Alors que le Premier ministre britannique Keir Starmer vient d’annoncer l’introduction d’une carte d’identité numérique obligatoire pour tous les citoyens et résidents permanents, une campagne publicitaire lancée par le groupe conservateur Turning Point UK fait le buzz sur les réseaux sociaux. Baptisée « Brit Card », cette mesure vise à lutter contre l’immigration illégale en exigeant une vérification d’identité via une application smartphone pour accéder à un emploi ou à un logement. Mais pour ses détracteurs, elle ouvre la porte à un futur orwellien. Une vidéo satirique de 40 secondes, vue des dizaines de milliers de fois, illustre avec humour noir les dérives potentielles de ce système, qualifié de « tyrannie numérique ».
L’excellente campagne des Anglais pour montrer la mise en esclavage par l’identité numérique pic.twitter.com/UsTlbX22Hu
— Philippe Murer 🇫🇷 (@PhilippeMurer) October 1, 2025
L’annonce, révélée fin septembre, prévoit que chaque adulte britannique devra posséder une « Brit Card » stockée sur son téléphone, via l’application gov.uk Wallet rebaptisée pour l’occasion. Destinée à vérifier le droit de travail et de résidence, elle s’inscrit dans un plan plus large pour endiguer les flux migratoires illégaux, selon le gouvernement travailliste. « C’est une opportunité énorme pour moderniser notre pays », a déclaré Starmer, promettant une mise en œuvre progressive dès 2025. Pourtant, la proposition a déjà suscité une vague de contestation : plus de 2,4 millions de signatures sur une pétition parlementaire, et des critiques acerbes de la part d’associations comme Big Brother Watch et Liberty, qui y voient une menace pour la vie privée et un risque de discrimination.
C’est dans ce climat tendu que Turning Point UK, un think tank conservateur proche des idées libertariennes, a contre-attaqué avec une publicité choc diffusée sur Facebook et Instagram. La vidéo, partagée massivement sur X (ex-Twitter) et vue plus de 40 000 fois en quelques heures, dépeint un Royaume-Uni dystopique où la « Brit Card » dicte les moindres gestes quotidiens. Dans la vidéo, l’humour absurde y est roi : une grand-mère est refoulée d’un bus parce qu’elle n’a pas de smartphone ; un habitué du pub se voit refuser une pinte supplémentaire au motif qu’il n’a pas d’appareil mobile ; un voyageur est interdit de vol pour avoir « dépassé son quota d’émissions carbone » avec deux trajets annuels ; un client ne peut acheter de viande au supermarché, son achat étant bloqué par un post sur les réseaux sociaux jugé « non conforme à la narrative gouvernementale » ; enfin, un internaute est coupé d’Internet après trois heures d’utilisation quotidienne, son accès verrouillé par la carte.
« Résistez à la tyrannie de Starmer ! Signez la pétition maintenant », lance l’annonce en conclusion, avec un appel à l’action clair. Produite en 40 secondes chrono, cette satire s’inspire ouvertement de 1984 de George Orwell, multipliant les scénarios exagérés pour souligner les « non-sens » d’un tel système : exclusion des non-numérisés (comme les seniors), surveillance intrusive des habitudes de consommation et de voyage, et censure indirecte via les algorithmes. Ceci n’est pas non plus sans rappeler S.O.S . Bonheur, la dystopie prophétique de Van Hamme et Griffo « SOS Bonheur ». « La Brit Card ne résoudra pas l’immigration, elle créera des esclaves numériques », résume un porte-parole de Turning Point UK dans un communiqué relayé sur les réseaux.
La campagne n’est pas sans précédent au Royaume-Uni, où plusieurs tentatives d’identité obligatoire ont échoué, la dernière en 2010 sous les conservateurs. L’opposition, emmenée par Jake Berry, dénonce déjà la mesure comme « la plus anti-britannique jamais proposée ».
Du côté des partisans, le gouvernement insiste sur la sécurité et la simplicité : la carte serait gratuite et sécurisée, avec une consultation publique à venir.
En France, où des débats similaires agitent autour de l’identité numérique européenne, cette vidéo résonne particulièrement. Partagée par des influenceurs comme Philippe Murer sur X, elle cumule déjà des milliers de réactions : « Même Orwell est dépassé », commente un utilisateur, tandis qu’un autre appelle à une « grève générale » contre ce « esclavage ». Reste à voir si cette satire virale influencera le débat parlementaire britannique, ou si la « Brit Card » s’imposera malgré les moqueries. Une chose est sûre : en illustrant les absurdités potentielles, Turning Point UK a ravivé le feu de la résistance.