La France en mode « économie de guerre » exportations records dans un tourbillon de tensions mondiales et d’opacité démocratique


Résumé pour les pressés : dans un monde embrasé par les conflits et une course aux armements sans précédent, la France affiche un bilan éloquent : 21,6 milliards d’euros de commandes d’armes à l’export en 2024, soit la deuxième meilleure performance historique après le pic de 2022. Ce chiffre, révélé dans le Rapport au Parlement 2025 sur les exportations d’armement, signé par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, propulse le total des commandes – domestiques incluses – à près de 40 milliards d’euros. Un triomphe pour l’industrie de défense française, dopé par des fleurons comme le Rafale, les sous-marins Barracuda ou les canons Caesar, mais qui soulève des interrogations sur l’opacité démocratique et les priorités d’une nation en « mode guerre ».

Le document de 139 pages, publié annuellement depuis 1988 pour répondre à une « exigence de transparence », dresse un portrait flatteur d’une politique « cohérente avec les priorités stratégiques ». Près de 60 % des contrats, soit 13 milliards d’euros, ont été conclus avec des partenaires européens – Pays-Bas, pays baltes en tête –, renforçant l’ambition d’une « Europe de la défense intégrée » qui n’est pas demandée par les peuples. L’Ukraine, bastion de cette solidarité, reçoit un soutien massif : 3,08 milliards d’euros d’équipements livrés depuis 2022, au risque d’amputer les stocks français de 25 à 40 %. Lecornu vante des partenariats « durables » et une production accélérée de munitions, en écho au discours d’Emmanuel Macron sur une posture « guerroyante » face aux « politiques de puissance » russes et chinoises.

Pourtant, ce succès s’inscrit dans un tableau mondial alarmant. Les dépenses militaires globales ont franchi la barre des 2 718 milliards de dollars en 2024, en hausse de 9,4 % – le bond le plus fort depuis la fin de la Guerre froide, selon l’ONU et le SIPRI. L’Europe grimpe de 16 %, le Moyen-Orient de 19 %, tandis que les États-Unis engloutissent seuls 997 milliards, plus que les neuf suivants combinés. En France, le budget de la Défense doublera d’ici 2027 pour atteindre 64 milliards d’euros, trois ans avant l’échéance initiale. Des exportations vers des zones instables – Moyen-Orient, Afrique – sont justifiées par un « contrôle interministériel intransigeant », respectueux du droit humanitaire et des embargos ONU/UE. Mais les détails des contrats restent voilés, alimentant les doutes sur le respect effectif des normes internationales.

C’est là que le bât blesse : une opacité institutionnelle qui frise l’antidémocratique. Les livraisons à Kiev, évaluées à plus de 40 milliards d’euros au total, se font sans aval parlementaire, en violation présumée des articles 35 et 53 de la Constitution. La proposition de résolution du sénateur Alain Houpert (LR, Côte-d’Or), déposée en avril et soutenue par 33 000 signatures citoyennes et 68 anciens militaires, exige un débat et un vote sur ces engagements. Bloquée à l’ordre du jour du Sénat, elle fait écho à des scandales plus larges, comme les contrats opaques Pfizer au Parlement européen, où une commission d’enquête sur les achats de vaccins par Ursula von der Leyen a été étouffée malgré un quorum atteint.

Symbole de cette résistance muselée, le général Paul Pellizzari, radié des cadres pour avoir porté plainte contre les ministres pour « affaiblissement de la défense nationale », alerte sur les risques de cobelligérance. Sa pétition, à 11 000 signatures, est ignorée par les médias mainstream, tandis que l’AFP corrige à contrecœur une dépêche erronée sous pression.

Au-delà des chiffres ronflants, ce rapport interroge : la France, leader mondial derrière les États-Unis, doit-elle prioriser les canons au détriment de la paix et des Objectifs de développement durable ? Profits records pour l’industrie, lobbying effréné, mais au prix d’une souveraineté érodée et d’une démocratie en péril. Un débat parlementaire s’impose, avant que la « sécurité » ne devienne un alibi pour l’opacité.  

