retraités et malades pour financer l’armée et rétablir les comptes ? Et l’État continuera-t-il d’alimenter à fonds perdu les profits des grandes entreprises ?

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Emily Eveleth. – « Spin » (Ça tourne en rond), 2022

© Emily Eveleth – Anderson Yezerski Gallery, Boston

Au cœur de l’été, le télescopage est passé presque inaperçu. Peut-être parce que le plan présenté le 15 juillet par le premier ministre français pour rééquilibrer les comptes publics a capté toute l’attention. De fait, l’offensive budgétaire du gouvernement ne s’embarrasse même pas de feindre l’équité. Taxation des malades, rabotage des droits des chômeurs, gel des prestations sociales, désossage des services publics, suppression de deux jours fériés, etc. : le coût du grand réarmement européen pèsera sur les plus fragiles… Car c’est de ces pelés, de ces galeux que vient tout le mal ! Sur la chaîne d’extrême droite CNews, le député macroniste Mathieu Lefèvre tente le 4 août d’amadouer l’électorat du Rassemblement national en dénonçant « un système dans lequel on a des gens qui resquillent, qui grugent, et d’autres qui travaillent deux fois plus pour le financer ». Rentrer de l’hôpital en taxi quand on a encore la force de marcher ? « Un coup de poignard au pacte social », suggère-t-il, l’air pénétré. La veille, dans Le Parisien, la ministre du travail Catherine Vautrin déplorait de son côté l’ampleur de cette « gruge » : 13 milliards d’euros — dont plus de la moitié, oublia-t-elle de préciser, commise par les employeurs sous forme de travail dissimulé.

Mais, quelques semaines plus tôt, un tout autre son de cloche avait subrepticement retenti dans le débat public. Le 1er juillet, les sénateurs Olivier Rietmann et Fabien Gay remettaient à M. Gérard Larcher leur rapport sur l’utilisation des aides publiques aux grandes entreprises. Le type même de document qui, sitôt reçu, a dû brûler les doigts du président de la Chambre haute. Car le constat des parlementaires, l’un communiste, l’autre républicain, renvoie la « fraude sociale » qui obsède Mme Vautrin à une espièglerie de Castors Juniors : chaque année, l’État-mamma offre — souvent sans contrepartie, ni contrôle, ni évaluation — plus de 200 milliards aux entreprises. Nul ne connaît le chiffre précis puisque le gouvernement ne juge pas utile de (…)

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