Cette mainmise peut prendre de multiples aspects : la révolution libertaire ayant fragilisé le Sur-moi, elle a permis au capitalisme d’exercer une forme de contrôle anti-autoritaire « prenant les traits du marketing, de la publicité, du consumérisme et cultivant des valeurs d’émancipation individuelle », mais aussi au pouvoir d’exercer un contrôle social fait d’un savant usage de l’ordre et du désordre, en augmentant « le désordre mental intérieur dans la population, pour mieux l’encadrer par un ordre technocratique extérieur ».
Ainsi, tout en lui assénant sans relâche la démocratie et ses « valeurs », le pouvoir, grâce à l’ingénierie sociale, « organise la société selon un plan préétabli », en suscitant son adhésion à ses changements, de telle sorte que la population continue le travail toute seule. C’est pourquoi, nous dit l’auteur, nous ne sommes plus « ni en dictature, ni en démocratie, mais encore ailleurs ».
Pour fonctionner, l’ingénierie sociale nécessite de passer inaperçue ; c’est la condition même de son efficacité. En prendre conscience et en faire prendre conscience aux autres est la première étape pour y échapper.
Né en 1972, Lucien Cerise a une formation en sciences humaines et sociales, avec une spécialisation dans le langage et l’épistémologie. Il s’intéresse aux notions de frontière et de limite, aussi bien dans le champ politique que dans les domaines psychologique, éthique et comportemental. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Neuro-pirates, Ukraine — la guerre hybride de l’Otan et Le Suprémacisme blanc.