 

*** analyse complète ***
 

Le Rapport au Parlement 2025 sur les exportations d’armement de la France, rendu public cette année, dresse un bilan impressionnant pour l’exercice 2024 : 21,6 milliards d’euros de prises de commande à l’export, la seconde meilleure performance historique après le pic de 2022. Signé par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, ce document de 139 pages – dont une partie substantielle est dédiée aux contrôles rigoureux et aux engagements internationaux – vante une politique « cohérente avec les priorités stratégiques » de la France. Mais derrière ces chiffres flatteurs se profile un monde en ébullition : une course aux armements record, des livraisons massives à l’Ukraine, et une attitude de plus en plus guerroyante de l’exécutif français. Pire, des initiatives parlementaires et judiciaires courageuses, comme celles du sénateur Alain Houpert ou du général Paul Pellizzari, peinent à percer l’opacité institutionnelle, rappelant les blocages antidémocratiques observés au Parlement européen. Dans un contexte où la transparence semble sacrifiée sur l’autel de la « sécurité », ce rapport interroge autant la souveraineté française que le respect de la Constitution.

Un bilan 2024 à la hauteur des « réalités stratégiques » : Croissance, Europe et Ukraine au cœur du dispositif

Depuis 1988, le ministère des Armées publie annuellement ce rapport, répondant à une « exigence légitime de transparence démocratique ». L’édition 2025, couvrant l’année 2024, met en lumière une industrie de défense française (BITD) « robuste et crédible », portée par des programmes phares comme le Rafale, les sous-marins Barracuda, les canons Caesar ou les frégates et hélicoptères. Avec près de 40 milliards d’euros de commandes totales (export inclus), dont 21,6 milliards à l’export, la France confirme sa place de leader mondial, derrière les États-Unis mais devant la Russie et la Chine.

Le document est structuré en trois parties principales :

  • Une politique alignée sur les priorités stratégiques : les exportations contribuent à la « sécurité internationale » via la légitime défense des États partenaires (notamment en Ukraine), le renforcement des alliances (OTAN, UE) et la lutte antiterroriste. Dans un contexte de « multiplication des foyers de crise », les armes françaises joueraient un rôle préventif contre les « politiques de puissance » (ex. : Russie). 
    Elles soutiennent aussi l’« autonomie stratégique et l’ambition européenne ». 60 % des contrats (près de 13 milliards d’euros) sont conclus avec des partenaires européens (Pays-Bas, pays baltes), témoignant d’une « convergence renforcée » vers une Europe de la défense intégrée (p. 19). Cela inclut des programmes phares comme les Rafale, sous-marins Barracuda, canons Caesar et frégates. Lecornu insiste sur des partenariats « durables » en Ukraine, où la France « a des choses à apprendre de l’industrie ukrainienne » et appelle à une meilleure coopération entre exportateurs pour éviter les disséminations.
    Données du rapport
     
  • Un contrôle interministériel intransigeant : chaque licence est examinée au cas par cas par un processus interministériel (Armées, Affaires étrangères, Économie), sous le principe de « prohibition » sauf dérogation. Respect du droit humanitaire, de la non-prolifération des armes de destruction de massive, des engagements comme le Traité sur le commerce des armes (TCA), de la position commune 2008/944/PESC de l’UE, et les embargos ONU/UE. Des annexes détaillent les 78 catégories de matériels (de ML1 à ML22), les licences délivrées par pays, et les livraisons depuis 2015. En 2024, des milliers de licences ont été délivrées, mais pas toutes menant à des exportations effectives. Des cas particuliers incluent les réexportations (annexe 13) et transits (annexe 10).
     
  • Résultats et évolutions, un marché concurrentiel en mutation. La troisième partie dresse un bilan triomphal : 21,6 Md€ d’export (total commandes France + export : 40 Md€), porté par : des ventes de Rafale (18 pour Indonésie, 12 pour Serbie) ; des ventes de sous-marins (4 pour Pays-Bas), des ventes d’artillerie, missiles, hélicoptères (plusieurs contrats >200 M€), et des contrats de maintien en condition opérationnelle (MCO) et modernisations (contrats <200 M€ en hausse).
    Le marché mondial est « en mutation» : dépenses de défense en hausse (+37 % en 10 ans globalement), concurrence accrue (USA, Chine, Russie). La France bénéficie d’un soutien étatique (subventions, diplomatie), mais le rapport appelle à plus d’ambition en Ukraine et en Europe.
    Donnés du rapport

Ce bilan n’est pas anodin : il reflète un « mode économie de guerre » prôné par Emmanuel Macron, avec une montée en cadence de la production (munitions, artillerie). Mais il soulève des questions éthiques : les exportations vers des zones instables (Moyen-Orient, Afrique) respectent-elles vraiment le droit international humanitaire ? 

