« La science est un sport de combat », titrait le professeur Didier Raoult dans son ouvrage en 2020, une formule prophétique au vu des audiences du 17 septembre 2025 à la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Loin de se limiter à un débat scientifique au service des patients, la crise du COVID-19 a révélé un champ de bataille où des acteurs de seconde zone jusque là inconnus, surnommés la « harcelosphère » par France-Soir, s’en prennent à des scientifiques de renommée mondiale (article 1, article 2, article 3, article 4 et article 5). Ces individus, souvent dépourvus du niveau de qualifications des chercheurs qu’ils ciblent, exploitent la crise sanitaire pour se faire un nom en diffamant, harcelant et manipulant l’opinion publique.
Ce cinquième épisode de l’enquête de France-Soir sur la harcelosphère expose une campagne orchestrée visant à discréditer des figures comme le Pr. Raoult, qui ont osé soigner les patients et poser un regard critique sur la politique sanitaire ainsi que le dogme du « tout vaccin ». Mais cela va plus loin en remettant en cause la douleur des victimes des vaccins covid qui se sont vues tout d’abord invisibilisées avant d’être insultées : « les vaccinés traités d’antivax » !
Pour l’heure, le recours à la justice, reste le seul moyen de tenter de se défendre des attaques de la harcelosphère qui visent à museler la vérité scientifique et à accentuer la maltraitance des victimes.
Deux audiences emblématiques d’un harcèlement organisé
Le 17 septembre 2025, la cour d’appel d’Aix-en-Provence, dans l’ancien bâtiment de la prison de la ville, le Palais Monclar, a été le théâtre de deux affaires de diffamation en appel illustrant les méthodes de la harcelosphère. La première opposait Marc Doyer, veuf et porte-parole de Verity France, à Kevin Enhart. La seconde mettait en scène le professeur Didier Raoult contre Guillaume Limousin, alias @Sonic_urticant sur X. Ces audiences, suivies par plusieurs observateurs pour France-Soir, exposent un schéma récurrent de diffamation et d’inversion accusatoire visant à détruire la réputation de ceux qui ont critiqué la politique sanitaire officielle.
Marc Doyer contre Kevin Enhart : une diffamation outrancière et indécente
Marc Doyer a perdu son épouse, Mauricette, en 2022, des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, après des mois de souffrance suivant l’injection du vaccin Pfizer, conformément au slogan gouvernemental « tous vaccinés, tous protégés ». Kevin Enhart, un inconnu producteur d’un documentaire État de choc : Primum non nocere a aggravé la douleur de Marc Doyer en insinuant, que ce dernier aurait hypothétiquement battu son épouse. Dans son documentaire qu’Enhart a présenté au Sénat au Sénateur Jomier, il mettait en scène des figures anti-Raoult, dont plusieurs membres de la harcelosphère identifiée par France-Soir, comme Alexander Samuel, Fabrice Franck Mathieu Molimard, Karine Lacombe. Condamné en première instance pour diffamation, Enhart a fait appel.
Je suis heureux d’accueillir au Sénat la projection d’ « États de choc », un beau documentaire de Kevin Enhart sur la pandémie #covid19. Science et humanité, fondements des professions soignantes. pic.twitter.com/fngoALTPwu
— Bernard Jomier (@BernardJomier) February 20, 2023
Lors de l’audience, son avocat, Me Christian Peltier, alias Me Eolas sur X, a tenté une exception de nullité de la sommation interpellative, invoquant des jurisprudences hors sujet. Marc Doyer, visiblement ému, a rappelé que des excuses d’Enhart auraient suffi à éviter le procès. Il a également présenté les travaux de Verity France, notamment un extrait du contrat d’achat des vaccins Pfizer daté du 20 mai 2021, révélant un écart abyssal entre les promesses officielles (« efficacité à 95 %, effets secondaires mineurs ») et les clauses contractuelles.
