Jeudi 9 octobre, la perspective d’une pause dans la réforme des retraites a resurgi comme issue politique pour désamorcer la crise institutionnelle française. Soutenue à demi-mot par Élisabeth Borne, cette suspension viserait à « geler l’âge légal de départ à la retraite » sans pour autant modifier la durée de cotisation exigée. Une mesure à effet d’annonce, qui pourrait surtout brouiller les cartes pour les futurs retraités.
Oui, c’est bien l’ex-Première ministre, qui avait imposé elle-même la réforme via 49.3, qui plaide aujourd’hui pour sa mise en veille. Une volte-face aux airs de calcul politique. « Cela ne veut pas dire qu’on est en train de tout remettre en cause », temporise Borne. Dans les faits, le gel de l’âge légal — actuellement fixé à 62 ans et 9 mois — sans ajustement des 43 années de cotisation exigées reviendrait à ouvrir la porte à des départs plus précoces, mais moins rémunérés. Partir tôt, oui mais à quel prix ?
La CFDT, par la voix de Marylise Léon, appelle à un système par points où chacun pourrait « avoir la main sur l’âge auquel il veut partir ». Une idée séduisante, mais absente des arbitrages actuels. De son côté, Dominique Corona (Unsa) alerte auprès de BFM : « Ce n’est pas possible et acceptable de ne toucher qu’à l’âge de départ sans modifier le nombre d’années de cotisation ». Même prudence chez Cyril Chabanier (CFTC), qui admet que le gel est « une belle avancée », tout en reconnaissant qu’il ne changera rien au fait que beaucoup devront travailler plus pour éviter la décote.
Par ailleurs, il y a d’autres questions qui fâchent dans la réforme, et qu’on ne mentionne pas. Médiapart soulevait mercredi 8 octobre l’existence de l’article 3, qui « prévoit d’accorder aux élus locaux des trimestres de retraite supplémentaires pour chaque mandat, sans cotisation. » Un avantage qui ne passe pas :
Pendant ce temps : provocation absolue de la Caste ! Incroyable ! ⤵️
« Les parlementaires finalisent une réforme des retraites plus avantageuse pour les élus ! »
« Il s’agit d’une loi sur le statut des élus. L’article 3, déjà adopté dans les deux chambres, prévoit d’accorder… pic.twitter.com/9kakz9tnfb
— Florian Philippot (@f_philippot) October 8, 2025
L’exécutif semble jongler avec les symboles, sans affronter le cœur du problème. Suspendre une réforme ne signifie pas nécessairement alléger ses effets.