Le rapport assure un « contrôle approfondi », mais l’opacité persiste sur les détails des contrats.

 
La course aux armements mondiale : un record qui alimente les tensions, la France en première ligne

Ce rapport s’inscrit dans une actualité alarmante : les dépenses militaires mondiales ont atteint un record absolu de 2 718 milliards de dollars en 2024, en hausse de 9,4 % par rapport à 2023 – la plus forte depuis la fin de la Guerre froide. Selon l’ONU et le SIPRI, l’Europe a vu ses budgets bondir de 16 %, le Moyen-Orient de 19 %, tandis que les États-Unis dépensent 997 milliards de dollars, plus que les neuf pays suivants combinés. La Russie et la Chine justifient leurs hausses par des « menaces existentielles », dans une boucle infernale : « plus d’armes = plus de conflits = plus d’armes ».

En France, le gouvernement accélère : le budget militaire doublera d’ici à 2027, avec 6,5 milliards d’euros supplémentaires sur deux ans, portant les dépenses à 64 milliards – trois ans plus tôt que prévu. Emmanuel Macron, prônant la « paix » à l’ONU, envoie des armes à l’Ukraine sans aval parlementaire et maintient des licences pour Israël, malgré les condamnations verbales des frappes à Gaza (dizaines de milliers de civils tués). Cette « attitude de plus en plus guerroyante » – « être craint » dans un « monde menaçant », dixit Macron – profite à l’industrie : profits records, lobbying effréné, au détriment des services publics (hôpitaux, retraites) et des ODD de l’ONU (famine touchant 1 milliard de personnes, 100 millions de déplacés).

Les exportations françaises, dopées par le conflit ukrainien, illustrent ce cycle : 3,08 milliards d’euros d’équipements livrés depuis 2022, amputant de 25 à 40 % les stocks français. À Kiev, 100 % du budget est consacré à la défense ; à Gaza, les blocus saoudiens (armes occidentales) perpétuent la famine au Yémen.

Le rapport Lecornu célèbre ces « succès », mais ignore les coûts humains et les risques de cobelligérance.

 

Transparence en berne : du scandale Pfizer aux blocages parlementaires, un fil rouge constitutionnel

Cette opacité n’est pas nouvelle. Rappelons le mémoire du 23 novembre 2023 du ministre de l’Économie (alors Bruno Le Maire), dans le cadre de la demande de transparence de BonSens.org sur les contrats Pfizer : 

« On notera, au surplus, qu’une proposition de règlement (UE) du 19 septembre 2022 établissant un instrument d’urgence pour anticiper les conséquences des crises sur le marché unique et y réagir efficacement tend à pérenniser le mécanisme institué durant la pandémie de covid-19 afin de garantir la disponibilité des biens et des services considérés comme d’importance critique pour le bon fonctionnement du marché intérieur. Ce texte, actuellement en cours de négociation, prévoit notamment, dans sa partie V consacrée aux marchés publics, un dispositif permettant à la Commission, en vertu d’un accord préalable conclu avec les États membres, d’agir en leur nom, en cas de situation d’alerte ou d’urgence, pour acheter des biens et des services d’importance critique. La décision rendue dans le cadre du présent litige aura donc des conséquences significatives sur d’éventuels futurs contentieux liés à la passation et à l’exécution des contrats passés par la Commission sur le fondement de ce règlement mais également sur d’autres instruments sectoriels, à l’image de règlement (UE) 2023/1781 du 13 septembre 2023 relatif au renforcement de l’écosystème européen des semi-conducteurs dont l’article 27 prévoit, sur un modèle analogue, une mutualisation des achats en cas de crise pour l’approvisionnement de ceux-ci. »

Ici, les contrats Pfizer (opaques, via SMS échangés entre von der Leyen et le PDG Albert Bourla) sont justifiés comme un levier pour des achats critiques en crise – microprocesseurs, vaccins, ou… armements ? Ce mécanisme « d’urgence » préfigure les livraisons ukrainiennes sans débat : 5 milliards d’euros (mais au total, c’est plus de 40 milliards d’euros) engagés sans ratification parlementaire, violant les articles 35 et 53 de la Constitution.