Me Peltier a tenté de dépeindre Doyer comme un homme violent, évoquant une plainte classée sans suite pour absence d’infraction par Emmanuel Macron pour menaces de mort. Cette stratégie, marquée par l’inversion accusatoire, a suscité l’indignation dans la salle. Un lapsus de Marc Doyer, qualifiant Pelletier de « Maître Eolas », a révélé la porosité entre le monde virtuel des réseaux sociaux et la réalité judiciaire. L’avocate générale, dans son intervention, a considéré que quatre des cinq tweets d’Enhart étaient diffamatoires, notant que la suppression d’un tweet trahissait un aveu de culpabilité. Elle a rejeté l’idée d’une « offre de preuve » de la part d’Enhart, qualifiant ses accusations de « fausses analyses » sans fondement.
Me Heringuez a conclu en dénonçant l’animosité personnelle d’Enhart et l’absence de faits pour justifier ses propos, qu’il a qualifiés de « bêtise humaine ». Il a introduit un thème central : l’existence d’un groupe organisé sur les réseaux sociaux ciblant principalement Raoult et son équipe, une position qui résonne avec les enquêtes de France-Soir sur la harcelosphère.
Professeur Raoult contre Guillaume Limousin : un lynchage scientifique
La seconde affaire opposait le professeur Raoult, défendu par Me Ludovic Heringuez et Me Tom Bonnifay, à Guillaume Limousin, qui l’accusait de falsification de tests PCR et de données dans l’étude Gautret et al. sur l’hydroxychloroquine. Malgré une relaxe totale en première instance, les deux parties ont interjeté appel. Limousin, invoquant un trouble du spectre autistique pour faire une déclaration unique et garder le silence en première instance, avait pourtant tenu une conférence de 60 minutes à Toulouse sans difficulté. Son avocat, Me Peltier à la barre et Me Eolas sur les réseaux sociaux, a joué la carte de l’inversion accusatoire, présentant Limousin comme une victime de la stature du Pr Raoult. Pourtant, Limousin a, lui aussi, été reçu par le sénateur Bernard Jomier au Sénat.
Raoult, microbiologiste le plus cité au monde, a défendu l’étude Gautret, relue en mars 2020 par deux experts mondiaux en coronavirus et validée en urgence par un comité d’éthique présidé par Jérôme Salomon, alors directeur général de la Santé. Il a admis que des erreurs scientifiques sont possibles, car « je ne suis pas Dieu », mais a nié toute fraude, soulignant la traçabilité rigoureuse des données de l’étude de l’IHU sur 30 000 patients, ignorée par les autorités françaises, mais par ailleurs corroborée par de nombreuses autres études.

Le Pr. Raoult a expliqué que l’erreur de l’étude Gautret résidait dans l’intégration des données de l’hôpital de Nice, servant de groupe témoin, dont l’IHU ne pouvait vérifier la validité. Le témoin de la défense, Hervé Seitz, non-médecin et non spécialiste en épidémiologie, vêtu d’un bermuda bleu et d’un t-shirt blanc, a dénoncé une prétendue fraude basée sur des divergences mineures entre la publication initiale de mars 2020 et une mise à jour de janvier 2021, invoquant la rétractation de l’étude après cinq ans. Il a également cité un rapport de l’IGAS sur l’IHU, mais Me Heringuez a rétorqué que Dominique Costagliola, témoin précédent de la défense, n’avait pas été en mesure de conclure à une fraude dans l’étude Gautret en mars 2024. L’avocat a recentré le débat sur la diffamation, soulignant l’absence de preuves pour les accusations de Limousin, notamment son affirmation que « toutes les études » de Raoult étaient frauduleuses.
L’avocate générale a écarté la thèse du « lanceur d’alerte » pour Limousin, confirmant le caractère diffamatoire de ses propos, et s’en remettant à la Cour par rapport à l’analyse des pièces de Limousin pour essayer de justifier de sa bonne foi. Me Heringuez a dénoncé un groupe organisé composé d’individus s’autoproclamant scientifiques de premier rang, visé depuis juin 2025 (suite à une plainte déposée en Mai 2025) par une enquête pour « harcèlement en bande organisée ».Il a indiqué qu’il n’avait jusqu’à présent jamais assisté à une décision d’ouverture d’enquête aussi rapide pour un dossier de cette nature. Il a aussi été évoqué un constat d’huissier mettant en évidence un « manuel » de harcèlement visant entre autres à mettre sous pression les éditeurs de revues scientifiques et les universités pour déclencher des procédures disciplinaires.
