La taxe Zucman : une proposition pour taxer les milliardaires, entre idéalisme et réalités économiques


Gabriel Zucman, économiste, lobbyste et acteur international

Gabriel Zucman est un économiste français de renom, spécialiste de la fiscalité internationale et de la distribution des richesses. Âgé de 37 ans, il est professeur à l’École d’économie de Paris et dirige l’Observatoire fiscal européen de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Son travail, souvent comparé à celui de Thomas Piketty, met l’accent sur les inégalités croissantes et les failles des systèmes fiscaux mondiaux. Mais Zucman n’est pas un simple académique : il est perçu par ses détracteurs comme un lobbyste influent, financé par la « constellation Soros », c’est-à-dire les fondations philanthropiques de George Soros, notamment l’Open Society Foundations (OSF). En effet, l’Observatoire fiscal européen qu’il dirige reçoit un financement direct de l’OSF, l’une des plus grandes organisations philanthropiques au monde, qui a distribué plus de 32 milliards de dollars depuis sa création en 1984 pour promouvoir des causes progressistes comme la justice sociale et la transparence fiscale. Cette connexion alimente les critiques, qui voient en Zucman un promoteur d’agendas globaux alignés sur les intérêts d’une élite philanthropique de gauche.

Zucman s’est imposé sur la scène internationale lors du Forum économique mondial (WEF) de Davos en 2023, où il a participé activement aux débats sur la réforme fiscale globale. Dans un message vidéo d’ouverture, il a appelé les participants – chefs d’État, milliardaires et décideurs – à lutter contre l’évasion fiscale des ultrariches, soulignant que sans coordination internationale, les pays individuels peinent à imposer les fortunes nomades.

Son intervention, lors d’une session sur « La Réforme Fiscale Globale en Stand-by ? », a mis en lumière ses idées phares, renforçant son rôle de conseiller auprès d’organisations comme le G20 et l’ONU. Pour ses partisans, c’est un visionnaire ; pour ses opposants, un activiste déguisé en expert, utilisant des plateformes élitistes pour pousser des politiques redistributives.

 

Les détails de la taxe Zucman et ses effets anticipés

La « taxe Zucman », du nom de son promoteur, est une proposition d’impôt plancher sur les patrimoines des ultrariches, inspirée des travaux de l’économiste sur la taxation des milliardaires. Concrètement, elle vise à imposer annuellement au moins 2 % de la valeur nette du patrimoine pour les foyers dont la fortune dépasse 100 millions d’euros – un seuil qui, en France, toucherait environ 1 800 contribuables, soit moins de 0,01 % de la population. Cet impôt s’appliquerait sur l’ensemble des actifs (immobilier, actions, yachts, etc.), y compris les plus-values non réalisées, pour combler les lacunes des systèmes fiscaux actuels où les milliardaires paient souvent un taux effectif d’imposition bien inférieur à celui des classes moyennes.

Zucman, qui a présenté cette idée au G20 en 2024 sous l’égide du Brésil, envisage une mise en œuvre internationale pour éviter les fuites de capitaux : un accord multilatéral, similaire à l’impôt minimum sur les sociétés de 15 % adopté en 2021, garantirait que les ultrariches paient partout où ils résident ou ont des actifs. En France, une proposition de loi inspirée de ses travaux, déposée par les écologistes et socialistes en 2025, prévoyait un rendement de 15 à 25 milliards d’euros par an, destinés à financer des services publics comme l’éducation ou la transition écologique.

Selon Zucman, les effets anticipés sont doubles. Économiquement, cette taxe générerait des recettes substantielles sans décourager l’investissement : elle ne s’appliquerait qu’aux fortunes extrêmes. Des études montrent que les milliardaires réinvestissent déjà majoritairement leurs gains, rendant l’impôt sur les plus-values non réalisées viable. Sociologiquement, elle réduirait les inégalités en inversant la tendance à la baisse du taux d’imposition effectif des plus riches (passé de 70 % dans les années 1980 à moins de 20 % aujourd’hui pour certains), favorisant une cohésion sociale et une perception de justice fiscale. Zucman argue que, sans cela, les ultrariches continueront d’éroder la base imposable via des paradis fiscaux, aggravant les tensions sociales.

 

Réactions du monde économique : une opposition féroce des grands patrons

La proposition n’a pas tardé à susciter des réactions vives, particulièrement parmi les ultra-riches et les dirigeants d’entreprises. Bernard Arnault, PDG de LVMH et homme le plus riche de France avec une fortune estimée à plus de 133 milliards d’euros, a qualifié Gabriel Zucman de « militant d’extrême gauche » cherchant à « mettre à terre l’économie française ». Dans une interview au Sunday Times le 20 septembre 2025, il a dénoncé une présentation « biaisée » de la situation fiscale française et averti qu’une telle taxe serait « mortelle pour l’économie », risquant de détruire l’attractivité du pays. 