Alain Houpert

C’est précisément ce que dénonce la proposition de résolution n° 547 déposée le 22 avril 2025 par le sénateur Alain Houpert (LR, Côte-d’Or) au Sénat. Inspirée d’une résolution citoyenne signée par 33 000 personnes et 68 anciens militaires, elle exige un contrôle parlementaire sur les engagements en Ukraine : informations sur la présence française depuis 2022, débat et vote sur les interventions, ratification des accords financiers. Soutenue par un sondage MIS Group (83 % des Français estiment leur voix ignorée, 57 % voient une violation de la séparation des pouvoirs), elle n’a reçu aucune réponse du gouvernement à ce jour. Inscrite auprès du secrétaire du Sénat, elle n’a pas été mise à l’ordre du jour, menaçant les articles 34-1, 35 et 53 de la Constitution, ainsi que l’article 25 du PIDCP et l’article 1 du TNP.

Cette inertie évoque furieusement le blocage au Parlement européen. Le 29 septembre 2025, le député Gerald Hauser (FPÖ) a dénoncé l’étouffement d’une commission d’enquête sur les vaccins Covid :

« Nous avons réussi, avec 182 députés – dont deux membres slovènes du Parti populaire européen, tous les patriotes, tous les membres de l’ESN, certains membres de l’ECR ainsi que quelques députés indépendants – à atteindre le quorum requis de 25 % des voix pour la mise en place d’une commission d’enquête concernant le scandale de l’acquisition des vaccins contre le Covid par Ursula von der Leyen », a déclaré le député européen libéral Gerald Hauser. 

« Cette commission d’enquête est nécessaire et importante. Ursula von der Leyen a, dans un processus opaque, via des SMS et des accords secrets, dépensé environ 35 milliards d’euros pour 1,8 milliard de doses du vaccin Pfizer – de l’argent des contribuables. Et cela dans le cadre d’un processus d’acquisition personnel entre elle et le PDG de Pfizer, Albert Bourla, en contournant tous les organes et instances de l’Union européenne, donc de manière totalement opaque. Malgré une décision en cours de la Cour de justice européenne ordonnant la publication de ces messages, Ursula von der Leyen n’a pas respecté cette obligation et attaque au contraire nous, les patriotes, qui exigeons une transparence totale », a expliqué Hauser.

« Cette commission d’enquête ne verra pas le jour. On pourrait croire que, une fois le quorum de 25 % des voix des élus européens atteint, la commission serait mise en place – loin de là ! Le Parlement européen a suivi l’article 215 de son règlement intérieur. Il y est stipulé : « Le Parlement décide, sur proposition de la Conférence des présidents, de la création de la commission. » Et qu’ont décidé les partis du système – les seuls représentés dans la Conférence des présidents ? La proposition de mettre à l’ordre du jour la création d’une commission d’enquête a été rejetée. Ainsi, l’affaire est close. L’enquête a été empêchée. Voilà ce qu’il en est de la transparence et de la démocratie à Bruxelles », a souligné le député libéral. « Notre mission est de veiller à ce que la démocratie et la transparence s’installent enfin dans l’Union européenne », a conclu Hauser.

La résolution du sénateur Houpert subira-t-elle le même sort que la proposition de Hauser ? Houpert devrait-il mettre en demeure le président du Sénat et le Premier ministre d’inscrire la résolution au vote, pour respecter les droits des Français et la souveraineté populaire ? 

 

Le courage de Pellizzari : une plainte déclarée irrecevable, une pétition ignorée par les mainstream et une sanction

Symbole de cette résistance, le général Paul Pellizzari, spécialiste de l’armement, a été radié des cadres pour avoir osé demander des comptes. Le 2 avril 2024, il porte plainte devant la Cour de justice de la République contre Attal, Lecornu et Séjourné pour violation de l’article 411-3 du Code pénal : livraisons d’équipements (3,08 Md€) affaiblissant la défense française, sans aval constitutionnel.

Rejetée pour « irrecevabilité » (absence de préjudice direct), elle est suivie d’une mise en demeure au procureur Rémy Heitz et d’une pétition « Stop à la livraison d’armes illégales à l’Ukraine », qui culmine à 11 000 signatures.

Stop à la livraison illégale d'armes à l'ukraine

Soutenue par le sénateur Alain Houpert, elle alerte sur les risques de cobelligérance et l’accord franco-ukrainien de février 2024 (3 Md€ sur 10 ans). Ces actes, courageux, sont black-outés par les médias mainstream. Seul France-Soir les relaye, forçant même l’AFP à corriger une dépêche erronée après mise en demeure (9 mai 2025), qui liait à tort Pellizzari à une tribune de 2021 et trompait les lecteurs sur les raisons de sa radiation. Paul Pellizzari a saisi le Conseil d’état.