La Harcelosphère : une « mafia » scientifique
La salle d’audience était un reflet de la harcelosphère : Alexander Samuel, accusé d’avoir usurpé le titre de médecin pour prélever du sang, Fabrice Franck, Kevin Enhart représenté par Me Christian Peltier (Eolas), Guillaume Limousin), et d’autres se présentant comme « journalistes amateurs » ont été surpris en train d’enregistrer illégalement les débats, une pratique interdite, rappelé par la Cour.
Ce groupe, lié au sénateur socialiste Bernard Jomier (présenté dans la presse comme le sénateur qui s’est fait connaître en affrontant le Professeur Raoult alors qu’il avait été désigné rapporteur d’une commission d’enquête sénatoriale) et au collectif NoFakeMed, utilise des méthodes dénoncées par France-Soir et Science Guardians, ciblant des scientifiques comme Didier Raoult, Jay Bhattacharya et Wafik El-Deiry.

Leurs tactiques, qualifiées de « mafieuses » par un observateur, incluent :
- L’inversion accusatoire : accuser les scientifiques des fautes qu’eux-mêmes commettent, comme Limousin reprochant à Raoult des fraudes qu’il ne peut prouver.
- Des opérations de lynchages médiatiques : collaborer avec des médias comme L’Express, Mediapart et Le Monde pour amplifier des récits diffamatoires, ensuite présentés comme des « preuves » de leur bonne foi par certains membres de la harcelosphère
- Des campagnes de rétractation : intimider les revues scientifiques pour obtenir des rétractations, comme pour l’étude Gautret, souvent sans critique scientifique valable. Elisabeth Bik, encensée par Me Peltier à la barre et Eolas sur les réseaux sociaux pour son aptitude à repérer les falsifications d’images, est elle-même visée par Science Guardians pour son rôle dans le harcèlement organisé de scientifiques sur le réseau PubPeer en lien avec la revue RetractionWatch financé par la Arnold Foundation. Bik, ancienne directrice scientifique de la société Ubiome, un scandale scientifique de 100 millions de dollars aux États-Unis, était encore en lien avec Ubiome lors du scandale. Elle prétend n’avoir rien su de la fraude, une défense peu crédible.
Les membres de la harcelosphère se présentent trop souvent comme des héros de la Vérité, tout en niant leur complicité d’agir en groupe et procédant à l’usage de l’inversion accusatoire qui consiste à « accuser les harcelés de les persécuter ». Les 500 tweets mensuels de Limousin ciblant le Pr. Raoult relèvent d’une obsession compulsive, dépassant la critique scientifique pour s’apparenter à du harcèlement, régi non par la loi sur la presse de 1881, mais par le code pénal.
Réactions sur X : une indignation croissante
En sortie d’audience et sur les réseaux sociaux, les internautes dénoncent les agissements de la harcelosphère. Un témoin ayant assisté au procès explique : « L’obsession de la harcelosphère pour Raoult est pathétique. Des inconnus s’attaquent à un professeur mondialement reconnu pour exister. La justice doit stopper ce harcèlement. » Un autre ajoute : « Ces « pseudos scientifiques » comme Limousin et amateurs comme Enhart se cachent derrière la ‘vérité’ pour diffamer des médecins qui ont sauvé des vies. C’est une campagne de dénigrement orchestrée. » Enfin, une troisième personne déclare : « Il est tragique de voir Limousin, qui a écrit 500 tweets hargneux par semaine pendant deux ans visant le Pr. Didier Raoult, pleurer en expliquant qu’on le persécute, après qu’il ait harcelé l’université Aix-Marseille, les journaux scientifiques et menacé le Sénateur Houpert ».
Côté défense, on voit poindre des tweets « les selfies c’est la vie » qui se glorifient d’avoir pris un selfie avec le Professeur Raoult ou le Pr. Chabrière. « Cette personne ayant un livre à vendre ! explique un utilisateur sur X ! « Business is busines. »

Ces réactions reflètent le ton des débats et font écho aux enquêtes de France-Soir d’un groupe exploitant la crise pour museler les voix critiques.
