Mascarade moliéresque et crise de régime: Michel Fize étrille l’exécutif et plaide pour une Sixième République


Dans une interview au long cours, le sociologue et politologue Michel Fize, auteur d’Emmanuel Macron, un président a-normal, livre un diagnostic au vitriol sur la séquence politique ouverte par la démission de Sébastien Lecornu, contraint de renoncer 27 jours après sa nomination faute de majorité. « On est dans des mascarades, des farces dignes des plus belles comédies de Molière. On finit par ne plus croire à ce que l’on voit », lâche-t-il d’emblée.

Au cœur de ses critiques, la décision d’avoir voulu reconduire Bruno Le Maire. « Avoir eu l’idée de réinstaller Bruno Le Maire, co-responsable de milliard de dettes supplémentaires, il fallait le faire”, attaque Fize, qui rappelle « 3 400 milliards de dettes » et, selon lui, « 67 000 fermetures d’entreprises chaque année » — des chiffres qu’il attribue à l’échec de la politique économique. Pour Fize, Emmanuel Macron lit « l’événement complètement différemment », jusqu’à « s’entêter » au point de « faire semblant que ça ne va pas mal ».

 

Le politologue dissèque ce qu’il appelle le « logiciel psychologique » macronien, bien plus que politique : « La mégalotimia — l’entêtement à ne jamais se reconnaître fautif — structure sa vision. La raison d’État et l’intérêt général lui sont étrangers. » D’où, selon lui, l’illusion d’un compromis introuvable : « Le compromis n’est pas dans notre culture, et surtout les partis défendent des programmes intégraux, non ‘séquençables’. On ne peut pas prendre un bout de RN, un bout de LFI, un bout du PS. »

Sur les issues, Fize juge la démission « peu probable » et la dissolution « à laquelle il s’est toujours opposé » seulement envisageable « contraint et forcé ». Il garde en réserve l’article 16, « option constitutionnelle » qui supposerait « un désordre dans la rue » pour être légitimée. Quant à un empêchement via le Conseil constitutionnel, il le juge « aussi compliqué » qu’une destitution.

Au plan international, le constat est sévère : « On est probablement la risée du monde entier.” À ses yeux, la France vit “une crise de régime” nourrie par un tripartisme durable et la “course à la gamelle” qui nourrit le “ras-le-bol général du système représentatif ». Les sondages cités pendant l’entretien — défiance majoritaire envers Lecornu, absence de figure jugée porteuse d’avenir, et le duo « aucun parti/aucune personnalité » en tête — « corroborent » ce tableau de blocage.

Pourtant, Fize revendique « un optimisme rigoureux »: « La Sixième République n’est pas un malheur, c’est une chance. » Il plaide pour « une démocratie citoyenne » et « la reconstitution d’un système politique digne de ses noms : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Avant de conclure par un avertissement net : « Blocage, verrouillage… Tout est bloqué si l’on refuse de voir que nous sommes au bout d’un chemin. »

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