Cette inaction judiciaire et médiatique « met-elle en danger l’intérêt supérieur de la nation ? », s’interroge France-Soir, face à la suspension US des livraisons à Kiev (juillet 2025).

 
Un déclin industriel et une démocratie en péril masqué par une illusion sécuritaire ?

Au-delà des chiffres ronflants du Rapport 2025, une ombre plane sur l’avenir de la France : l’absence totale d’informations officielles sur le recomplètement des stocks militaires nationaux, dont 40 % des dotations en artillerie des régiments ont été cédées à l’Ukraine – précisément le grief central de la plainte du général Paul Pellizzari contre les ministres concernés. Cette ponction, qui affaiblit les capacités opérationnelles françaises, n’est pas un épiphénomène : elle s’inscrit dans un déclin industriel structurel qui mine le pays depuis des décenniesv. Entre 1980 et 2021, l’industrie a hémorragé 2,5 millions d’emplois, tandis que la production manufacturière stagne à 6 % en dessous de son niveau pré-crise sanitaire en décembre 2024, avec une chute surprise de 0,6 % dès janvier 2025 et un ralentissement marqué prévu pour septembrev.

Aujourd’hui, le secteur industriel ne représente plus que 3 millions d’emplois directs et 270 milliards d’euros de valeur ajoutéev, un poids famélique face à la concurrence délocalisée en Asie ou aux voisins européens plus résilients.

Industrie

Dans ce paysage désolé, l’industrie de défense émerge comme une oasis dynamique, avec ses exportations records et ses commandes florissantes. Mais elle reste une exception précaire : le reste de l’appareil productif a été en grande partie éviscéré par des décennies de sous-investissements et de délocalisations effrénées. L’automobile, fleuron national jadis, illustre tragiquement cette déroute, minée par les rigueurs des politiques européennes sur les normes environnementales et les transitions électriques mal accompagnées. Ainsi, le géant Stellantis annonce l’arrêt temporaire de ses usines phares de Mulhouse et Sochaux – touchant des milliers de salariés – pour plusieurs jours dès fin octobre 2025, tandis que cinq sites européens supplémentaires risquent la mise en chômage technique.

Le paradoxe est cruel : ces investissements massifs en défense, dopés par une « économie de guerre » qui glorifie les canons au détriment des services publics, s’avèrent fondamentalement improductifs. Ils ne créent ni emplois durables ni croissance inclusive, mais alimentent au contraire un cycle vicieux où la multiplication des conflits – Russie, Moyen-Orient – justifie leur expansion, au mépris des Objectifs de développement durable de l’ONU. Et tout cela dans une opacité institutionnelle qui bafoue allègrement les obligations constitutionnelles, des livraisons ukrainiennes sans ratification parlementaire aux détails des contrats export voilés sous le sceau de la « sécurité ».

Pire, l’exécutif, éreinté par une valse de quatre Premiers ministres en un an, s’emballe en roue libre, réduit à la seule figure d’un président omnipotent. Nous glissons ainsi vers une application de facto de l’article 16 de la Constitution, non pas de droit, mais par la force des circonstances, conférant au chef de l’État des pouvoirs illimités pour une durée indéfinie, sans aucun garde-fou parlementaire ni judiciaire. Les médias subventionnés, à grands renforts publics, complices par omission ou par alignement, achèvent de clore le cercle vicieux, étouffant les voix dissidentes comme celles de Houpert ou Pellizzari.

Face à cette dérive, la France court un risque majeur : sacrifier sa souveraineté industrielle et démocratique sur l’autel d’une illusion belliqueuse au service d’une escalade guerrière et au mépris de la transparence. Dans un monde où 2 700 milliards financent la mort contre des « miettes » pour la vie, la France doit-elle prioriser la paix ou les canons ?

Un sursaut est impératif – débat parlementaire, enquêtes indépendantes, rééquilibrage des priorités et une presse libre – avant que la « paix par la force » ne devienne synonyme de ruine collective et que la souveraineté ne soit plus qu’un mot. La balle est dans le camp des citoyens et des élus : sauront-ils la saisir ?





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