Des millions d’auditeurs se sont accoutumés à entendre France Inter soutenir les projets politiques de M. Raphaël Glucksmann sans que cette mélopée provoque le moindre esclandre. Le 24 juin dernier, Patrick Cohen consacrait ainsi sa chronique matinale à promouvoir son protégé, incarnation d’une « gauche sociale-démocrate, proeuropéenne, écologiste, anti-Trump, anti-Mélenchon ». Mais il a suffi que l’éditorialiste Thomas Legrand (France Inter, Libération), flanqué de Cohen (France Inter, France 5), réitère ce credo devant deux dignitaires socialistes dans une vidéo captée subrepticement sur une table de restaurant et mise en ligne sur un site d’extrême droite pour que les médias s’emballent : la révélation d’un « complot » scandalise, là où le scandale quotidien indiffère.
Dans cet enregistrement, Legrand expose une stratégie destinée à favoriser une candidature « sans Mélenchon et sans Attal » susceptible de rallier ses interlocuteurs. Au premier tour, élargir le « champ de centre gauche, de Ruffin à Canfin », afin que M. Glucksmann « se retrouve au milieu ». Au second tour, face à l’extrême droite, M. Glucksmann rassemblerait d’autant plus aisément les hésitants que, poursuit Legrand, « le marais centre droit, centre gauche, on ne les entend pas beaucoup, mais ils écoutent France Inter en masse ».
Soudain, la droite s’indigne. Non pas de la connivence des élites politico-médiatiques ou de la disposition des éditorialistes à imposer leurs candidats, mais des biais « progressistes » et bourgeois du service public de l’information. Une découverte fantastique qui rappelle la scène du film Casablanca (1942) où un commissaire de police entre dans un tripot et s’exclame : « Je suis choqué, vraiment choqué, de découvrir qu’on joue de l’argent ici » — avant d’empocher ses gains.
Tous « Macron-compatibles »
Car sur France Inter le jeu « vraiment choquant » dure depuis au moins trente ans. Les trois principaux chroniqueurs actuels de la matinale (…)
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