Le 16 septembre 2025, le ministère hongrois de la Défense fait une déclaration remarquée : la Hongrie n’a pas besoin, pour l’instant, d’un soutien supplémentaire de l’OTAN pour protéger son espace aérien. Cette annonce intervient dans un climat de tensions accrues en Europe de l’Est, marqué par de possibles incursions de drones russes dans l’espace aérien polonais les 9 et 10 septembre 2025. Budapest affirme avoir renforcé ses propres mesures de défense aérienne face à une menace croissante des drones possible, sans exclure totalement une coopération future avec l’Alliance atlantique s’il était nécessaire. Cette position illustre la ligne diplomatique singulière du gouvernement de Viktor Orban, qui navigue entre loyauté à l’OTAN et proximité avec la Russie.
Membre de l’OTAN depuis 1999, la Hongrie a souvent adopté une posture prudente vis-à-vis de Moscou. Contrairement à ses voisins comme la Pologne ou les États baltes, qui ont renforcé leurs défenses aériennes en réponse à l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, Budapest évite les critiques directes envers la Russie. Même, lors de l’histoire de l’incursion de drones en Pologne, la Hongrie s’est abstenue de condamner explicitement Moscou, se contentant d’exprimer une « préoccupation » générale. Cette attitude s’explique par des liens économiques forts : la Hongrie dépend du gaz russe et a signé des accords nucléaires avec Rosatom. De plus, Orban cultive une rhétorique souverainiste, critiquant l' »ingérence » de l’UE et de l’OTAN dans les affaires nationales.
Sa déclaration sur l’espace aérien n’est pas isolée. Elle fait écho à des positions antérieures, comme en juillet 2024, lorsque le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó avait déclaré que la Hongrie ne soutiendrait pas une transformation de l’OTAN en bloc « anti-Chine ». En matière de défense aérienne, la Hongrie a investi dans ses propres capacités : elle a déployé quatre avions de chasse Gripen pour la mission de police aérienne balte de l’OTAN en juillet 2025, démontrant son engagement minimal. Cependant, face aux menaces hybrides comme les drones, Budapest préfère miser sur ses systèmes nationaux plutôt que sur des déploiements alliés, arguant qu’une autosuffisance évite l’escalade et les tensions avec la Russie.
L’Alliance, fondée sur le principe de défense collective (Article 5), fait face à des défis internes. Certains analystes estiment que la Hongrie, aux côtés de la Slovaquie, pourrait bloquer des résolutions contre la Russie, car toute décision requiert l’unanimité. « L’incursion polonaise », qualifiée de « pire violation » depuis la fondation de l’OTAN, a testé la volonté de l’Alliance. L’Ukraine appellent à une « défense aérienne européenne » unifiée, Zelensky pressant l’Europe de développer un bouclier anti-aérien après les bombardements russes.
Sur le plan européen, cette déclaration s’inscrit dans les tensions avec l’UE. La Hongrie bloque régulièrement les décisions collégiales, comme l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE en août 2025, invoquant un veto pour des raisons « uniques ». Orbán utilise ces positions pour consolider son pouvoir intérieur, en se présentant comme un défenseur de la souveraineté face à « Bruxelles et Washington ».
Les implications concernant la sécurité européenne semble préoccuper l’alliance. Avec l’escalade en Ukraine – y compris des menaces de no-fly zone qui pourraient mener à un conflit direct OTAN-Russie, comme l’a averti Dmitri Medvedev le 15 septembre 2025. Si la Hongrie persistait dans son autonomie, cela pourrait encourager d’autres membres à prioriser les intérêts nationaux, affaiblissant l’Alliance.