Un combat plus large pour l’intégrité scientifique
Les agissements de la harcelosphère ne se limitent pas à Raoult. Mathieu Molimard, récemment nommé à une mission sur la désinformation aux côtés de Dominique Costagliola et Hervé Maisonneuve, est critiqué par BonSens.org pour des conflits d’intérêts non déclarés et des attaques biaisées contre l’intégrité scientifique. L’étude Pradelle Lega soutenue sans retenue par Mathieu Molimard dans les médias, a été rétractée en aout 2024. Elle prétendait faussement que 17 000 décès auraient été liés à l’hydroxychloroquine, ce qui illustre l’hypocrisie d’accuser autrui de fautes scientifiques. De même, des médecins comme le Dr Barraud, suspendu pour trois mois, dont un ferme, pour des propos insultants envers Jean-Yves Capo, et le Dr Marty, dont les sanctions ordinales ont été confirmées en appel, continuent d’opérer au sein de ce réseau. Barraud, bien que suspendu à partir du 1ᵉʳ septembre 2025, a revendiqué sur les réseaux sociaux être au travail. Cette affirmation est en attente de clarification auprès de la chambre disciplinaire, contactée par France-Soir.

Me Heringuez a évoqué une enquête ouverte en juin 2025 pour « harcèlement en bande organisée » contre Raoult et d’autres. Cette investigation, couplée à des plaintes pour faux dans des productions médiatiques comme Complément d’enquête, suggère que la harcelosphère pourrait peut-être avoir à faire face à des conséquences judiciaires plus graves que des procès en diffamation. Ces agissements ont des conséquences critiques pour la recherche scientifique en France. Critiques car outre le fait qu’ils touchent un des fleurons de la recherche scientifique en France et mondialement reconnu qu’est l’IHU Méditerranée, cela entraine aussi un affaiblissement de la crédibilité scientifique de l’IHU et une perte de chance substantielle pour les patients. France-Soir a également dénoncé des pratiques de « blanchiment » médiatique, où des articles de presse servent de base factuelle à des campagnes de harcèlement. De nombreux articles où l’ont peut voir Victor Garcia (l’Express) mettre à la une plusieurs membres de la harcelopshere, les dizaines de milliers de tweets de Limousin…. Me Heringuez à cet égard a expliqué que « Victor Garcia est au journalisme ce que Limousin est au numérique ».
Une perspective transatlantique : l’ACIP face aux vaccins à ARNm
Pendant qu’en France, les tribunaux sont encombrés par des procès en diffamation et des campagnes de harcèlement contre des scientifiques comme Raoult, les États-Unis adoptent une approche différente, centrée sur la santé publique et les patients. L’Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP), chargé de conseiller les CDC sur les politiques vaccinales, a récemment pris des positions fermes pour restreindre l’utilisation des vaccins à ARNm, notamment chez les jeunes et mis fin à la recommandation universelle du vaccin COVID-19.

Face aux préoccupations croissantes sur les effets secondaires, comme les myocardites et les péricardites observées chez les adolescents et jeunes adultes, l’ACIP a considéré des recommandations de limiter ces vaccins pour certaines tranches d’âge, privilégiant des approches plus ciblées. Cette décision contraste avec les batailles françaises, où des groupes comme la harcelosphère semblent plus préoccupés par le discrédit des scientifiques dissidents que par la sécurité des patients.
Un procès pour la vérité
Les audiences d’Aix-en-Provence révèlent la croisade de la harcelosphère pour discréditer les scientifiques ayant remis en question le dogme du « tout vaccin ». Loin d’une critique scientifique entre pairs, leurs méthodes – diffamation, harcèlement, manipulation médiatique et pressions sur les revues – visent à ruiner des réputations et à faire taire la dissidence.
Comme l’a dit le Pr. Raoult, « l’épidémie a rendu les gens fous », mais la folie de la harcelosphère persiste bien au-delà. Le verdict, attendu le 10 décembre 2025, dira si la justice freinera cette attaque contre la vérité scientifique. Comme France-Soir l’a conclu dans sa série sur l’« escroquerie » du COVID-19, « un procès devra se tenir » – et il pourrait enfin démasquer les véritables intentions de la harcelosphère.

Contacté par France-Soir, le Pr. Raoult par respect pour la justice et la procédure n’a pas voulu commenter.