D’autres patrons ont emboîté le pas. Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, a torpillé l’idée comme un « délire communiste » et une « histoire de jalousie à la française », ironisant qu’il faudrait plutôt « dresser des statues à Pinault et Niel plutôt que de leur prendre 2 % ». Les dirigeants de la French Tech, comme Arthur Mensch de Mistral AI, ont exprimé des craintes similaires : « Je ne pourrais évidemment pas payer » une telle taxe, a déclaré Mensch, tout en appelant à des solutions pour plus de justice fiscale, tandis qu’une trentaine d’entre eux la qualifient de « piège mortel » qui détruirait 1,3 million d’emplois dans le secteur. Ces voix, vent debout contre ce qu’ils voient comme une « spoliation », illustrent les tensions entre innovation et redistribution.

Et les messages sont clairs. Dans une interveiw, Antony Bourbon un entrepreneur fortuné déclare : 

 

 Ce qui ne va pas : une analyse économique et sociologique

Malgré son attrait apparent, la taxe Zucman soulève de sérieuses objections d’un point de vue économique. D’abord, elle risque de provoquer une fuite massive de capitaux : les ultrariches, mobiles par nature, pourraient simplement déplacer leurs actifs vers des juridictions plus clémentes comme Dubaï ou Singapour, réduisant les recettes attendues de 75 % selon certains économistes libéraux. En France, où le patrimoine est déjà lourdement taxé (IFI, droits de succession), cela découragerait l’entrepreneuriat : des patrons de tech et d’industrie, comme une trentaine de dirigeants interrogés en 2025, craignent que cela freine l’innovation et l’emploi, qualifiant la mesure de « contre-productive » pour une économie en quête d’attractivité. De plus, l’évaluation des patrimoines non liquides (art, entreprises familiales) poserait des défis techniques insurmontables, générant litiges et coûts administratifs exorbitants – un « cauchemar bureaucratique » pour certains experts. Économiquement, au lieu de résoudre le déficit public (proche de 6 % du PIB en 2025), elle masquerait les problèmes structurels en augmentant les prélèvements sans réformer les dépenses.

Sur le plan sociologique, la taxe Zucman accentue les clivages plutôt que de les apaiser. Elle est vue comme une mesure punitive, ciblant une minorité visible (les « milliardaires voyous ») au lieu de redresser les inégalités quotidiennes des classes moyennes et populaires, comme la précarité du logement ou la stagnation des salaires. Cela renforce un narratif victimaire des élites économiques, tout en ignorant les dynamiques sociales : les fortunes ne sont pas figées, et taxer les « non-réalisés » pourrait décourager la transmission intergénérationnelle, perpétuant un cercle vicieux de défiance envers l’État. Sociologiquement, elle divise la société en « riches vs pauvres », occultant que beaucoup d’ultra-riches sont des créateurs d’emplois, et alimente un populisme fiscal qui masque les vraies fractures, comme l’accès inégal à l’éducation. 

En fin de compte, elle risque de polariser davantage, sans favoriser une solidarité inclusive.

 
Les deux camps idéologiques et l’impasse française

La taxe Zucman illustre parfaitement la fracture idéologique qui divise le paysage politique et intellectuel : d’un côté, le camp progressiste-étatiste, incarné par Zucman et ses soutiens à gauche, prône une intervention forte de l’État pour redistribuer via des impôts globaux, au nom d’une justice sociale « d’en haut ». De l’autre, le camp libéral-conservateur, représenté par les think tanks comme l’iFRAP ou les milieux patronaux, défend une fiscalité légère pour stimuler la croissance, arguant que les richesses créent plus de bien-être par l’innovation que par la ponction fiscale. Cette opposition, ancrée dans une vision du monde – collectiviste vs individualiste – empêche un consensus sur les vraies priorités.

Pour les Français, cette taxe n’est une fois de plus pas la réponse. Les sondages récents montrent une aspiration ultra-majoritaire (88% selon le sondage MIS  Group d’aout 2025) à une diminution importante du coût de l’État et de ses dépenses (près de 57 % du PIB), via une réduction des gaspillages administratifs et une simplification fiscale, plutôt qu’une nouvelle couche d’impôts sur une élite fantasmée.

Au lieu de creuser le fossé idéologique, la France gagnerait à se recentrer sur une réforme globale : baisser les charges sur le travail, baisser de manière substantielle et rationaliser les budgets publics et favoriser l’épargne productive. 

La taxe Zucman, séduisante en théorie, reste un mirage qui détourne du vrai enjeu : un État allégé au service des citoyens, non un Léviathan en quête de proies.





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