Le Portugal durcit la loi sur l’immigration avec le soutien de l’opposition, menée par Chega


Le Portugal durcit à son tour sa politique migratoire. Environ deux mois après le rejet par la Cour constitutionnelle de la première version du projet, les députés portugais ont approuvé avant-hier, mardi, une loi régissant l’accueil et l’expulsion des étrangers. Le texte a obtenu le vote de la coalition au pouvoir, dont le Parti social-démocrate (PSD) ainsi que celui de partis de l’opposition comme Chega.

Fragilisé par des soupçons de conflits d’intérêts lié à une société co-détenue avec son épouse, le Premier ministre portugais, Luis Montenegro, élu Premier ministre en mars 2024 après la victoire de son parti, le Parti social-démocrate (PPD/PSD) sans obtenir de majorité absolue, était la cible du leader du parti Chega, André Ventura, qui envisageait une motion de censure contre le gouvernement. 

La Cour constitutionnelle rejette une première version

Après avoir présenté sa démission au président Marcelo Rebelo de Sousa, ce dernier a décidé de convoquer de nouvelles élections législatives anticipées. Louis Montenegro, qui s’est de nouveau porté candidat, tentait de calmer les tensions en annonçant, début mai, l’expulsion d’environ 18 000 étrangers en situation irrégulière, s’appropriant alors un sujet phare des partis de droite. 

Les législatives anticipées du 18 mai 2025 au Portugal ont été remportées par l’Alliance démocratique (AD), une coalition de centre-droit réunissant le PSD et le Parti populaire (CDS-PP), sous la direction de Luís Montenegro, reconduit Premier ministre. Faute de majorité absolue (91 sièges sur 230), le gouvernement reste minoritaire et doit gouverner en s’appuyant sur des arrangements ponctuels, dans un Parlement où Chega devient la principale force d’opposition, devant le Parti socialiste.

Parmi ces arrangements figure le projet de loi durcissant l’immigration au Portugal. La loi initiale sur l’immigration, approuvée l’été dernier par le Conseil des ministres, prévoyait un renforcement sévère des conditions d’accès au séjour et à la citoyenneté portugaise. Le texte doublait la durée de résidence nécessaire pour demander la nationalité, passant de 5 à 10 ans, imposait des tests obligatoires de langue et de culture portugaises, et mettait fin à la citoyenneté automatique pour les enfants nés au Portugal, sauf exceptions strictes. Le regroupement familial devait être limité par un délai minimal de deux ans de résidence pour le résident parrain, sans possibilités d’exception, et une nouvelle unité policière serait créée spécifiquement pour lutter contre l’immigration illégale et organiser les expulsions. 

Ces dispositions, jugées trop restrictives et rigides, ont suscité de fortes réticences, notamment du président Marcelo Rebelo de Sousa, qui a utilisé son droit de veto, et la Cour constitutionnelle a partiellement invalidé la loi en août en raison de violations aux droits fondamentaux, notamment en matière familiale.

Face à ce rejet, le gouvernement a présenté en septembre 2025 une version révisée de la loi, qui assouplit plusieurs mesures fortes du texte initial. Le délai minimal pour le regroupement familial reste fixé à deux ans, mais avec davantage d’exceptions, notamment pour les couples mariés et les enfants mineurs, ce qui adoucit les contraintes pour les familles. Le texte maintient la création de l’unité policière anti-immigration et conserve les restrictions concernant les visas de travail réservés aux travailleurs hautement qualifiés.

Le gouvernement et l’opposition tombent d’accord

Les compromis, approuvés par Luís Montenegro, ont permis aux députés portugais d’approuver la nouvelle version, mardi. Le texte a reçu le soutien du Parti social-démocrate, de Chega, de l’Iniciativa Liberal, du CDS-Parti populaire) et d’Ensemble pour le peuple. Les forces de gauche, à savoir le Parti socialiste (PS), Livre, le Parti communiste (PCP), le Bloc de gauche et le parti animaliste PAN, se sont opposés à la proposition. Tous les amendements du PS ont d’ailleurs été rejetés.

Le résultat du vote a été annoncé après trois jours de négociations entre PSD et Chega. Lors du débat, le ministre de la présidence, António Leitão Amaro, a salué la « position constructive » adoptée par les « trois plus grands partis d’opposition », c’est-à-dire Chega, PS et Iniciativa Liberal, malgré leurs « divergences ».

Le parti Chega a tempéré le ton, jugeant la version du texte « suffisante ». « Nous saluons le gouvernement pour avoir réussi à renforcer certaines des règles initialement prévues et pour avoir reconnu qu’il existe des abus dans l’octroi des aides sociales qui doivent être combattus », a déclaré Cristina Rodrigues, représentante du parti.

Pour sa part, le socialiste Pedro Delgado Alves a appelé l’exécutif dirigé par Luís Montenegro à « éviter les tentations populistes » et à suivre une « voie constructive à la recherche de solutions ».

Le président Marcelo Rebelo de Sousa avait déjà exprimé son intention de promulguer la nouvelle version de la loi tant qu’elle respectait les dispositions de la Constitution.





Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *