Chaque heure, l’équivalent de 24 terrains de football de terres naturelles disparaissent sous le béton en Europe. C’est ce que souligne une enquête menée par Le Monde, qui s’intéresse à la construction massive de logements aussi bien qu’à l’expansion des entrepôts logistiques. Le rapport met en lumière la lente extinction des écosystèmes sous l’avalanche d’un urbanisme vorace.
En Europe, chaque année, 1 500 km² de terres naturelles sont engloutis par des projets immobiliers ou industriels. En France, 41 % de cette « consommation d’espace » est attribuée à la construction de logements. Les petites constructions de type pavillonnaire, souvent perçues comme anodines, représentent 51 % des sols bétonnés, alors qu’elles ne composent que 19 % du marché immobilier.
Comme le rapporte Reporterre, qui relaie l’étude, les entrepôts logistiques, géants de la distribution comme Amazon, Mondial Relay ou Lidl, ne sont pas en reste dans cette course au béton. Ils occupent 22 % des surfaces artificialisées. D’une part, ces structures échappent à des réglementations environnementales pourtant imposées par la loi Climat de 2021, et d’autre part, elles empiètent sur des terres agricoles, agrandissant les zones de stockage au détriment de l’agriculture durable. Comme l’explique le Centre d’études et d’expertise sur les risques et l’environnement (Cerema), ces entrepôts représentent une perte irremplaçable de terres agricoles et d’espaces naturels.
Enfin, l’agriculture elle-même participe à ce processus destructeur, bien que de manière plus marginale, avec 13 % de l’artificialisation. Hangars agricoles, bassines, méthaniseurs… Ces infrastructures font disparaître des terres agricoles tout en modifiant de manière irréversible le cycle hydrique et la biodiversité des sols. Il ne s’agit pas simplement de construire, mais de transformer la terre en espace de stockage, d’échange, et parfois, de consommation. Jusqu’où ira-t-on ?