CBDC et Euro numérique : une révolution ambiguë aux risques sous-estimés ?


À l’approche de novembre 2025, date envisagée pour les premières expérimentations de l’euro numérique, la Banque centrale européenne (BCE) accélère son projet de monnaie digitale centralisée, présenté comme une réponse indispensable à la dématérialisation des paiements. Si la phase préparatoire, lancée en novembre 2023, promet une alternative moderne aux cryptomonnaies privées, l’enthousiasme officiel occulte des risques majeurs, notamment en termes de contrôle et de libertés individuelles. Pendant ce temps, d’autres pays explorent ou déploient des CBDC (monnaie numérique de banque centrale) : la Chine avance avec son e-yuan, déjà testé dans 25 villes, les Bahamas ont lancé leur Sand Dollar, et des nations comme l’Inde et le Nigeria progressent rapidement, souvent sans débat public suffisant sur les implications. Cette course mondiale, loin d’être une simple prouesse technique, soulève des questions éthiques que l’Europe semble sous-estimer.

Une modernisation aux avantages surestimés ?

La BCE vante l’euro numérique comme une révolution : transactions instantanées, coûts réduits et inclusion des 40 millions d’Européens non bancarisés. Programmable, il pourrait faciliter des aides sociales ciblées, comme des bons pour l’éducation ou l’alimentation, tout en renforçant la traçabilité face aux fraudes. Mais ces avantages, souvent mis en avant comme une panacée, semblent exagérés face aux défis techniques et éthiques. La résilience promise face aux cyberattaques reste théorique, et l’inclusion financière risque de dépendre d’infrastructures numériques inaccessibles aux plus vulnérables, jetant un doute sur l’universalité de cette « monnaie du futur ».

La programmabilité : Un contrôle sur les achats qui inquiète

Cette même programmabilité, saluée comme une innovation par Eswar Prasad, pourrait se révéler un risque majeur. À la fin de son intervention au World Economid Forum de Tianjin le 28 juin 2023, l’économiste explique que, dans une vision d’un monde plus « sombre », les CBDC pourraient être codées pour restreindre les usages, limitant par exemple, les dépenses à des fins spécifiques comme l’achat de nourriture ou d’éducation, tout en interdisant d’autres : munitions, alcool, tabac, jeux d’argent. La limite pourrait alors être franchie jusqu’à interdire ou limiter les produits jugés non écologiques tels que les vols en avion ou les véhicules polluants ? Dans cette même intervention Prasad a poussé plus loin cette vision « sombre » de l’avenir monétaire, expliquant que les gouvernements pourraient « fixer des dates d’expiration » de cette monnaie. L’argent pourrait être transformé en outil de politique sociale coercitive. Cette capacité, qui élargit la « boîte à outils » des banques centrales, pourrait bafouer la neutralité de la monnaie, traditionnellement libre d’usage.

Forcer la consommation : adieu à l’épargne française ?

Depuis l’aube de l’humanité, l’argent a permis de capitaliser, d’épargner pour les jours sombres – une pratique ancrée dans la culture française, où les ménages thésaurisent massivement dans leurs « bas de laine ». Mais avec l’euro numérique, cette liberté pourrait s’évaporer. Prasad alerte sur les dates d’expiration intégrées à la monnaie : les unités digitales pourraient « disparaître » après un délai, obligeant les citoyens à consommer plutôt qu’à thésauriser. En France, où l’épargne avoisine les 15 % – un « excès » souvent reproché par Bruxelles comme frein à la croissance –, le gouvernement verrait dans cette fonctionnalité un moyen idéal de « décapitaliser » les réserves privées. La récente dégradation de la note souveraine par Fitch en A+ n’effraie plus : avec la CBDC et les banques numériques, l’État pourrait imposer une rotation forcée des fonds, forçant les Français à dépenser sous peine de perte. Comme l’évoque un post viral sur X citant Prasad : « Les CBDC permettront d’interdire certains achats et de fixer des dates limites d’utilisation », faisant de l’argent une « laisse numérique » tenue par l’autorité.

Une menace pour la souveraineté individuelle

Au-delà de l’épargne, ces mécanismes programmables menacent la vie privée et l’autonomie : chaque transaction traçable pourrait être scrutée, amplifiant les risques de surveillance étatique. Prasad, dans sa vision « dark » toujours au WEF, met en garde contre un futur où « la monnaie ne sera plus un simple moyen d’échange », mais un levier pour forcer les comportements – consommer pour relancer l’économie, ou restreindre pour « x » motifs, « verts » ou sécuritaires. Pour les Français, habitués à une monnaie anonyme et stable, l’euro numérique pourrait ainsi sonner la fin d’une ère : celle où l’on gagne pour épargner et transmettre, et non pour être contraint de dépenser. Face à ces enjeux, la BCE promet comme toujours, des garde-fous. Mais que fera-t-elle lorsqu’elle aura toutes les cartes en mains ? Et quelles mains d’ailleurs ? La question reste posée. La technologique finira-t-elle par aliéner toutes nos libertés ? À nous définitivement de bien choisir ceux qui nous représentent et les outils qu’on leur octroie.





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